Un lieu à soi est la nouvelle traduction d'
Une Chambre à soi par
Marie Darrieussecq, qui a aussi rédigé une nouvelle préface. La notice et les notes sont de
Christine Reynier, qui selon l'éditeur est : « l'une des meilleures spécialistes françaises de Woolf. » Son annotation permet d'élucider les nombreuses références de Woolf et retrace bien les différentes interprétations dont ce texte (fondé sur un ensemble de conférences sur les femmes et la littérature) a fait l'objet.
Dans cette remarquable analyse féministe
Virginia Woolf établit avec ironie les causes du silence littéraire des femmes pendant de nombreuses décennies. Pour
elle si les hommes sous-estiment et cantonnent les femmes dans des tâches subalternes c'est pour éviter de remettre en cause leur confiance en eux. Et comme les femmes qui n'ont pas accès aux études et ne sont pas autorisées à travailler sont dépendantes financièrement et intellectuellement,
elles sont dans l'impossibilité de penser aux choses en
elles-mêmes, donc d'écrire.
Heureusement au XIXe siècle des femmes ont bravé les interdits. Emily et
Charlotte Brontë,
George Eliot et surtout
Jane Austen ont écrit, même si
elles l'ont fait en cachette, sans chambre à
elles pour s'isoler.
Elles sont c
elles qui ont permis aux femmes d'accéder à la création littéraire. Des femmes qui par la suite ont acquis pour la plupart une indépendance financière grâce à leurs écrits. Et si
Virginia Woolf montre parfaitement les contraintes au développement de l'oeuvre de ces auteurs dans une société patriarcale, elle précise aussi que " la littérature élisabéthaine aurait été très différente de ce qu'elle est si le féminisme avait pris naissance au XVIe siècle et non au XIXe."
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