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"Au commencement était la peur......"
Etre une fille au Liban dans les années 70 à Beyrouth, dans une famille catholique coincée entre une culture arabe et occidentale, sous le joug d'une mère tyrannique obsédée par les apparences qui voudrait la culpabiliser sur tout, son aspect physique, sa gourmandise,ses fréquentations,.....bref l'enfer, est le récit de Hala, une petite fille coriace. Un enfer qu'elle raconte avec désinvolture et un humour féroce désarmant qui subjuguent et fait beaucoup sourire , et plutôt que de la plaindre on admire sa lucidité, sa force et son intelligence déployés pour braver ce monde d'interdiction et de dépravation. le mot "sexe " est tabou, pourtant la manifestation du sexe à travers déni, refoulement, surveillance et allégories de substitution pour le désigner , est partout.
C'est aussi l'histoire de son pays, sous l'occupation syrienne. Face à l'ingérence incessante d'autrui, Hala et le Liban, "sujets aux violations", luttent pour leur indépendance, entre humiliations et douleurs, qu'ils refusent d'intellectualiser par crainte d'y sombrer. Pour elle une lutte quasiment physique, qu'elle va poursuivre dans sa vie adulte......

La prose, directement écrit en français est sublime ( parlant de sa grand-mère paternel, "L'autorité était une chose qui lui avait été, toute sa vie étrangère.Une sorte de plante qui n'avait jamais poussé dans son jardin"). Un langage cru qui ne tombe jamais dans la vulgarité d'une force et d'une beauté inouïes. Un récit poignant, percutant, qu'on lit avec grand plaisir,et malgré l'enfer, beaucoup de passages qui font sourire.

Hyam Yared née à Beyrouth dans les années 70, est une grande romancière et poète.J'avais déjà beaucoup aimé son livre" Sous la tonnelle ", que je recommande vivement avec celui-ci.
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« La mère souffrait de n'avoir pas choisi mon ADN. Je la comprenais. Moi j'aurais voulu choisir un vente formaté à ma recevoir. »

Une couverture rouge sang, un corps féminin à l'attitude explicite, comme pour mieux avertir le lecteur qu'il aura dans les mains un ouvrage qui le chahuter. Couverture qui m'a attirée tel un aimant, et dont le sujet me rappelait d'autres ouvrages marquants.
En effet, bien que prenante, la lecture de l'ouvrage n'en demeure pas moins difficile dans les thèmes et la violence intérieure des personnages.
Livre de femme, qui ne met en scène que des femmes.
Nous sommes au Liban, pays déchiré, toujours à la merci de ses voisins envahissants ; pays multiculturel où même quand on est chrétien, il ne fait pas bon être femme.
Hala vit un calvaire, entre une mère, « La mère » comme elle la nomme qui la rejette, lui fait subir les pires humiliations, la brime, l'emprisonne, et plus tard, une belle mère « Rayon X » qui ne la verra jamais autrement qu'un ventre à engendrer des « mâles », mais indigne d'en être la mère plus tard….
Hayam Yared, dont j'ignorais tout, donne un style à son ouvrage fait à la fois de lyrisme, et de mots et phrases choc.
Un livre qui peut ne pas plaire à tout le monde, mais qui en interpellera d'autres.
Un livre passé complètement inaperçu à sa parution, et qui pourtant aurait mérité plus d'attention tant il bouscule, interroge.

Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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Très difficile à résumer ce bouquin, je ne suis pas sûr d'y être réellement parvenu. Il manque des éléments, j'ai peur d'en avoir interprété d'autres. Écrit par une femme, c'est un roman sur les femmes. Sur leurs vies dans ces années-là au Liban. Hala, comme beaucoup se soumet à l'autorité plus qu'elle n'obéit. L'autorité des hommes mais aussi et surtout celles des mères, fortes, qui elles-mêmes ont eu une vie difficile. Dans le milieu dans lequel elle évolue, aucune déviance n'est tolérée : boulimie, homosexualité, sexualité avant mariage, même en parler est péché ! La religion culpabilisante !
Ce roman est toute la vie de Hala, de son enfance à sa vie de femme. Les hommes y sont peu présents, mais importants par les actes qu'ils commettent ou au contraire par leur indifférence au sort des filles et par leur souhait de ne pas s'immiscer dans l'autorité maternelle (pour avoir la paix et vivre tranquillement), sous prétexte d'aller travailler pour faire vivre la famille. Plus tard elle les découvrira transparents, se désagrégeant petit à petit. Ce sont donc les mères qui éduquent les enfants, durement comme elles l'ont été ; celle de Hala est changeante
C'est un livre qui se mérite : sa lecture n'est pas évidente, demande de l'attention, mais on n'en décroche pas. Hyam Yared est poétesse et romancière et son écriture s'en ressent. Des passages très beaux alternent avec d'autres plus crus, directs. La lecture est déconseillée aux pudibonds, mais fortement recommandée aux autres. Si certaines phrases sont un peu plus ardues à saisir, et certains passages un peu plus longs, je ne me suis jamais ennuyé dans ce livre. Hyam Yared développe un style qui accroche et garde le lecteur. Une sorte de fascination ou d'ensorcellement qui vous mènera au bout de cette histoire de femme libanaise, qui pourrait bien représenter une femme universelle.
Lien : http://www.lyvres.over-blog...
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Quel livre ! Une plume acerbe qui nous vrille les entrailles au fil de la lecture... on suit l'histoire de Hala, de petite fille à mère de famille, dans un Liban déchiré, envahi, puis libéré qui tente de se reconstruire malgré tout. On assiste, impuissant, au combat muet de la jeune fille face aux siens en martyrisant son corps, dont elle est dépossédée depuis l'enfance, car le corps des femmes ne leur appartient pas.
Hyam Yared dénonce la condition des femmes à travers cette histoire glaçante et dérangeante, jusqu'à la dernière ligne, en apothéose...
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« La Malédiction » ; Hyam Yared (Ed des Equateurs, 180p)
Voici un excellent roman, à tous points de vue.
C'est d'abord une histoire d'enfant-fille qui grandit et devient femme dans un pays assiégé, le Liban, dans la petite bourgeoisie chrétienne maronite de Beyrouth prisonnière de ses préjugés plus que rétrogrades et racistes autant que de ses peurs. Hala est écartelée entre ses aspirations à plus d'indépendance et les griffes vampirisantes de sa mère — qu'elle appelle LA mère— avant de subir le joug de sa belle-mère — qu'elle appelle Rayon X. On découvre d'abord la petite fille de 8 ans en interrogations curieuses de son corps féminin, sous les caresses troublantes de son frère de deux ans son ainé. L'exploration de sa sexualité féminine tient d'ailleurs une part non négligeable dans ce récit sans fioriture ni langue de bois, mais il n'y a aucune vulgarité ni appel au voyeurisme des lecteurs. C'est la forte amitié avec Fadia, copine de classe intelligente et cultivée, aussi anorexique qu'Hala est boulimique, qui lui ouvrira des horizons dans ce domaine comme dans tout ce qui la pousse à étancher sa soif de liberté.
Le carcan familial est plus qu'étouffant ; la mère est une véritable obsédée sexuelle (au sens où elle est installée de manière rigoriste dans une méfiance maladive du corps de sa fille, à l'image des religieuses enseignantes des écoles catholiques). Si Fadia subit le poids écrasant de son père veuf, milicien phalangiste et bourreau jouissif de palestiniens, c'est bien la mère de Hala qui cherche à tout prix à lui inculquer la honte de son corps de femme, tant dans cette société très patriarcale comme dans d'autres c'est très souvent par les mères (puis les belles-mères), que se transmet le machisme le plus éculé. Son amour maternel est véritablement castrateur, proche de la perversité dans ses injonctions contradictoires intenables et souvent délirantes. Hala découvrira pire que « la mère », en la personne de la mère de celui que les deux matrones ont choisi comme époux arrangé. Il faut voir comment l'investissement pathologique maternel sur le rejeton mâle génère de la reproduction humiliante tant pour les femmes que pour les hommes.
En toile de fond, on a un tableau de la vie dans ce petit pays tellement fragmenté entre des communautés religieuses crispées sur leurs prérogatives qu'il en devient une proie facile pour toutes les puissances qui veulent le piller en l'occupant militairement (la Syrie, Israël…) ou diplomatiquement et économiquement (Etats-Unis et France en tête) ; mais ce tableau se limite au milieu social et religieux de Hala. La guerre s'invite souvent aux portes du quartier et de la maison, les obus passent littéralement au-dessus de la tête des enfants qui semblent le vivre avec une certaine fatalité d'habitude, voire un certain détachement. Un aspect d'ailleurs très intéressant de ce roman c'est le parallèle que Hyam Yared tisse entre la soumission imposée au Liban et celle imposée aux femmes. Et l'on découvre le poids des tribunaux religieux— il y en a des spécifiques pour chaque communauté religieuse— une impressionnante mécanique juridique réactionnaire chargée de régler tout ce qui relève de la vie civile et personnelle des citoyens, en leur imposant une morale aussi intransigeante que liberticide.
Enfin l'écriture est très réussie, vive, très précise, avec des formules choc.
« Je compris que les bonbons étaient un détail et que les mères momifiaient les corps des filles avec du silence. » / « Puis elle m'a aimée du mieux qu'elle a pu, c'est-à-dire avec la haine inconsciente d'elle-même. » / « Avec le temps, j'appris à dire Non en me taisant et entrai dans le cercle infernal de ceux qui prennent du poids en ravalant le langage. » / « Après avoir été inspectée en présence des soldates du patriarcat—dans chaque famille il y a au moins une Tante Violette, une mère, une marâtre (…) » / « (Après la naissance de sa fille, lors des visites de femmes à la maternité) ça gloussait, ça piaillait, ça s'exclamait avec une admiration dépitée devant la beauté d'une ‘fille-hélas', mot composé prononcé à moitié. le ‘hélas' ne s'énonce pas. Il se voit. Dans un regard, un silence, une grimace, un arrêt cardiaque. »
Quant à la chute, elle est particulièrement marquante.
Réflexion sur la sexualité et au-delà la corporéité, sur le langage, l'amitié, la transmission et le poids de la famille, sur ce monde aussi fracassé que le Liban à peine d'hier (les années 80 à 2000) mais sans doute encore d'aujourd'hui, dans une très belle langue, ce roman est une très belle découverte.
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Je n'ai pas choisi ce livre mais ne trouvant rien de particulier à emprunter dans les rayonnages de la bibliothèque de quartier où je vais, je l'ai pris plus par défaut d'autre chose que par choix et je n'ai pas regretté loin de là !
Ce court roman parle du Liban, de sa situation, des conflits, des religions, de son manque de prépondérance et d'Hala, jeune femme libanaise se battant mollement pour avoir la garde de ses 2 filles auprès d'un tribunal religieux, après la mort prématuré de son mari.
Un parallèle avec le Liban dominé par les "autres", Hala est dominée d'abord par les femmes, "La Mère", sa propre mère et " Rayon X" sa belle mère, qui toutes deux lui font subir leur propre manque d'amour maternel; puis par le poids de la religion castratiste ( dans confession il y a 2 mots, con et fesse ), par les hommes qui regardent son corps comme objet de convoitise ou marchandise selon les cas (frére, professeur, maître nageur ). Hala veut fuir dés son enfance, boulimie, anorexie, amitié douteuse, effacement de soi, elle essaiera tout pour se délivrer de ces poids traditionnels.
Un très beau roman qui m'a fait pensé sous une autre forme à Syngué Sabour.
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La malédiction, c'est d'être femme lorsqu'on vit à Beyrouth dans un milieu (chrétien maronite) où le déshonneur est inscrit dans les gènes. Femme et bonheur sont deux entités guère faites pour s'entendre dans cette culture orientale que l'auteure détricote pour en montrer, derrière les apparences, les aspects les plus sordides. Coeurs sensibles, s'abstenir ! Au travers du destin tragique de Hala, fillette puis jeune fille et plus tard mère de deux enfants et veuve d'un mari qu'elle n'a pas choisi, Hyam Yared brosse un portrait au vitriol d'une certaine société, repliée sur ses certitudes. La tradition a bon dos dès lors qu'il s'agit de justifier cruauté et volonté de nuire à autrui, en réponse à ses propres frustrations transmises de génération en génération. Puisse ce récit, écrit avec du sang, faire réfléchir celles et ceux qui sont en charge d'établir les règles et limites de la morale quotidienne, qu'elle soit laïque ou religieuse…
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Ce roman c'est l'histoire d'Hala, née dans les années 70 à Beyrouth elle nous raconte son enfance. Son enfance ou elle a manqué d'amour et d'attention, ou dès son plus jeune âge ses moindres faits et gestes étaient épiés, ce qui ne l'a pas empêché de subir l'inceste …  Elle y raconte aussi longuement sa relation avec Fadia, une camarade de classe. Ses longs chapitres autour de son enfance sont entrecoupés de courts chapitres relatant le procès dans lequel elle lutte pour obtenir la garde de ses enfants.

J'ai eu un peu de mal à entrer dans le récit du fait du style de l'auteur très brut, tranché presque saccadé. La quatrième de couverture parle d'humour mais j'avoue que je n'ai pas du tout trouvé pourquoi un tel adjectif était utilisé !  

Ce que j'ai aimé dans ma lecture c'est le fait de découvrir des bribes de l'histoire du Liban et de ses invasions et guerres.
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