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Critique de Patsales


Liborio rêve de devenir un gabacho, un homme du Nord, un gringo, quoi, lui l'Indien, le Mexicain, le dos mouillé. Sans-logis, sans-papiers, ver de terre amoureux d'une étoile, avec les sens concaténassés et des guilis dans les tripes, en chômage technique depuis que la librairie hispanique où il se faisait exploiter par un Boss en mode algorithmique a été dévalisée, Liborio a pourtant des atouts non négligeables: un pied capable de se transformer en bazooka, au point que vos couilles vous remontent dans le cerveau, et une droite qui vous fait dégringoler sans pouvoir vous rattraper à quoi que ce soit, ne serait-ce qu'à l'air.
Liborio traverse le désert avec une hâte épineuse, une couronne de bleus sur la tronche. Il tombe nu, comme une tortue sans carapace, les bras en croix. Pour échapper aux balles il s'enterre avant de retrouver l'air libre, tel un ressuscité de la tombe. Une gisquette (Marie-Madeleine?) lui lave les pieds. Quand il met pour la première fois des Nike, il a l'impression de ne plus marcher sur la terre mais de flotter dans l'espace densifié. Il a une conscience triumvirat (le Père, le Fils, le Saint-Esprit?). Bref, Liborio est un Jesus de notre temps, mais qui file des torgnoles au lieu de tendre l'autre joue. Du coup, les paralytiques ne marchent pas mais elles deviennent avocates (et c'est bien aussi) grâce aux aides miraculeuses apportées par les victoires express du nouveau champion (Qui s’exprime moins sur le mode du « Lève-toi et marche », que sur celui de « Couche-toi et tourne de l'oeil »).
Quand les victimes deviennent des super-héros, c'est jouissif. Quand un roman est capable d'énumérer les églises presbytériennes, évangélistes, baptistes, chrétiennes, mahométanes, bouddhistes, zoroastriennes, scientologiques, androgynes, bluesesques, , jazzesques, soulesques, arabesques, thermopylo-jupitériennes, mythologiques, catholiques, orthodoxes, hétérodoxes, pédoxes, irrévérends, pasteurs, curés, prêtres, abbés, docteurs, philosophes, musiciens, barbituriques métaphorisants, oeilnoir, oeilblanc, oeilaveugle, oeil-de-boeuf, athées, mécréants, chanteurs adrénalinophiles, récitants et comédiens rois de l'arnaque et de la magouille, c'est jubilatoire. Et quand on apprend que l'auteur de cette prose ébouriffante vient juste d'avoir 20 ans, on se dit qu'on n'a pas fini d'en prendre plein la tronche. Alleluia ! Ou plutôt, comme le dit Liborio, Fuck!
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