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Critique de BaronBreton


Avant le meilleur des mondes, 1984, Fahrenheit 451, La Zone du dehors, avant V pour Vendetta, 20th century boys ou même avant Equilibrium et Bioshock, etc, etc, etc... Bref! Bien avant ces contre-utopies/dystopies célèbres (ou pas) il y a eu Nous autres d'Eugène Zamiatine, de son vrai nom Ievgueni Ivanovitch Zamiatine.

Nous autres décrit l'Etat Unique, protégé par le Bienfaiteur, société parfaite et logique, où tout est rationnalisé par les chiffres même les noms, une société dépourvus de liberté et d'individualité car ceux-ci s'opposent au réel bonheur, l'ignorance est synonyme de bonheur. Après avoir délivrer le monde, l'Etat Unique se décide à présent d'apporter le bonheur aux autres habitants de l'univers et en cet honneur il appelle tous ses numéros à composer des poèmes, des déclarations à la gloire de l'Etat Unique. Parmi ces numéros, D-503 créateur du vaisseau l'Integral qui de décide à prendre la plume à travers un recueil de notes qu'il nommera Nous autres.

D-503 nous décris ainsi son monde de paix, sa vie régulée et réglée par une Table des Heures qui va jusqu'à indiquer le nombre exacte de mastications idéalement calculée pour les repas, une société où "nous" compte bien plus que "je".
L'Etat Unique protège les siens, et chacun sait se sacrifier pour L'Etat Unique et ne pas en être capable est bien un signe d'égoïsme. L'Etat Unique est l'Eden retrouvé, protégé par ses Gardiens. Un monde ou le désir n'existe plus et est contrôlé via des coupons où chacun peut prendre qui il/elle veut mais dans le respect des Heures. Un monde où rien n'est caché, mur de verre et absence de rideaux sont de simples détails mais qui en disent beaucoup. L'Etat Unique protège le bonheur.

Mais, tout n'est pas contrôlable, et des choses aussi immatérielles que l'imagination et l'amour sont des fléaux. Et malheureusement pour lui, le narrateur va les subir tous deux sous différentes formes, à travers une simple rencontre...
le récit à la gloire de "nous autres" ne deviendra plus qu'une reflexion sur lui même, ses doutes, ses questions. le temps passé et barbare qu'il blâme tout le long de ses notes deviendra malgré lui une obsession sur laquelle il reviendra sans cesse... le "je" prendra petit à petit la place du "nous" mais la conscience du narrateur le torturera dés cette rencontre, car il en était dénué avant ; jusqu'au dénouement final qui ébranlera ses convictions, anciennes comme nouvelles, avec un choix ultime à faire...

Nous autres débutent comme le meilleur des mondes, un monde utopique où le désir est abolis ou plutôt sous contrôle, puis petit à petit glisse vers 1984, une figure paternelle protectrice, un héros qui se cache dans un autre appartement pour vivre ses désirs qu'il ne connait pas et n'accepte pas, il va jusqu'à parler d'un autre lui et d'une maladie.
Ce livre est plus qu'un simple livre de fiction quand on regarde sa date d'écriture et la nationalité de Zamiatine. L'auteur à travers son personnage s'adresse bien au reste du monde. Ancien bolchévique et membre du Partis, il voit parfaitement la dérive à venir pour son pays, et pour d'autre quand l'extrémisme d'une pensée née.

Le meilleur des mondes et 1984 (encore eux) n'ont rien de glorieux une fois Nous autres refermé, il est peut être encore plus inquiétant car l'auteur a parfaitement entrevus l'avenir. le livre de Zamiatine est parfois hallucinatoire dans les descriptions étrange des rêves du "héros", parfois confus et dur à suivre mais la réflexion est bien là.
le livre me fait froid dans le dos car oui, ses idées sont presque bonnes et logiques : oui le bonheur de tous signifie le sacrifice de chacun, pour retrouver l'Eden il nous faut abandonner une chose simple et idiote et qui fait de nous des humains : notre humanité...

1984 reste ma référence, il est plus triste, plus proche de la population, il est aussi plus inquiétant et oppressant, c'est un monde gris. Mais Nous autres pose bien plus de réflexion, oui Nous autre est complet et bien plus à notre porte car l'abrutissement de 1984 n'est pas total dans Nous autres surtout du fait que son narrateur est plus "cultivé/civilisé" que celui d'Orwell, le monde de Nous Autres est un monde plein de vie et de couleur, avec de petite touche de gris et des fautes mais son Etat Unique vieille au grain...

Les seuls défaut de Nous autres sont bien ses passages où le narrateur part dans ses délires visuels et qui sont difficiles à suivre (D-503 parle lui même de délire)...



200 pages de notes de D-503, 200 pages d'avertissement de Zamiatine, aussi bien pour les habitants que les dirigeants du mondes.

Je finirai cette réflexion mathématique de l'infini : l'infini a cette particularité qu'il est infini justement. Alors comment un état qui vient au pouvoir par une révolution peut il parler de dernière révolution ? le danger ne vient pas toujours d'eux mais parfois de nous autres...
(oui il me fallait être pseudo philosophique sur la fin).


PS : le site infokiosque.net offre une version ligne et en .pdf du livre si vous souhaitez le lire gratuitement et librement (et ainsi éviter à votre bibliothèque d'être la cible d'un futur autodafé ^^).
PPS : En complément de ce que j'ai écris au début de cette critique il existe encore d'autre oeuvres, souvent des nouvelles, qui ont donné naissance au style bien propre de la dystopie. Il ne tient qu'a vous de les trouver, ou qu'elle vous trouve ^^ (bon, cependant il est reconnus que Nous autres est la première véritable contre-utopie).
PPPS : Et merci à La Brigade Chimérique !
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