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Critique de Osmanthe


Dans "Un spécimen transparent", Kenshiro, la soixantaine, travaille depuis des années dans un laboratoire d'hôpital, à prélever des "spécimens" osseux sur des cadavres, ce qui nécessite des opérations de préparation fastidieuses et minutieuses. Dans ce métier sordide, il s'est donné à l'approche de la retraite un but ultime, un graal : façonner, polir un spécimen transparent...Kenshiro est un homme froid, perfectionniste et obsédé par son travail, solitaire. Il est hanté par le souvenir d'enfance où son beau-père sculptait des miniatures inquiétantes dans les décombres des fréquents tremblements de terre...Pour ne pas faire fuir sa compagne, Tokiko, et sa belle-fille, Yuriko, il ne leur a pas révélé son activité exacte à l'hôpital. Un jour, il comprend que Kamo, qu'il forme depuis quelques mois au métier, et qui s'avère vite un excellent élève, qu'il perçoit un peu comme un rival, a une liaison avec Yuriko. Il le laisse la fréquenter à condition que Kamo n'avoue rien du métier qu'ils exercent.
Mais un jour, Yuriko tombe brutalement et très gravement malade...Kenshiro révèlera alors jusqu'à l'extrême un esprit insensible, pervers et calculateur...

Dans "Voyage vers les étoiles", cinq adolescents, dont une fille, s'ennuient dans leur milieu urbain fait d'abondance, de surconsommation. Blasés, ils n'ont déjà plus de but dans la vie, alors...si on mourait ? Ils engagent une courte équipée vers la campagne et la mer, à la recherche du lieu idéal pour un suicide collectif. L'auteur nous donne à lire en chemin dans l'esprit d'un de ces jeunes, Keichi, qui révèle ses doutes, ses tiraillements, ses peurs grandissantes à l'approche de l'acte irréparable. Auront-ils le courage, ou la folie, d'aller au bout ?

Dans ces deux récits aux thèmes très différents, la beauté et la précision de l'écriture sont exceptionnels, et la psychologie des personnages finement étudiée. On y retrouve des symboliques de l'âme japonaise : le sens de l'honneur qui interdit de perdre la face, le perfectionnisme, l'intériorisation des sentiments, et aussi une nouvelle fois une évocation du désespoir de la jeunesse nippone en perte de repères.
Et les dénouements sont vertigineux !

Encore une belle découverte grâce à Acte Sud, qui publie en France l'oeuvre d'une densité et d'une qualité remarquable d'Akira Yoshimura, écrivain majeur de la littérature japonaise d'après-guerre et disparu en 2006.
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