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Critique de gill


Le père, la mère, le fils et la tragédie humaine ...
Trois pièces de théâtre pour un seul propos, celui de la fragilité de la destinée :
le père est atteint de la maladie d'Alzheimer, la mère est dépressive et le fils l'est aussi mais avec, en plus, une nette tendance suicidaire affichée.
Même si ce n'est pas clairement exprimé par l'auteur, le destin des mêmes personnages semblent s'entrecroiser dans cette poignante trilogie de théâtre.
Dès les première lignes, on ressent la détresse et l'incompréhension d'Anne, la fille d'André face à l'attitude de son père : son déni de la maladie, sa posture de défense par rapport à la désorientation et la paranoïa du vol.
La situation est à la fois claire et embrouillée.
La maladie n'est à aucun moment ni nommée, ni identifiée.
Les indications de mise en scène, les répétitions, les allers et retours spatio-temporels installent dans le rythme de la pièce l'effet de la désorientation que ressent André.
L'auteur nous emmène, sans que l'on puisse y résister, dans un tourbillon d'émotions, de quiproquos et de tristesse.
C'est là, fine analyse et juste description de la part de Florian Zeller.
Peut-être y a-t-il un brin de "souvenez-vous" et de "il faut se souvenir" en trop.
Mais qu'importe, la pièce, "le père", est brillante, intelligente et écrite de main de maître.
L'émotion est installée, sans apitoiement inutile.
La pièce a été jouée pour la première fois en 2012 au Théâtre Hébertot, elle a été reprise en 2015 à la comédie des Champs-Elysées.
Elle est, d'après le "the Guardian" et "the Times", la meilleure et la plus acclamée des pièces de sa décennie.
Elle a été adaptée déjà à deux reprises sur le grand écran.
D'abord, en 2015, avec "Floride" de Philippe le Guay avec Sandrine Kiberlain et Jean Rochefort.
Mais aussi, en 2020, avec "the father" de Florian Zeller himself, avec Olivia Colman et Anthony Hopkins ...
"La mère" est un charivari de scènes savamment orchestré, installé entre une fin de journée et un petit déjeuner.
La réalité se fait mouvante dans l'entrecroisement de la vie de deux couples, dans la description de l'amour, qu'il soit filial ou marital.
La vie des uns se délite, s'écoule et s'enfuit pour que les autres puissent vivre la leur, qui seront un jour, on le suppose, rattrapés à leur tour.
Florian Zeller a une façon unique d'appréhender les relations humaines.
Il est un homme de théâtre efficace.
Il ne laisse aucune chance à l'indifférence, à la tiédeur.
La dernière des trois pièces, "le fils", est l'aboutissement de la tragédie.
Florian Zeller y ajoute à ses effets de scène un jeu de décor éparpillé.
Comme si l'objet devenait soudain le symbole de la vie dévastée.
La trilogie se clôt sur une note de vertigineuse tristesse, sur une touche de profond désespoir.
Mais la beauté de ces trois textes de scène, leur profondeur et leur fine sensibilité en font trois petits bijoux de théâtre, de ce théâtre qu'on aime ...


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