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Citations sur Chaos Brûlant (4)

La chose m'est apparue quand j'avais neuf ans. (...)Taraudée pazr le souvenir de notre bébé martyr Cordelia, ma mère ne savait me proférer sa tendresse que sous la forme d'avertissements tourmentés : 'Tu vas prendre froid à sortir dans écharpe...', 'Mets donc une casquette ou tu attraperas une insolation...', 'Tu finiras par te briser les vertèbres avec ton skateboard...', 'Cesse de lire sous les draps avec une lampe de poche, tu vas t'user les yeux...'. A son insu, par l'acrimonieuse affection dont elle me criblait, à force d'inlassables appréhensions délétères, ma mère me ravageait. Ses préventions nerveuses du pire me lacéraient l'âme. J'étouffais dans cette atmosphère raréfiée par l'angoisse, je dépérissais dans cet environnement de ronces mentales. (...) Je finis par me convaincre que le mieux à faire, pour la soulager était encore d'accomplir une de ses insatiables prophéties de crécelle. (...) Bientôt je n'eux plus qu'une préoccupation : par quel biais sacrifier ma santé florissante de gamin hyperactif aux craintes masochistes de ma mère ? Le suicide, issue trop évidente, n'en était pas une pour moi puisque j'aurais délaissé ma mère et définitivement empêché le transvasement de sa douleur. Ce qu'il fallait, c'était prendre sur moi l'immonde péché de mon père, fracasser ma santé en mille morceaux sans en mourir, afin que le vase maternel se récure enfin de sa torture, que son coeur brisé dans un sourire contemple, apaisé, mon irréparable déconstruction...(...) C'est à cette époque que je commençai à maigrir immodérément.
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Fascine par les phylacteres de Kafka, Artaud lui tournoie
autour sans le quitter des yeux. n se met a repeter d'une
voix plaintive :
- Ou ai-je bien pu rnettre rna canne de Saint-Patrick ...
- Asseyez-vous, Antonin, je vous en prie, vous nous
donnez la migraine a dervicher de la sorte.
- Inconscients ! N' entendez-vous pas 1' envoiitante
sorciere Irene qui s'approche, ni la crepitante priere que
lui adresse le roi Lear? « Et toi, tonnerre exterrninateur,
ecrase le globe massif du monde, brise les rnoules de la
nature et detruis en un instant tousles gennes qui font
!'ingrate humanite. » n n'y a pas d'avant ni d'apres dans
l'ordre irascible du tumulte. Le pot au noir, ~a existe,
non mains que les envoiitements. n y a des eclairs et des
tremblements de terre, il y a done des orages atrnospheriques, des sirnouns reels, des eruptions volcaniques, des
ternp~tes marines insensees a l' epoque des equinoxes, il
y a une poche atrnospherique maligne appelee le pot au
noir. Et elle s'approche, je vous le predis. Mais ou ai-je
rnis rna canne?
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Vol de coucous au-dessus du FMI
Aujourd'hui, 23 aoftt 2011 sur Ia planete Terre, une
atmosphere de rejouissances et de rires flotte dans le
centre psychiatrique. Le FMI organise dans ses locaux
a Washington un considerable cocktail en hommage a
sa nouvelle directrice, la Fran~aise Christine Lagarde,
dont le predecesseur- ne le nommons pas, Irene
est en route! -a lamentablement derape dans une flaque
de sperme. Comme le prestigieux raout sera diffuse
integralernent en direct sur Bloomberg TY, j'ai convie
Karl, Sigmund, Guy, Luc, ainsi que Goneril qui nous
rejoindra plus tard, a se distraire ames cotes en y assistant
depuis la salle a manger du MPC, ou nos six chaises sont
disposees comme au cinema en rangee face a l'immense
ecran plat. Mes amis et moi attendons patiemment, avec
une gourmandise non dissimulee, le debut de la seance
dont la vis comica nous chatouille d'avance.
Passant dans la salle muni de son taleth et de ses
tephillin, Franz decline mon invitation a se joindre a nous.
- Que trouvez-vous de si plaisant a cette navrante
exhibition de la vanite neoliberale?
-Allons, Franz! Cela n'aura probablememt pas le
cachet du theAtre yiddish que vous appreciez tant, mais
au moins celui d'une bonne comedie de Chaplin ...
- Je n'ai pas le creur a me divertir, S. d'O. Je prefere,
si vous n'y voyez pas d'inconvenient, remonter dans rna
chambre etudier la Bible. Cela ne peut qu'aider a hAter
la venue du Messie. Ne vous etonnez done guere si un
tremblement de terre vient secouer le FMI et ruiner
definitivement sinon I' economie mondiale, du moins cet
absurde buffet ...
- Quelle drole d'idee! dis-je. Les chances pour qu'un
tel evenement, certes rejouissant, se produise dans la
region sont extraordinairement faibles. Si nous etions en
Californie, ala rigueur. Mais sur la oote Est, j'en doute.
Le dernier tremblement de terre doit dater d'au moins
centans ...
- Je le sais, dit posement Franz. C'etait le 18 mai 1897.
La probabilite d'un seisme dans la region est infune, un
ou deux par millenaire.
- Vous voyez bien ... , fais-je, un peu decontenance par
sa science des seismes.
- Vous auriez tort, neanmoins, de negliger la force messiano-sismique d'une etude poussee de ]a Bible. A Prague,
un ami nomme Stein me repetait souvent: «La Bible
est chose sainte, le monde est une merde. »
P.369
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Marx et moi discutons tandis que je feuillette un vieil exemplaire du Wall Street Journal qui traîne sur une table basse de la bibliothèque.
— Les chiffres de la crise sont publics, dis-je, connus, imprimés, cités, répétés, et pourtant c’est comme s’ils ne représentaient rien. Plus ils comportent de zéros, plus ils se confondent avec le zéro. Sais-tu qu’au début 2008, lorsque John Thain est nommé P-DG de Merrill Lynch, il reçoit en cadeau de bienvenue quinze millions de dollars de bonus, avant même de commencer à travailler, juste pour le remercier d’accepter d’être rétribué entre cinquante millions et cent vingt millions de dollars par an. La banque d’investissement Merrill Lynch est alors en pleine déconfiture. Elle vient de perdre, avec la crise des subprimes, plus de huit milliards de dollars. Sitôt nommé, Thain dépense un million deux cent vingt mille dollars pour faire rénover deux salles de conférences, un hall de réception et son bureau. Ce dernier comporte une carpette à quatre-vingt-huit mille dollars, un guéridon en acajou à vingt-cinq mille dollars, une crédence du XIXe à soixante-huit mille dollars, des pendeloques de lustre à dix-neuf mille dollars, quatre paires de rideaux à vingt-huit mille dollars, deux chaises pour les invités à quatre-vingt-sept mille dollars, une chaise de style George IV à dix-huit mille dollars, six chandeliers à deux mille sept cents dollars, une poubelle à mille quatre cents dollars, des stores en tissu à onze mille dollars, une table à café à cinq mille huit cents dollars, et une commode à trente-cinq mille dollars...
— Ce n’est pas de l’argent, me répond Marx, c’est de l’écume. Une mousse toxique qui a tout recouvert, étouffé, empoisonné.
— Cela veut-il dire qu’il va falloir que tu réécrives Le Capital ?
— Au contraire ! Plus le Capitalisme s’abîme dans son maelstrom planétaire de folie et d’horreur, plus je trouve mon Kapital actuel, frais, vérifiable, digne d’être lu, relu, médité, annoté, cité, commenté. Ôtés les oripeaux conjoncturels, il est d’une actualité bouillonnante. Bien sûr, quelques pages demanderaient à être réactualisées.
— Lesquelles ?
— Par exemple, dans le chapitre sur le caractère fétiche de la marchandise, je n’opposerais plus aujourd’hui le rapport de valeur entre les produits du travail à l’impression lumineuse d’un objet sur le nerf optique. J’en veux l’iPad pour preuve !
— Comment définir le monde de la Finance moderne ?
— En une phrase : Il est pourri de fond en comble et il domine la planète. Le monde de la Finance est le monde.
Le moindre détail de la vie quotidienne de n’importe qui, toi et moi inclus, est la conséquence d’un événement financier qui s’est produit sans bruit ni fracas quelque part dans les arabesques d’un algorithme niché dans un ordinateur surpuissant. Toutes les autres formes de pouvoir : économique au sens classique, militaire ou politique, sont en désuétude. Il n’y a plus qu’un seul règne, celui de la MaFi.
— La Mafia ?
— Non, la MaFi, l’entité des marchés financiers.
— Et DSK alors ? Il y a encore quelques jours il était qualifié d’homme le plus puissant, le plus influent du monde ?
— Baudruche ! Le sympathique débonnaire bedonnant M. Strauss-Kahn était l’amuseur du moment de la MaFi, rien d’autre.
— Pourtant il dénonçait publiquement les abus des marchés financiers.
— Roupie de sansonnet ! La première chose à savoir concernant la MaFi, c’est qu’elle est parfaitement indifférente à tous les discours qu’on tient sur elle. Mieux, elle les chapeaute. Elle souffle les arguments des uns et des autres, et quant à ce qui doit demeurer secret, elle sait parfaitement distraire l’attention des bavards. C’est elle qui a fait élire Obama aux États-Unis sur un programme dont l’un des arguments-clés était l’abolition de la cupidité financière, la fin des paradis fiscaux, la mise à bas de Wall Street. Et c’est elle qui a intimé à Obama, sitôt élu, de renommer aux postes-clés de l’Économie mondialo-américaine les crapules corrompues responsables de la crise des subprimes.
— Pourquoi en ce cas avoir fait élire Obama, plutôt qu’un républicain pur et dur comme Bush ?
— Pour donner le change. L’argent n’a ni odeur ni couleur. « Donner le change » est sa maxime majeure. L’étiquette « Premier Président Noir de l’Histoire des USA » permettait de détourner l’attention du public et d’ignorer les responsables d’une crise qui allait précisément porter Obama au pouvoir... pour ne rien changer.
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