Où est passée la Julie du premier tome ???
Disparue, la fière braconnière qui crevait les yeux d'un jars pour prouver qu'il lui appartenait ; disparue la jeune femme sans peur qui défiait Bernard de l'aimer parmi les tombes du cimetière.
A la place, il y a cette pauvre fille, brisée, sans ressort et sans ressource, qui dort sur les pavés et se laisse malmener par les hommes qu'elle rencontre, du vicaire proxénète au peintre Valdieu.
Bernard, par contre, reste fidèle à ce qu'il était. Incapable de s'affranchir de l'amour étouffant que lui porte sa soeur, incapable d'assumer son obsession pour Julie, incapable de la croire innocente du crime crapuleux dont on l'accuse.
J'avoue que les personnages commencent à m'agacer un peu : Julie manque cruellement de cette personnalité de battante romantique qui faisait son charme dans le tome précédent. Elle était naïve, mais avait de la ressource. La jeune femme dépeinte ici est en train de sombrer, et ce n'est pas joli à regarder. Enfin, si, le dessin d'
Yslaire est toujours aussi beau, c'est la descente aux enfers d'une héroïne apathique qui l'est nettement moins.
Et puis il y a Bernard, tour à tour lâche, pris par le remord, lâche encore, ayant un sursaut de lucidité, puis à nouveau pris par le remord, lâche toujours, etc...
Ce garcon va-t-il un jour grandir et devenir un homme ou restera-t-il toujours ce grand benêt mal fini qui refuse de prendre la défense de la femme qui l'obsède ?
Finalement, c'est peut-être ça, la malédiction des Sambre. Ce n'est pas la couleur des yeux, c'est la lâcheté.
Et ça n'a pas grand chose de romantique.