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Critique de Arthur409


Je découvre avec ce livre la romancière britannique Virginia Woolf. J'ai téléchargé ce livre un peu par hasard, peut-être à cause du titre du film « Qui a peur de Virginia Woolf » (que je n'ai pas vu…).
Et le résultat est une très belle surprise.
Ce livre semble écrit d'une seule traite, sans structure visible, puisqu'il n'y a pas de chapitre. Il se lit comme on vit une journée, et d'ailleurs son sujet est une journée vécue à Londres par différents personnages. Ces gens vont à leurs affaires, certaines futiles, d'autres au contraire très graves, et avec un art extraordinaire la romancière nous transforme en un observateur qui entre tour à tour dans l'esprit de chacun pour connaître son histoire et ses pensées.
Il y a là Mrs. Clarissa Dalloway, femme du monde tout occupée à préparer une réception mondaine ; Peter Walsh, un ancien soupirant de retour des Indes où il a fait carrière ; Hugh Whitbread, un spécialiste des potins mondains qui se donne des airs d'importance par sa proximité de la Cour royale ; quelques amis et amies de jeunesse de Clarissa, son mari Richard ; et aussi le malheureux Septimus Warren Smith, une jeune homme qui a survécu à la guerre de 1914 mais avec de terribles séquelles psychologiques qui l'amènent à se suicider au cours de cette même journée (est-ce une prémonition du propre suicide de Virginia Woolf ?)
Au fil des pages, le lecteur passe d'un personnage à l'autre d'une manière quelquefois inattendue : par exemple si deux d'entre eux se croisent dans la rue, sans se connaître, le passage de l'un à l'autre se fait sans transition, presque par surprise.
Cette déambulation parmi différents lieux de Londres et différents esprits permet à l'auteure de dépeindre certains milieux de la société anglaise de l'entre-deux guerres, et cette description est souvent faite d'une plume acérée, parfois trempée dans le vinaigre. On y ressent le poids des conventions de la haute bourgeoisie, le souci de se conformer aux types bien définis du gentleman britannique et de son épouse.
Mrs. Dalloway et ses amies sont très occupées à préparer leur soirée, à courir les magasins, et tout-à- coup, justement au cours de la réception, le récit du suicide de Smith frappe de stupeur Clarissa, qui pourtant ne connaissait pas le jeune homme. L'idée de la mort, au milieu de « sa » soirée, la pétrifie… Puis elle rejoint la fête en essayant d'oublier que la mort existe, qu'elle est présente au milieu du monde, et la vie reprend son cours superficiel.
Virginia Woolf montre dans cet ouvrage un style extraordinaire, parfois poétique, et un don particulier pour la formule qui amène souvent le lecteur à relire des passages pour mieux les savourer.
Un grand moment de plaisir donc, que j'invite tous les Babeliotes à goûter !
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