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Critique de mh17


Evgueni Zamiatine (1884-1937) se présentait lui-même comme un hérétique chronique. il était le fils d'une pianiste et d'un pope de Lebedian, ville d'une province réputée "pour ses foires, ses Tziganes, ses tricheurs, l'âpreté et la saveur de sa langue russe". Il est l'auteur de cet aphorisme : "Dans les autres pays, on admire les écrivains, chez nous, on leur casse la gueule."
Ce recueil contient deux nouvelles tragiques à l'humour dévastateur. Elles valurent au jeune Zamiatine, bien des ennuis.

1. Au Diable vauvert  (1914) est un court roman d'apprentissage à l'humour grotesque et ravageur car il est doublé d'une satire cruelle de l'armée russe à la veille de la guerre. Mais ne vous y trompez pas, le rire est mêlé de tristesse comme chez Gogol. Ce roman sera censuré  et Zamiatine condamné pour avoir donné une «image profondément insultante des officiers russes», présentés «comme des hommes grossiers, abrutis, dépourvus d'apparence humaine et ayant perdu leur conscience de leur propre dignité ce qui, à n'en pas douter, constitue une atteinte particulièrement grave à l'honneur des armées. » Zamiatine sera envoyé au...fin fond de la Russie, en Carélie, pour deux ans. Mais il reviendra...avant d'être de nouveau condamné cette fois-ci par les Bolcheviques.

Le protagoniste principal Andrei Ivanytch Polovets est un jeune idéaliste au front large amoureux de musique romantique. Il est envoyé comme officier à l'extrême orient russe au milieu de nulle part dans une ville de garnison où on vit en vase clôt. Andreï fait d'emblée connaissance avec une sacrée collection de détraqués. Les officiers, les femmes, leurs domestiques, sans distinction. Il est dommage que leurs noms expressifs sans doute très animaliers pour certains n'aient pas été traduits. le général ventripotent qui ressemble à une énorme grenouille passe son temps à cuisiner. Il a l'air débonnaire comme ça mais c'est un animal lubrique et cruel qui a le destin de tous et de toutes entre ses mains boudinées. Sa femme est folle, sa belle soeur ne vaut guère mieux. La femme du capitaine toute en rondeur a huit enfants dont aucun ne ressemble à son père et elle met au monde un neuvième, le petit Piotr. le parrain désigné d'office lors d'une beuverie a le tort de penser et de lire. le malheureux élu sera mené par le bout du nez au propre et au figuré. Andreï tombe amoureux de la jolie Maroussia (au sourire de souris) marié au capitaine Schmidt, le plus cruel d'entre tous. Pourra-t-il la sauver ? Voudra-t-elle être sauvée ?

2. Alatyr (1915) est une nouvelle satirique qui prend d'abord les allures d'un joli conte de fée avant de devenir très sombre, peignant une humanité animale et craintive qui annonce celle de la Caverne (1920).
Depuis la guerre contre le Grand Turc, la cité d'Alatyr (dont le nom est aussi celui de la pierre légendaire des contes russes) est aux prises avec une surpopulation de vieilles filles. Parmi elles, Glaphira la fille du commissaire et Barbara la fille du pope rêvent au prince charmant. Et leurs pères désespèrent. le commissaire se pique d'inventions scientifiques. Il a décidé de faire du pain non pas avec de la levure mais avec du guano. Ce qui nous vaut une bonne tranche de rire. le pope lui est féru de diableries.Se présentent alors de curieux prétendants…


Le pope avait un chien, et après Dieu le fils,
Il l'aimait plus que tout.
Mais le jour où son chien goba une écrevisse,
Le pope lui tordit le cou.
Il enterra son chien, et sur le frontispice
Du tombeau du toutou,
Grava ces mots témoins du triste sacrifice :
Le pope avait un chien, et après Dieu le fils
Il l'aimait plus que tout.
Mais, le jour où son chien…etc, etc…
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