C'est son deuxième bouquin. Il a d'abord rameuté des loubards bien badass dans
Une assemblée de chacals pour foutre un sacré souk pas possible à l'église, et avant l'effarant
Les spectres de la terre brisée, claque de Papa Ours sur ma ganache de lecteur avide de sensations fortes, puis l'année dernière en contant avec une malice licencieuse les aventures d'un proxo bien déter à fonctionner son business.
Après une incursion réussie dans le cinéma avec son dérangeant Bone Tomahawk, on sent que le bonhomme est maitre des productions aussi creepy que sa coupe de cheveux.
Une force qui se retrouve dans l'intégralité de ses parutions visuelles comme écrites. C'est un ambianceur de talent, que l'on pourrait facilement comparer à
Tarantino. Ce roman aussi commence sur deux scènes très fortes qui mettent tout de suite dans le bain, tu comprends tout de suite qu'il n'est pas venu là pour te vendre du muguet le gonze.
S. Craig Zahler dézingue de la volaille à tout va, qu'elle roucoule ou porte badge et calibre, dans sa ville fictive de Victory façon de dire qu'il pleut de la merde ou que vous vous trouviez et qui que vous soyez à Victory, cette ville est probablement le pire endroit et bien des personnages vont y laisser un peu plus que des plumes..
Il est normalement de bon ton de laisser les poulets tranquilles, parce qu'abreuvés à CNews et habitués à des situations violentes ils ont le coup de matraque facile et qu'en plus protégés par l'IGS ils prennent vite gout à l'activité colorée de pétage de dents de concitoyens en toute impunité. Ça c'est en France, le pays des droits de l'homme…Imaginez un peu chez le topo chez tonton Sam ou le port d'arme est un droit constitutionnel.
Zahler prend un malin plaisir à inverser un peu la vapeur dans un trou à rat ou la vermine règne en maître. Flics pas franchement réglos tenus au moyen d'une laisse en barbe à papa par un patron atrabilaire lui-même ultra-violent... ça va sentir le poulet rôti mon copain.
Agrémenté par des dialogues bien pimentés qui font ricaner, ce scénar bien foncé ne manque pas de peps sur les premiers quarts convaincants, et puis, devient un peu plus convenu et essoufflé à force de surenchère en surabondance de gore. Une traque dans la neige qui traine en longueur et devient lente et encombrante comme un retour de soirée raclette arrosée avec des moon-boots trempées de neige. Avec tout ce froid et cette ambiance ténébreuse j'ai bien failli rentrer en hibernation avant la fin du bouquin.
Heureusement l'écrivain nous sort une fin féroce, à l'image de ses créations d'une noirceur dense.
Un poil déçu par ce petit coup de mou par ce petit coup de mou après une telle traction, je m'attendais à un crescendo sans faille comme dans
Dédale mortel qui m'avait laissé le souvenir d'un roman qui prenait plus son temps sans délaisser ce style cinématographique signature. Surement dernier né d'un écrivain qui gagne en maturité avec l'âge et la pratique.
Bon divertissement tout de même qui se descend tout seul comme une piste verte, jonchée certes de pigeons morts et de coupe-jarrets qui veulent votre peau.
Cette dernière lecture un peu en dessous du reste de sa progéniture me laisse un tantinet triste d'avoir lu tout ce que j'ai pu, attendant avec une ferveur de fanatique son prochain lot de feuillets noirauds, supérieurement fagotés et estampillés Gallmeister.