Citations sur Les Maitres d'Ecosse, tome 2 : Renégat (10)
Le sang des rois défunts coulait comme la sève dans ses veines. Il sentait leur volonté à l'oeuvre à travers la sienne, exigeant qu'il remplisse la promesse de sa lignée : chasser le tyran et accomplir sa destinée, par tous les moyens.
L'ancêtre de Robert, le grand Malcolm Canmore, avait renversé son rival, Macbeth, pour s'emparer du trône. Aujourd'hui, avec l'aide de Dieu, il ferait de même. Son orgueil et son sang l'exigeaient.
La liberté vaut plus que la justice.
Il n'avait pas tout risqué pour rien. Il avait abandonné tout ce qu'il possédait pour tout ce qu'il espérait obtenir : ses terres pour un royaume, sa famille pour un peuple, ses richesses pour une couronne.
Les serviteurs étaient au courant de tout. Invisibles, ils attendaient dans un coin de la salle pour débarrasser les assiettes lors des festins, ignorés des rois trop occupés à préparer leurs guerres et des seigneurs qui se disputaient le pouvoir à coups d'intrigues. Ils remplissaient les baignoires de la salle de bains des dames et vidaient leurs pots de chambres, témoins muets des affaires d'Etat et de coeur: une horde silencieuse qui se bousculait dans les couloirs et entendait tout.
- Dans L'Histoire des rois de Bretagne de Monmouth, il est écrit que Brutus de Troie, fondateur de ces îles, avait en sa possession certaines reliques. A sa mort, ses fils se sont partagé le territoire, donnant naissance à ce qui allait devenir l'Angleterre, l'Irlande, le pays de Galles et l'Ecosse, chacun d'entre eux possédant l'une des quatre reliques, symbole de leur nouvelle autorité.
-Non, je te dis…, mon cousin est clerc à la chancellerie. Il l’a entendu au procès hier. William Wallace a reconnu tous les crimes dont il était accusé, sauf celui de trahison. Il a déclaré qu’on ne pouvait pas l’accuser de trahison puisqu ’ il n’a jamais reconnu Edouard comme son roi.
- Je ne le connais pas, conclut-elle en faisant tourner son alliance d’un air absent.
Le soleil fit jouer des reflets sur le rubis incrusté dans l’or.
- Pas du tout.
Bess croisa son regard.
-Ma mère disait aussi que les hommes sont comme les saisons. Il faut apprendre à discerner quand ils passent de l’une à l’autre, et s’habiller en circonstance.
Elizabeth hocha la tête, mais en son for intérieur elle pensait que Robert ne connaissait que le silence. Le froid silence de l’hiver.
Dans l’aube pourpre, l’or et les joyaux incrustés dans le Bâton étincelèrent. Robert sentit monter en lui un irrépressible sentiment de triomphe. L’ultime relique mentionnée dans l’ultime prophétie, celle dont le roi Edouard avait besoin pour assouvir son ambition d’un royaume uni sous son règne, était entre ses mains. Tandis que Robert contemplait la crosse en or, la question posée par Murtough au château de Donough lui revint à l’esprit.
-Et vous, comte Robert, croyez-vous en la prophétie de Merlin ?
Ma mère me disait aussi que les hommes sont comme les saisons. Il faut apprendre à discerner quand ils passent de l'une à l'autre, et s'habiller en circonstance.