dans un monde ensorcelé où les histoires mystérieuses scintillaient au rythme des feux follets
Il eut une vision d'une beauté hors du commun: l'enclume lisse reflétait un éclat bleu-noir et sur cette enclume aux reflets bleu-noir se trouvait un radis doré. La forme et la taille de ce radis le faisait ressembler à une poire juteuse de Laiyang. Il se terminait par une longue queue pourvue de quelques poils dorés comme ceux des moutons. Le radis était cristallin, luisant et délicatement ajouré. Sa peau transparente et dorée recouvrait un liquide argenté vivant. Sa forme était plaisante, gracieuse même et de sa cambrure fusait une lumière dorée.
Noiraud n'avait pas entendu un seul mot du discours de l'adjoint-chef Liu. Il était appuyé, les coudes sur le garde-fou, le marteau pied-de-biche entre les mains à écouter le cri des oiseaux et le chant des insectes d'automne au milieu du chanvre. La brume s'estompait, se heurtant dans sa retraite aux feuilles et aux tiges rouge foncé et vert pâle. Le bruissement était assourdissant. Le frottement des ailes des criquets faisait penser au bruit d'un train qui passe sous un pont métallique.
Noiraud ramassa une feuille d'abricotier rouge clair pour essuyer le nez de son frère, puis, splach ! colla la feuille plein de morve sur le mur comme s'il s'agissait d'un tract. Il fit un signe au petit et se glissa dans la maison. Au coin d'un mur, il trouva un marteau pied-de-biche et ressortit furtivement. Le petit garçon se précipita de nouveau sur lui en criant. Noiraud choisit alors une brindille et dessina un grand cercle autour de lui. Puis il se débarrassa de la brindille et s'en alla en toute hâte derrière le village.