AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Rickola


Nous reprenons dans la foulée des événements du premier tome, avec un Yatora bien décidé à passer le concours d'entrée à l'université Geidai, la seule abordable financièrement pour lui. Plusieurs barrières se dressent cependant, notamment le fait de devoir convaincre ses parents d'accepter son choix d'orientation vers une discipline pleine d'incertitudes pour ce qui est de l'avenir professionnel.

Mais en plus de ceci, Yatora doit continuer à suivre des cours et s'améliorer, lui qui n'est qu'un débutant dans le domaine. Ainsi, le coeur du volume concerne très clairement l'évolution de son rapport à l'art, et les choses à faire pour s'améliorer vite. L'occasion de proposer de nombreux questionnements en lien avec ce domaine, qui semblent tout à fait transposables aux autres moyens d'expression par ailleurs.

Ainsi, que ce soit avec ses enseignantes ou ses camarades, Yatora confronte sa vision des choses à la leur, permettant d'aborder la distinction entre travailleur consciencieux qui ne sait que respecter des règles et des techniques strictes, et les artistes qui arrivent à retranscrire une « vision » dans leurs oeuvres.

De même, la question du rapport aux oeuvres est évoqué, notamment vis-à-vis de celles qui font autorité. Yatora dit par exemple ne pas aimer Picasso, et qu'il pourrait faire comme lui (une critique qui est souvent adressée à certaines oeuvres jugées « simplistes » d'un point de vue technique et esthétique). Cela donne lieu à une conversation avec un camarade qui considère qu'on peut tout à fait ne pas apprécier d'oeuvres importantes, mettant en avant la subjectivité totale de nos rapports à tout ceci et l'importance des connaissances techniques dans l'appréciation, mais aussi des critères plus compliqués à appréhender, comme le fait qu'une oeuvre fasse sens pour nous, que des éléments périphériques leur donnent du sens, etc.

J'ai trouvé cette idée très intéressante, d'autant plus qu'elle permet d'aborder les oeuvres du point de vue extérieur et pas uniquement de celui des artistes. Ceci permet d'aller vers la question du jugement de goût dans le domaine artistique (encore une fois, au sens large, on peut y intégrer tous les moyens d'expression), qui est vraiment passionnante.

De la même façon, on reste encore dans une optique didactique qu'on trouvait déjà dans le premier volume, puisque Yatora continue à apprendre les bases, notamment en ce qui concerne la composition et les techniques graphiques. Et sur ce point, je trouve que la mangaka a su parfaitement décrire la tension qui se joue entre des règles carrées que les artistes apprennent, et la façon de les exploiter, de tordre la technique, pour adapter tout ceci à leurs ambitions et leur style. Ce faisant, Yatora semble prendre conscience que s'il existe tout un éventail de techniques à apprendre, elles sont surtout là pour libérer le champ des possibles afin que les artistes puissent exprimer une palette infinie de choses.

Et au milieu de tous ces éléments très techniques, Tsubasa Yamaguchi n'oublie pas de développer ses personnages comme il se doit. Je pense évidemment à Yatora, qui est toujours aussi intéressant et crédible dans ses questionnements sur son rapport à l'art et sa volonté d'y arriver. Il dégage une vraie force émotionnelle qui me touche tout particulièrement.

Mais il y a aussi le personnage de Yuka qui continue de se démarquer. Il est un camarade de Yatora de sexe masculin mais se travestissant, et cherchant à sortir avec d'autres garçons. Par son biais, la question de ce qu'est la normalité se pose, et on sent que la mangaka commence déjà à la mettre en perspective par rapport au fait de trouver son identité artistique. de ce fait, je ne doute pas que les deux thématiques vont se nourrir mutuellement, et que le personnage va connaitre des développements intéressants.
En résulte, vous l'aurez sans doute compris, un tome encore une fois très riche, ce qui ne l'empêche pas de rester totalement fluide. Ceci permet à la lecture d'être à la fois passionnante et vraiment agréable, confirmant tout le bien que je pense de la série depuis son premier volume. Avec son troisième tome prévu pour le 19 mai, il est évident qu'on n'a pas fini de parler de cette série qui risque fort de s'imposer parmi les plus passionnantes de cette année qui débute.

Lien : https://apprentiotaku.wordpr..
Commenter  J’apprécie          20



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}