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Critique de Cannetille


Un adolescent court jusqu'au bout de ses forces dans les rues de Paris. Chaque foulée l'éloigne de la peur et de la violence paternelle, celles qu'il subit désormais seul depuis que sa mère s'est enfuie, elle, en mettant fin à ses jours. A sa course succède une errance désespérée, heureusement piquetée de rencontres auxquelles s'accrocher : juste de quoi reprendre souffle, avant d'affronter le destin, et, peut-être, l'infléchir…


Alignant ses phrases courtes, sèches et nerveuses, en un staccato enfiévré, le texte épouse le rythme de la course et plonge d'emblée le lecteur en apnée, dans un tourbillon de panique et d'urgence dont on perçoit avant tout qu'il relève du pur instinct de survie chez le narrateur. Littéralement aux abois, le jeune homme ne semble plus avoir que la force de son dernier réflexe : fuir, le plus vite et le plus longtemps possible. Courir, sans savoir où, mais ne jamais s'arrêter, car où se cacher, quand on est gibier livré sans défense au chasseur ? Flashes et réminiscences, tous aussi fulgurants, laissent peu à peu entrevoir les contours de la maltraitance et de la violence, les traces d'un calvaire enduré jusqu'à ce que mort s'ensuive pour la mère, et, il s'en est fallu de peu, quasiment aussi pour le fils.


Traqué par un homme rendu fou et incontrôlable par les échecs et l'alcool, le narrateur n'est plus qu'adrénaline alors qu'il ne sait plus où se jeter. Heureusement, si la rue est pleine de dangers pour les âmes errantes, elle est aussi le lieu où la solidarité entre déshérités peut s'avérer décisive. Et il faudra bien la discrète mais solide empathie de deux autres laissés-pour-compte, pour qu'enfin la fuite puisse cesser, puis, peut-être, l'existence revenir sous contrôle, après de profondes ellipses qui laisseront libre cours à l'imagination du lecteur.


Matthieu Zaccagna signe un premier roman impressionnant de maîtrise et de puissance. Pas un mot de trop dans ce texte réduit à l'os, où tout – rythme, style, nuances et non-dits -, porte une oeuvre originale, intense et particulièrement évocatrice du carcan de peur, de solitude et d'impuissance des victimes de violence familiale. Que de profondeurs derrière tant de concision !

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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