Ce ne sont pas les piétons qui craignent les voitures, c'est le contraire.
Son réflexe avait été très vif, mais ses mouvements très gauches, un défaut typique des sportifs devenus gros.
C'était sa femme qui lui avait tapé sur la nuque. Wang San était un petit maigre du nord de Jiangsu, sa femme, grande et grosse, venait du Shandong. Ancienne joueuse de volley-ball, elle était, avant sa retraite, seulement grande, pas grosse, et puis elle avait enflé de façon terrible, surtout après la naissance de leur fils : chaque nuit, le vieux lit à ressorts à moitié cassé gémissait de douleur sous son poids. Comme c'était l'étudiant Wang San qui avait jadis poursuivi la volleyeuse de ses assiduités, avec acharnement, aujourd'hui encore le professeur d'université éprouvait pour la prof de gym du Centre sportif la crainte révérencielle que l'on voue à une tigresse. Chaque fois qu'il se tenait face à elle, il se sentait minable, rabougri, tel un singe: les jambes pliées, les bras pendants, comme s'il était plus difficile se se tenir sur deux jambes qu'à quatre pattes . Pour être juste, la chute de l'encrier n'était pas de sa faute, mais il tremblait de tout son corps, de dos courbé en forme d'hameçon, les yeux levés vers les seins de sa femme, gros comme des ballons de volley, et vers son visage écarlate, rond comme la lune. Il posa son regard sur le duvet au-dessus de ses lèvres, qui ressemblait fort à de la moustache , et demanda craintivement:
_Pourquoi tu m'as tapé?
Le timbre de sa voix est collant et lissé tout à la fois, les mots prononcés sont comme des boulettes de riz glutineux, tout cela donne la sensation d'une surabondance d'humidité.
L'expérience apprend à relativiser, avec l'accutumance les choses deviennent naturelles, quand on est envahit par les poux, on ne fais pas attention aux démangeaisons!
[...] avec un enfant, ce sera comme si tu le tenais par une corde et un anneau dans le nez, il ne pourra plus prendre la poudre d'escampette...
[...] le coeur des hommes est pareil à la lentille d'eau, à une herbe sans racine; après une longue séparation, l'affection se perd, le coeur devient indifférent [...]
Le sein des femmes, voilà le joujou des hommes, la nourriture des enfants, et quand les hommes ont assez joué avec, quand les enfants ont grandi, il est tout ratatiné, c'est comme une feur, il se dessèche, il se flétrit, plus personne ne le regarde, n'en veut encore.
La vieille femme avait entendu distinctement la respiration forte des trois jeunes gens, elle avait même eu l'impression d'entre le bruit des trois regards qui se heurtaient.
Mère, laissons cela, n'en parlons plus, le riz cru devient riz cuit, ne parlons plus de tout cela!