Citations sur L'enlèvement, tome 1 : Twist me (15)
Ensuite, il se dégage, roule sur le lit puis me prend dans ses bras et me serre contre lui.
Et je pleure dans ses bras, cherchant la consolation auprès de celui qui a provoqué mes larmes.
– Pour le moment, dit Julian dont les yeux brûlent comme des flammes. Il est à l’hôpital et il souffre d’une légère commotion cérébrale.
Je suis tellement soulagée que je m’affale le long du mur. C’est à ce moment-là que je réalise ce qu’il vient de me dire.
– Qu’est-ce que ça signifie, « pour le moment » ?
Julian hausse les épaules.
– Sa santé et son bien-être dépendent entièrement de toi.
J’avale ma salive pour m’humecter la gorge, elle est encore sèche.
– De moi ?
Il me caresse de nouveau le visage, replace une mèche de cheveux derrière mon oreille. J’ai si froid que j’ai l’impression qu’il me brûle en me caressant.
– Oui, mon petit chat, de toi. Si tu te conduis convenablement tout ira bien pour lui. Sinon…
J’ai grand-peine à respirer.
– Sinon ?
Julian sourit.
– Il n’a plus qu’une semaine à vivre.
Son sourire est ce que j’ai vu de plus beau et de plus effrayant au monde.
– Qui êtes-vous ? ai-je murmuré. Que voulez-vous de moi ?
Il m’apprend à associer la douleur et le plaisir, à jouir de tout ce qu’il m’inflige, quel que soit son degré de perversité. Et ensuite, il y a toujours cette tendresse désarmante. Il me met dans tous mes états, me fait voler en éclats puis me reconstruit, et cela en l’espace d’une nuit.
Et cette éducation est un succès. Désormais, je vais dans ses bras de mon propre gré parce que je désire l’état second que me donne une séance particulièrement brutale avec lui.
Julian me dit que ma nature est de me soumettre et que j’ai des tendances cachées au masochisme. Je ne sais pas si je le crois, je sais que je n’ai pas vraiment envie de le croire, mais je ne peux nier que sa manière particulière de faire l’amour trouve quelque part un écho chez moi. Les accessoires sexuels, les fouets, les cannes, il a tout utilisé, et je trouve toujours du plaisir dans une certaine part de ce qu’il m’inflige.
Toujours en état de choc je regarde sa silhouette aux larges épaules qui s’éloigne dans l’océan et ses cheveux noirs briller au soleil.
Si le diable est masqué, son masque est vraiment beau.
Son visage s’assombrit et je retiens mon souffle pour voir ce qu’il va faire. D’une certaine manière, j’ai envie de le provoquer. Je veux qu’il me punisse, qu’il me fasse mal. Je le veux parce que j’ai besoin qu’il ne soit qu’un monstre et parce que j’ai besoin de le haïr pour ne pas devenir folle.
Puis il cesse ses coups et sort de la pièce.
Il laisse Jake allongé sur le sol, couvert de sang. Je reste rivée à l’écran, j’ai besoin de savoir s’il est encore en vie. Une minute plus tard, je l’entends gémir et je le vois se lever. Il boitille jusqu’au téléphone, ses mouvements sont ceux d’un vieillard et non plus d’un jeune homme plein de force.
Et puis je l’entends appeler les services de secours.
Je m’affaisse par terre et j’enfouis mon visage dans mes mains.
Julian a gagné.
Je sais que ma vie ne m’appartiendra plus jamais.
Du sang.
Du sang partout. La flaque d’un rouge sombre s’étend et s’accroît. J’en ai sur les pieds, sur la peau, dans les cheveux… Je sens son odeur, j’en suis couverte, j’en ai le goût dans la bouche. Je me noie dans le sang, j’en perds le souffle.
Non ! Assez !
Je voudrais hurler, mais impossible de respirer. Je voudrais bouger, mais je suis ligotée et la corde me rentre dans la chair quand j’essaie de me libérer.
Et je l’entends hurler. Des cris de souffrance et d’angoisse qui n’ont plus rien d’humain, des cris déchirants, dévastateurs qui mettent mon esprit à vif et le martyrisent comme sa chair est martyrisée.
Il lève une dernière fois le couteau et la flaque de sang s’étend à l’infini, un flot qui m’entraîne dans son sillage…
Je me réveille en hurlant son nom, mes draps sont trempés de sueur froide.
Pendant un moment, je ne sais plus où je suis… et puis je m’en souviens.
Je ne serai plus jamais à sa merci.
Il hoche la tête comme si je venais de confirmer ses soupçons. Et puis il lève la main et me touche le visage. Doucement, légèrement. Son pouce se frotte contre ma lèvre inférieure comme s’il se demandait ce qu’on ressent en le faisant. Je suis saisie d’un tel choc que je reste là, sans bouger. Personne ne m’a jamais fait une chose pareille, me toucher d’une manière si désinvolte, si possessive. J’ai chaud et froid en même temps, et la peur me serpente le long du dos. Il n’y a pas la moindre hésitation dans ses gestes. Il ne demande pas la permission, il n’attend pas de voir si je vais lui permettre de me toucher. Il se contente de me toucher. Comme s’il avait le droit de le faire.
― Quel âge as-tu, Nora ? demande-t-il ensuite. Je cligne des yeux.
― Vingt-et-un ans. Il s’assombrit.
― Dis-moi la vérité.
― Presque dix-huit ans, ai-je admis à regret. J’espère qu’il ne va pas le dire au barman et me faire jeter dehors.
Je ne sais même pas ce qui se passe ou comment ça se passe. J’embrasse Jake et une minute plus tard il est allongé sur le sol et il a perdu connaissance. Une grande silhouette est penchée au-dessus de lui. J’ouvre la bouche pour hurler, mais j’ai à peine poussé un petit cri qu’une grande main se pose sur ma bouche et sur mon nez. Je sens une vive piqûre au cou, sur le côté, et tout devient noir.