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Jean-Baptiste Godon (Éditeur scientifique)
EAN : 9782864324584
185 pages
Verdier (05/01/2006)
4.38/5   16 notes
Résumé :
Les deux récits présentés ici, Au diable vauvert (1914) et Alatyr (1915), offrent le tableau d'une Russie provinciale, burlesque et colorée, à la veille du cataclysme de la Première Guerre mondiale pour l'un, et de l'apocalypse révolutionnaire pour l'autre. Historiquement daté - les allusions à l'Alliance franco-russe permettent d'en situer l'action entre 1892 et 1914 -, Au diable vauvert est dépourvu d'indications topographiques précises. Il évoque le quotidien d'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Evgueni Zamiatine (1884-1937) se présentait lui-même comme un hérétique chronique. il était le fils d'une pianiste et d'un pope de Lebedian, ville d'une province réputée "pour ses foires, ses Tziganes, ses tricheurs, l'âpreté et la saveur de sa langue russe". Il est l'auteur de cet aphorisme : "Dans les autres pays, on admire les écrivains, chez nous, on leur casse la gueule."
Ce recueil contient deux nouvelles tragiques à l'humour dévastateur. Elles valurent au jeune Zamiatine, bien des ennuis.

1. Au Diable vauvert  (1914) est un court roman d'apprentissage à l'humour grotesque et ravageur car il est doublé d'une satire cruelle de l'armée russe à la veille de la guerre. Mais ne vous y trompez pas, le rire est mêlé de tristesse comme chez Gogol. Ce roman sera censuré  et Zamiatine condamné pour avoir donné une «image profondément insultante des officiers russes», présentés «comme des hommes grossiers, abrutis, dépourvus d'apparence humaine et ayant perdu leur conscience de leur propre dignité ce qui, à n'en pas douter, constitue une atteinte particulièrement grave à l'honneur des armées. » Zamiatine sera envoyé au...fin fond de la Russie, en Carélie, pour deux ans. Mais il reviendra...avant d'être de nouveau condamné cette fois-ci par les Bolcheviques.

Le protagoniste principal Andrei Ivanytch Polovets est un jeune idéaliste au front large amoureux de musique romantique. Il est envoyé comme officier à l'extrême orient russe au milieu de nulle part dans une ville de garnison où on vit en vase clôt. Andreï fait d'emblée connaissance avec une sacrée collection de détraqués. Les officiers, les femmes, leurs domestiques, sans distinction. Il est dommage que leurs noms expressifs sans doute très animaliers pour certains n'aient pas été traduits. le général ventripotent qui ressemble à une énorme grenouille passe son temps à cuisiner. Il a l'air débonnaire comme ça mais c'est un animal lubrique et cruel qui a le destin de tous et de toutes entre ses mains boudinées. Sa femme est folle, sa belle soeur ne vaut guère mieux. La femme du capitaine toute en rondeur a huit enfants dont aucun ne ressemble à son père et elle met au monde un neuvième, le petit Piotr. le parrain désigné d'office lors d'une beuverie a le tort de penser et de lire. le malheureux élu sera mené par le bout du nez au propre et au figuré. Andreï tombe amoureux de la jolie Maroussia (au sourire de souris) marié au capitaine Schmidt, le plus cruel d'entre tous. Pourra-t-il la sauver ? Voudra-t-elle être sauvée ?

2. Alatyr (1915) est une nouvelle satirique qui prend d'abord les allures d'un joli conte de fée avant de devenir très sombre, peignant une humanité animale et craintive qui annonce celle de la Caverne (1920).
Depuis la guerre contre le Grand Turc, la cité d'Alatyr (dont le nom est aussi celui de la pierre légendaire des contes russes) est aux prises avec une surpopulation de vieilles filles. Parmi elles, Glaphira la fille du commissaire et Barbara la fille du pope rêvent au prince charmant. Et leurs pères désespèrent. le commissaire se pique d'inventions scientifiques. Il a décidé de faire du pain non pas avec de la levure mais avec du guano. Ce qui nous vaut une bonne tranche de rire. le pope lui est féru de diableries.Se présentent alors de curieux prétendants…


Le pope avait un chien, et après Dieu le fils,
Il l'aimait plus que tout.
Mais le jour où son chien goba une écrevisse,
Le pope lui tordit le cou.
Il enterra son chien, et sur le frontispice
Du tombeau du toutou,
Grava ces mots témoins du triste sacrifice :
Le pope avait un chien, et après Dieu le fils
Il l'aimait plus que tout.
Mais, le jour où son chien…etc, etc…
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Ce qui détonne avec la littérature russe, c'est déjà à quel point on la connaît peu : en lisant Mihai Neagu Basarab, qui cite Averchenko, je me suis aperçu qu'il n'avait pas été traduit en français (mais sans doute en roumain). Pour Zamiatine, cela a pourtant de quoi étonner, avec son style satirique, son peu de croyance en les utopies, et pas que les utopies, au point qu'il se déclarait hérétique. Au cas particulier, la satire est efficace et ne manque pas d'imagination, ni de courage, puisque sa cible n'est autre que l'armée. Elle baigne dans une misanthropie pleine de d'humour et, comme d'autres, je me suis demandé comment j'avais pu l'ignorer depuis si longtemps…
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Ce recueil renferme deux récits du russe Evguéni ZAMIATINE (1884-1937) : « Au diable vauvert » et « Alatyr » respectivement rédigés en 1914 et 1915. le choix de regrouper ces deux textes est fort judicieux, comme nous allons le voir plus bas.

« Au diable vauvert » se situe entre 1892 et 1914, suit une garnison basée « au diable vauvert », et plus particulièrement l'un des lieutenants, Andreï Ivanytch Polovets, dans l'extrême partie est de la Russie. Ce qui frappe d'emblée c'est le ton satirique que prend l'auteur pour y dépeindre le quotidien des soldats. Tout est prétexte à tourner en ridicule les protagonistes. le style théâtral se rapproche de celui de GOGOL et les dialogues populaires, expressions et néologismes « du cru », ne sont pas sans rappeler ceux de Nikolaï LESKOV.

Les descriptions physiques allégoriques sont surtout animalières et particulièrement hilarantes. Elles peuvent aussi tendre vers l'image d'un objet qui s'animerait en s'humanisant : « Ce n'était pas un visage qu'avait l'ordonnance généralesque, mais un samovar en cuivre lustré : si gonflé qu'il reluisait. Il ressemblait lui-même à un samovar éteint, mais là, brusquement, il s'était mis à gondoler, à bouillir ».

La garnison s'ennuie. ZAMIATINE croque des hommes du peuple partis attendre une guerre qui ne se déclenche pas, et qui à défaut de tuer des ennemis tuent le temps. Les scènes sont cocasses et savoureuses, nous voilà plongés indirectement dans le théâtre absurde russe du XIXe siècle par la plume d'un presque débutant du XXe (ZAMIATINE est alors âgé de 21 ans seulement). Les protagonistes rient, vulgairement, postillonnant, suant : « Son rire montait dans les aigus, escaladait des crêtes de plus en plus élevées. Pourvu qu'il ne se déchire pas ».

L'autre trame de cette histoire est celle d'une femme qui vient d'accoucher de son neuvième enfant, mais dont personne ne sait qui est le père. C'est alors que vont se jouer des affaires de coeur, d'adversité, d'amour. Mais n'oubliez pas, nous sommes ici en Russie. Subitement, le ton se durcit, s'assombrit, devient plus tragique, l'alcool coule toujours à flot mais ne provoque plus gaîté ni insouciance. Satire de moeurs cinglante et féroce, elle déplaît alors au pouvoir tsariste en place.

Dans ce recueil est publié également le court récit « Alatyr », dans un ton très proche de celui de « Au diable vauvert ». À Alatyr, petite ville russe où la guerre contre les trucs fait rage, le gouverneur ordonne aux citoyens de faire des bébés. Après une brève hausse des naissances, une décrue alarmante de la démographie vient contrarier les aspirations du régime.

Galphira est une belle célibataire dont le père, commissaire influent, cherche à la marier, en aidant par exemple un jeune homme par intérêt et finissant par le nommer fonctionnaire. Mais ce cher papa a une vilaine idée derrière la tête…

Comme le récit précédent, « Alatyr » est une comédie du désespoir, un fou rire (un rire fou, malsain) en guise de dernier râle. le style, s'il est loufoque et satirique, là aussi se durcit pour laisser entrevoir des personnages cupides et opportunistes, prêts à tout par intérêt.

Le recueil « Au diable vauvert » montre des situations expressivement outrancières par un climat burlesque cherchant à masquer le drame : un pays, la Russie, est politiquement et mentalement en bout de course. Par la rigolade – et par de nombreuses allégories, marque distinctive de toute une littérature russe - ZAMIATINE attaque (avec une arme factice mais blessante : la farce) le tsarisme et son armée, y compris lorsqu'elle semble pactiser avec l'armée française vers la fin du premier récit. le pouvoir ne s'y trompe pas, d'autant que le bougre est un récidiviste, il avait déjà été incarcéré à plusieurs reprises à partir de 1905 pour sympathies « rouges ». Ici, l'empire russe censure « Au diable vauvert ». L'explication absolument stupéfiante est consignée en préface de cette édition. La résolution du comité chargé des affaires relatives à la presse interdit le récit, arguant ente autres des points suivants : « Image profondément insultante des officiers russes […]. Atteinte particulièrement grave à l'honneur des armées […]. Porte atteinte à la pudeur », etc. ZAMIATINE est assigné à résidence. Sa publication ne sera autorisée dans son pays qu'à partir de 1923.

Le destin de ZAMIATINE est assez singulier : l'écrivain condamné sous le tsarisme pour bolchevisme est surveillé dès 1919 par ce pouvoir bolchevique qui vient de renverser le tsar à peine deux ans plus tôt. Ironie de l'histoire : ZAMIATINE est incarcéré en 1922 dans la même prison que celle où il avait déjà été jeté quelques années plus tôt sous le régime ennemi. En 1929, les bolcheviks continuent à chercher des poux sur le crâne de l'auteur, toutes ses parutions étant suspendues sous le prétexte que ZAMIATINE aurait fait paraître en dehors de l'U.R.S.S. son roman précurseur de la science fiction moderne « Nous » (également connu sous le titre « Nous autres »), alors que si le roman avait en effet été publié dans plusieurs pays, c'était sans l'accord de l'auteur. Sa pièce de théâtre « La puce » (d'après la nouvelle « le gaucher » de LESKOV) est retirée de l'affiche.

Epaulé dans sa démarche par Maxime GORKI, ZAMIATINE décide alors d'avoir recours à STALINE afin de réclamer son extradition. Il l'obtient en 1931. Il quitte définitivement son pays, rejoint Paris en février 1932, c'est dans cette ville qu'il meurt en 1937, exilé, esseulé et épuisé. Dernier coup de pied de l'âne venant des autorités : la mort de ZAMIATINE n'est alors pas relayée dans son propre pays.

Ce recueil du désespoir par la farce fut pour la première fois publié en France, chez Verdier… en 2006, soit près de 100 ans après sa rédaction !

https://deslivresrances.blogspot.com/
Lien : https://deslivresrances.blog..
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Deux récits faciles et agréables à lire, rappelant effectivement beaucoup le Gogol des Ames mortes. Pas étonnant que la Censure n'ait pas apprécié : le comportement des officiers, et en particulier celui du général, ne donne pas une bonne idée de ces messieurs. A leur décharge il faut noter que l'action se passe dans un lieu impossible où le détachement a été envoyé, pour quoi faire, on ne sait pas trop. Alors, il faut bien passer le temps… Quant aux ordonnances des officiers, elles sont caricaturales. Les personnages sont croqués avec une précision pittoresque : Larka s'approcha langoureusement du général : Votre Excellence, vous avez de la visite… c'est, paraît-il, personnel. » le général frétilla : « Est-il possible que ce soit elle ? » Il sortit à la hâte, en trottinant. Sa brioche protubérante courait en tête, comme s'il la portait dans une brouette. Son pantalon remonté godait sur ses bottes.
Une excellente introduction du traducteur, Jean-Baptiste Godon, complète l'ouvrage. Un auteur russe du début du XXème siècle à découvrir, surtout pour ceux qui ont envie de connaître l'ancienne Russie provinciale.
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Zamiatine est un écrivain à contre sens mais à la plume bourrée d'images contrastées et vivantes.
Il est de ceux dont quelques lignes suffisent à créer un univers à la fois proche et lointain, à la fois cruel et tendre, ironique et truculent, où les scènes se succèdent de la même façon qu'ont le visage des enfants à passer du rire aux larmes.

L'auteur a déjà un parcours particulier. On le connait un peu plus pour des récits comme La caverne, L'inondation... Zamiatine a souvent été considéré à l'étranger comme un nouveau Gogol, mais il a été curieusement très mal considéré par les autorités de son pays: censuré par le régime tsariste pour ouvrages licencieux, il l'a été par les autorités soviétiques pour non conformité aux courants littéraires propagandistes du moment.

Au diable vauvert (suivi d'Alatyr), censurés et écrits à des périodes agitées politiquement, ressurgissent, et c'est bien :)

Au diable vauvert conte la vie d'une garnison de soldats russes quelque part sur une île située sur la frontière sino russe, entre 1892 et 1914. Ces hommes, que l'auteur décrira tous de façon amusante, attachante, ou caricaturale vivent ensemble (ne ratez pas le passage du Mozart de la pomme de terre, un général grenouillant et bedonnant et celui du club des lancepoupes), se saoûlent, content fleurette avec les quelques femmes d'officiers, guettant l'ennemi qui ne vient pas, cernés par une étendue d'azur et par l'ennui qui rampe comme une brume nocturne.(...)

http://lelabo.blogspot.com/2006/04/evgueni-zamiatine-au-diable-vauvert.html
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
"Chère Madame, ma colombe, Maria Vladimirovna

le 15 novembre de la présente année, votre gentil petit mari a porté atteinte à mon intégrité physique (sont témoins : mon ordonnance Larka, la générale et ma belle-soeur Aghnia, cette dernière ayant observé la scène par l’entrebâillement de la porte). Les trois jours de cellule purgés par Schmidt ne sauraient, à l'évidence, réparer un tel outrage, le prix à payer est un rien plus conséquent : douze ans de bagne minimum ! Les suites procédurales données à cette affaire, en d'autres termes : un renvoi devant la cour martiale ou l'amnistie perpétuelle, ne dépendent que de vous, chère Maria Vladimirovna. Si vous souhaitez racheter la conduite de votre petit mari, rendez-moi visite demain midi, avant la collation. Si vous ne la souhaitez pas, eh ben, c'est votre affaire, ma colombe. Mais si vous veniez, ça mon vieux, je serais rudement comblé !
Votre admirateur Azanatchev
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Le général frétilla: "Est-il possible que ce soit-elle ?"
Il sortit à la hâte, en trottinant. Sa brioche protubérante courait en tête, comme s'il la portait dans une brouette. Son pantalon remonté godait sur ses bottes.
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Ce n'était pas un visage qu'avait l'ordonnance généralesque, mais un samovar en cuivre lustré : si gonflé qu'il reluisait. Il ressemblait lui-même à un samovar éteint, mais là, brusquement, il s'était mis à gondoler, à bouillir.
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Le pope avait un chien, et après Dieu le fils,
Il l'aimait plus que tout.
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Vidéo de Evgueni Zamiatine
Evgueni Zamiatine (1884-1937) : Une vie, une œuvre (1991 / France Culture). Par Françoise Estèbe. Avec Jean-Pierre Morel (critique aux Nouvelles Littéraires), Leonid Heller et Bernard Kreise. Réalisation : Annie Flavell. 1ère diffusion sur France Culture le 30 mai 1991. Peinture : Portrait de Ievgueni Zamiatine par Boris Koustodiev, 1923. En 1988, la publication pour la première fois en URSS du roman anti-utopiste prophétique de Zamiatine, “Nous autres”, oeuvre politique-fiction, fut l'événement littéraire de la Perestroïka. Esprit lucide et courageux, Zamiatine qui avait pris parti pour la Révolution en 1905, fut un des premiers à analyser la nature profonde du totalitarisme bolchevique et à dénoncer le despotisme nouveau jusqu'au terme de sa vie, en dépit des persécutions. Dans les années 20, Zamiatine, mathématicien, ingénieur naval et écrivain, ami des peintres et des musiciens, est la figure centrale du champ littéraire russe. Prosateur, dramaturge, critique, journaliste (il écrivit notamment dans la revue de Gorki), il est l'auteur de nombreux récits, de nouvelles : “L'inondation”, “Le pêcheur d'hommes”, “La Caverne” ; de romans : “Le fléau de dieu” ; de pièces de théâtre et de scenarii. Rattaché à la tradition de Gogol dans ses premiers récits, il devient le symbole de la culture occidentale au sein des lettres russes et le maître de toute une génération d'écrivains nés après la Révolution. Il s'oppose à la montée du conformisme révolutionnaire en art :
« Il n'est de vraie littérature que produite non par des fonctionnaires bien pensants et zélés, mais par des fous, des ermites, des hérétiques, des rêveurs, des rebelles et des sceptiques. »
Trotsky le désigne comme un émigré de l'intérieur et “Le diable des lettres russes”, après une lettre célèbre à Staline, est contraint à l'exil. Il mourra oublié à Paris en 1937, à l'âge de 53 ans, ignoré des intellectuels occidentaux fascinés par le modèle soviétique, qui n'ont pas su percevoir dans le cri solitaire de Zamiatine l'oracle de la dissidence.
Des extraits de “Seul”, des “Ecrits oubliés”, des “Actes du colloque de Lausanne”, de “Nous Autres”, de “Le pêcheur d'hommes” et de “L'Inondation” sont lus par Jacqueline Danaud et Michel Derville.
Sources : France Culture et Wikipédia
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