AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de gromit33


Une couverture rouge, Staline qui perd sa tête, un sous titre "grandir quand tout s'écroule" et un titre percutant Enfin libre. Voilà des éléments qui m'ont incité à lire ce récit-roman.
Nous sommes en Albanie, dans les année 90 et 97, ce récit est raconté par une petite fille, qui va tenter de comprendre ce qui se passe dans son pays. Albanie, dont je n'ai que le souvenir d'école comme l'exemple d'une autarcie, un pays socialiste fermé.
Léa est une gamine qui va à l'école et essaie de comprendre la vie et elle va nous raconter son adolescence dans ce pays et les bouleversements politiques, sociaux qui y vont s'y dérouler dans les années 90 et 97.
Elle décrit avec un réel humour l'éducation de cette époque et les références de sa maîtresse Nora. Les réponses toute faites que cette maîtresse fait aux enfants et la vision de l'Occident. L'histoire du pays avec le roi Zog 1er puis l'oncle Enver Hodja (ou Hoxha) dictateur qui a régné de manière ferme sur l'Albanie pendant 43 ans, 5 mois et 3 jours. de novembre 1941 jusqu'à sa mort !
Elle décrit à hauteur d'enfant la vie en Albanie, la vie quotidienne avec les queues pour faire les courses, les astuces, les "biographies" des familles, les non dits.
Sa vie d'enfant, espiègle, curieuse mais assez heureuse qui va être bouleversée, lors de la mort de l'Oncle Hoxha (peux t on mettre sa photo sur le buffet ??), la découverte de l'ailleurs et de l'Occident "Eux n'avaient rien. nous n'avions pas tout, nous le savions, mais nous avions assez, nous avions tous les mêmes choses et nous avions ce qui comptait le plus : une vraie liberté" (p102). Mais justement qu'est ce qu'être libre. Libre de réfléchir, de penser, de critiquer ? "Chez nous, tout le monde était libre, contrairement à chez eux, où seuls l'étaient les exploiteurs. Nous travaillions non pas pour les capitalistes mais pour nous mêmes et nous partagions les fruits de notre labeur. Nous ne connaissions ni l'avarice ni l'envie. Les besoins de chacun étaient satisfaits et le Parti nous aider à développer nos talents;" (p103)
Mais quand en décembre 1990, le pays s'ouvre, la démocratie arrive, toutes les idées apprises à l'école tombent et même les comportements de ces parents changent, que ce soit sa mère, qui décide de faire de la politique, son père qui va devoir trouver un nouveau travail et va mettre en place des réformes structurelles et sa grand mère qui va pouvoir lui raconter sincèrement son passé. Mais cela ne se passe en douceur et "cette révolution, dite de velours, n était la révolution d'un peuple contre des concepts. " (p167). Pas facile pour un pays de découvrir la loi du marché, le pluralisme, mais pas facile non plus pour les hommes et femmes.
Lea Ypi se questionne, nous questionne sur l'évolution des idées, des idéaux. Elle raconte de façon intime, avec parfois des anecdotes succulents, avec de l'humour, de l'ironie les changements sociétaux (épisode de la canette Coca Cola et les changements dans les esprits.
Un texte qui nous questionne sur la liberté que nous avons, ou croyons avoir, sur les idéaux politiques, sociaux. Elle aborde beaucoup de sujets, comme celui donc de la liberté, de la religion, de l'économie de marché, du monde du travail, de l'espoir de partir en Italie, mais pour devenir quoi.
Un livre sur l'histoire de l'Albanie, de la fin de certains idéaux, de l'avenir.
J'ai beaucoup appris sur l'histoire de ce pays et j'ai aimé des pages de théorie politique mais aussi d'anecdotes du quotidien, et des portraits de personnages touchants, que ce soit les membres de sa famille, des copines d'école, des voisins...
#Enfinlibre #NetGalleyFrance
Commenter  J’apprécie          50



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}