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Critique de keisha


Mrs Dalloway said she would buy the flowers herself.


La première fois, je ne suis guère allée plus loin, laissant Clarissa Dalloway se débrouiller toute seule avec ses fleurs pour la réception prévue ce soir du 13 juin 1923. Car Clarissa se met à penser à l'époque de ses dix-huit ans, quand Peter Walsh l'avait demandée en mariage... Abandon. (la LCA est parfois lâche)

Ensuite j'ai lu Promenade au phare, histoire de contourner l'obstacle et d'apprivoiser le style woolfien (la LCA est tenace). Bilan : le choc!
Je me suis donc lancée, comme ça, sans précautions, dans la lecture de Mrs Dalloway, et en VO tant qu'à faire (la LCA est inconsciente)

Résultat : conquise!!!

Unité de lieu, le centre de Londres, unité de temps, cette fameuse journée de juin, ponctuée par les coups de Big Ben et autres horloges.

It was precisely twelwe o'clock; twelwe by Big Ben; whose stroke was wafted over the northern part of London; blent with that of other clocks, mixed in a thin ethereal way with the clouds and wisps of smoke and died up there among the seagulls -twelwe o'clock struck as Clarissa Dalloway laid her green dress on her bed, and the Warren Smiths walked down Harley Street. Twelwe was the hour of their appointment. Probably, Rezia thought, that was Sir William Bradshaw's house with the grey motor car in front of it. (The leaden circles dissolved in the air.)
Il était midi pile; midi à Big Ben;dont les coups dérivaient vers le nord de Londres; se mêlaient à ceux d'autres horloges, se mélangeaient dans un léger éther aux nuages et aux minces volutes de fumée puis mouraient là-haut parmi les mouettes- midi sonnait au moment où Clarissa Dalloway posa sa robe verte sur son lit, et où les Warren Smith descendirent Harley Street. Ils avaient rendez-vous à midi. Sans doute, pensa Rezia, était-ce la maison de Sir William Bradshaw, avec la voiture grise devant. (Les cercles de plomb se dissolvaient dans l'air.)
(traduction de Pascale Michon, édition pochotèque)

Contrairement à ce que je croyais, le monologue intérieur de Mrs Dalloway n'est pas le seul que suit le lecteur; la façon aisée et naturelle avec laquelle Virginia Woolf nous fait passer d'un personnage à l'autre est une grande réussite. le style est d'une simplicité trompeuse, les répétitions sont volontaires, la ponctuation est originalement utilisée.

Bonne surprise aussi, les personnages sont réellement vivants. Connus souvent d'abord par l'opinion qu'en donne un autre, une plongée dans leurs pensées nous révèle autrement et plus complètement leur complexité. Durant une journée entière ils se rencontrent ou se croisent seulement.

Non, je n'ai pas envie de raconter l'histoire. Je parlerai seulement d'un des plus beaux moments du roman, quand Septimus Warren Smith, qui souffe sans doute de "shell-shock" consécutif à la première guerre mondiale mais aussi de dépression, connaît un moment de répit dans sa douleur et rit avec sa femme, Rezia.
Virginia Woolf décrit sans aménité les deux médecins qui soignent Septimus; elle même avait déjà tenté de se suicider en 1904 bien avant d'écrire ce roman et comme Septimus s'imaginait entendre des oiseaux chanter en grec.

Conclusion : un roman à lire absolument (si possible en VO, cela vaut la peine). Je n'ai sans doute pas bien su en parler (mais des tas d'autres l'ont étudié avant moi) mais je me suis retrouvée plongée dans une oeuvre extraordinaire toute en finesse, subtilité et "sensations".
Lien : http://en-lisant-en-voyagean..
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