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Critique de bobfutur


Une rencontre en nette demi-teinte avec cette nouvelle voix de la francophonie.
Peut-être pas la meilleure façon d'entrer dans une oeuvre qui a le mérite de ne pas être classée facilement, alors que nos grilles de lecture se resserrent avec les années.
Nos chers exégètes de la pensée unique subventionnée ont d'ailleurs affublé cet auteur du titre « d'OVNI de la rentrée littéraire 2016 », l‘appel aux soucoupes volantes n'étant rarement bon signe, démontrant un usage sans nuances de cases bien délimitées…

Ali Zamir est comorien, de cet archipel à l'histoire ultra-compliquées, faite de dominations successives, ayant au moins le mérite d'un constant brassage culturel entre Afrique continental, Moyen-Orient et Europe.

Le piège, dans lequel tout le monde tombe forcément, est de parler de cette origine en préambule. On aimerait beaucoup pouvoir faire fi de ceci, et se limiter à chroniquer une histoire racontée par une personne. C'est bien-sûr illusoire, et sûrement hors-sol, considérations limitant le terroir de l'artiste, et de sa prévalence de vision… Pourtant, les développement « indigénistes », voire « platistes » pour les plus engagés, obligent à ce genre de bêtises, marchant sur des palettes d'oeufs de poules élevées en plein air.

L'incontournable écueil de son utilisation de la langue française ne pourra encore être évité : oui, c'est du haut-vol, utilisant des mots que seul une version encyclopédique de nos chères marques de dictionnaire renseignent — ou pour certains, l'excellent « Dictionnaire des mots rares et précieux » dirigé par Jean-Claude Zylberstein — comme souvent avec cette francophonie exogène, cédant aux deux côtés du spectre contemporain le loisir d'en tirer leurs conclusions, laissant le silencieux pragmatique en carafe au milieu, un chat dans la gorge à force de se la racler, irrité à se dire « mais merde, pourquoi ai-je encore besoin de dire tout cela ? »

Et bien c'est que l'histoire que nous conte l'ami Ali Zamir, à l'apparence d'innocent fabliau, n'est finalement pas un conte moral… Vous me direz, tant mieux… il est quasiment punk dans sa manière de situer (ou justement de ne pas..) le bien et le mal… mais sans rien en faire de bien questionnant non plus…

Et puis cette langue vibrionnante, mise en mots plus que soutenue des pensées d'un individu présenté comme plus que modeste, barbouille encore le tableau : inutile d'attendre en premier lieu de la cohérence, bien que le doute demeure… cette amorce de poésie en prose, multipliant les rimes hésitantes à versifier, apparait plutôt vaine alors que se déroule l'intrigue, et qu'elles sont progressivement abandonnées, comme fatiguées de cette course de chariots.

On referme cette histoire lue d'une traite avec un drôle de sentiment, considérant sa réception par nos prescripteurs culturels davantage contingentée par son origine que son contenu, celui-ci transposé dans un univers familier aurait semblé bien plus daté… Il est vrai que l'éditeur en réfère à un « Pagnol de l'Océan Indien ».
Son premier livre est dans les parages, on verra bien…
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