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Citations sur L'invention de la nature (7)

A la fin de juin 1804, Humboldt quittait les Etats-Unis à bord de la frégate La Favorite, et en août, quelques semaines avant son trente-cinquième anniversaire, il arriva à Paris où il fut reçu triomphalement. Il rapportait de son expédition de plus de cinq années des malles remplies de dizaines de journaux de voyages, de centaines de croquis, de dizaines de milliers d’observations météorologiques, géologiques et astronomiques. Sur les quelques soixante mille spécimens de plantes de six mille espèces différentes qu’il avait récoltés, deux mille espèces étaient nouvelles pour les botanistes, des chiffes sidérants si l’on considère qu’à la fin du XVIIIe siècle, on ne connaissait encore que six mille espèces environ. Humboldt se vantait d’en avoir trouvé plus que personne d’autre avant lui.
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C’était une révolution dans les sciences. En septembre 1828, il invita des centaines de scientifiques d’un peu partout en Allemagne et en Europe à un congrès à Berlin. Contrairement à l’organisation habituelle, qui voulait que les savants présentent interminablement les uns à la suite des autres des interventions consacrées à leurs propres travaux, Humboldt conçut un programme tout à fait différent. Son but n’était pas d’entendre des discours : il voulait faire discuter les scientifiques entre eux. Il y eut des repas et des sorties : concerts excursions à la ménagerie royale de l’île aux Paons à Potsdam. Les débats étaient organisés sur les lieux des collections de botanique, de zoologie, et de géologie, dans les jardins botaniques et à l’université. Humboldt s’arrangea pour que les scientifiques se retrouvent par petits groupes interdisciplinaires. Il permit ainsi à des liens plus personnels de s’établir, à des amitiés de se créer pour favoriser des collaborations plus étroites, souder une communauté fraternelle qui échangerait les idées et partagerait les connaissances. « sans diversité d’opinions, la découverte de la vérité est impossible » leur rappela-t-il lors de son discours d’ouverture.
Environ cinq cents scientifiques participèrent à ce que Humboldt nomma « l’irruption des naturalistes nomades » dans une lettre à son ami Arago. Il en vint de Cambridge, de Zürich, de Florence ce même de Russie.
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La célébrité de Humboldt resta immense pendant des dizaines d’années. Le 14 septembre 1869, des dizaines de milliers de personnes célébrèrent le centenaire de sa naissance dans le monde entier – à New-York et Berlin, Mexico et Adélaïde, parmi tant d’autres. Plus de vingt ans après la mort de Humboldt, Darwin l’appelait encore « le plus grand voyageur scientifique ayant jamais vécu » Darwin s’inspira tout sa vie des livres de Humboldt. En 1881, âgé de soixante-douze ans, il relut une fois de plus le troisième volume de la Relation historique du Voyage aux régions équinoxiales.
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Le concept de la dérive des continents ne devait être confirmé qu’au milieu du XXe siècle, mais Humboldt avait déjà avancé en 1807 dans son Essai sur la géographie des plantes que les continents africains et sud-américains avaient été autrefois reliés. Plus tard, il écrivit que la raison de ces déplacements de la croute terrestre était « une force souterraine »
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Le même jour, alors que les Britanniques ouvraient leur journal et apprenaient la mort de Humboldt, des centaines de personnes à New-York faisaient la queue pour voir un extraordinaire tableau qu’il avait inspiré : Le Cœur des Andres, du jeune peintre américain Frédéric Edwin Church. Cette œuvre avait un tel succès qu’une file d’attente de plusieurs heures s’étirait dans la rue. Le public était prêt à tous les sacrifices pour voir, au prix de vingt-cinq cents l’entrée, un grand tableau d’un mètre cinquante de haut par trois mètres de large représentant les Andes dans toute leur splendeur. Au centre, une rivière tombait en cascade, si réaliste que le spectateur sentait presque la fraîcheur de la brume d’eau qui s’en élevait. Les arbres, les feuilles et les fleurs étaient représentés avec un tel luxe de détails que les botanistes pouvaient les identifier. Dans le fond, une montagne au sommet enneigé se dressait majestueusement. Church avait relevé le défi lancé par Humboldt, et était parvenu à unir l’art et la science. Il admirait Humboldt au point qu’il avait suivi ses traces dans toute l’Amérique du Sud à pied et à dos de mulet.
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Son discours à l’Académie impériale des sciences de Saint-Pétersbourg suscita un grand mouvement de collaboration scientifique internationale. Humboldt s’intéressait depuis de longues années au géomagnétisme - tout comme il s’intéressait au climat - car c’était une force universelle. Dans sa volonté de mieux comprendre ce qu’il nommait « la marche mystérieuse de l’aiguille aimantée », Humboldt proposa la mise en place d’une chaîne de stations d’observation à travers l’empire russe. ……
En quelques années ce fut fait : un réseau de stations de mesures géomagnétiques maille le globe, à Saint-Pétersbourg, à Pékin, en Alaska, au Canada, en Jamaïque, en Australie et Nouvelle-Zélande, au Sri Lanka et même sur la lointaine ile de Sainte-Hélène.
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Plus que jamais, il nous faut comprendre la relation - ce "lien intime", comme disait Humboldt - entre la connaissance, l'art et la poésie, et entre la science et les émotions. Humboldt s'émerveillait devant la nature, et c'est ce même émerveillement qui nous aidera peut-être aujourd'hui à nous rendre compte que l'on ne peut protéger que ce que l'on aime.
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