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Critique de fbalestas


Oscarisé dimanche 25 avril pour le scénario de son premier film, « The Father », avec Anthony Hopkins – excusez du peu - j'ai eu envie de découvrir l'écriture de Florian Zeller, l'auteur de cette trilogie théâtrale : « le Père, la Mère et le Fils ».
« The Father » est en effet adapté de sa pièce de théâtre, créée en 2012 et qui a été récompensé par trois Molières en 2014, dont celui de la Meilleure pièce. Jouée dans le monde entier, elle fait partie d'une trilogie théâtrale avec La Mère (2010) et le Fils, mis en scène en 2018 avec Yvan Attal et Rod Paradot.
« le Père « a été un triomphe en France à et l'étranger où The Guardian la qualifie de "meilleure pièce de l'année" tandis que le Times la consacre "meilleure pièce de la décennie".

Gros coup de poing dans le ventre donc pour moi à la lecture de ce jeune créateur, auteur français le plus joué au monde, avec l'histoire de ce père – André - probablement atteint de la maladie d'Alzheimer (mais la pièce ne donnera aucun détail), confronté à sa fille, Anne qui tente de trouver une aide à domicile que son père pourrait supporter. André perd ses affaires, sa montre par exemple, et il accuse les aides à domicile dans une forme de paranoïa. Sa fille Anne tente de lui expliquer qu'elle va partir vivre avec le nouvel homme de sa vie à Londres. Mais le père ne l'entend pas. Un peu plus tard, confronté à un homme qu'il ne connaît pas, André lui demande ce qu'il fabrique chez lui. Il s'avère que cet homme est Pierre, le mari d'Anne, et qu'ils hébergent le père d'Anne pour quelques temps, en attendant de trouver une nouvelle aide soignante qu'André pourrait supporter.
Mais pour combien de temps ? Et là, il n'est plus question de Londres ni de départ d'Anne pour l'Angleterre. Est-ce un rêve ? Un cauchemar ? de temps en temps « Pierre » s'appelle « L'homme » et même « Anne » redevient « La femme » mais elle n'a plus de mari, elle vit seule et André n'en finit pas de trouver que « Quelque chose ne tourne pas rond » dans cette histoire.

Quiconque a été confronté à une personne atteinte d'une maladie de type Alzheimer comprend très vite que les dialogues de Florian Zeller font mouche. Il réussit parfaitement à retranscrire l'état de confusion dans laquelle se trouve la personne qui ne reconnaît plus le décor autour d'elle, ne trouve plus ses objets habituels, et bientôt ne reconnaîtra plus ses proches.

Dans « La mère », on découvre le personnage d'une femme névrosée, outrageusement attachée à son fils, jalouse de sa petite amie, et malade de son absence de nouvelles.
Alors quand il débarque, à l'improviste, en pleine nuit, la mère est folle de joie. Mais est-ce réel ou est-ce un fantasme ? Son fils Nicolas a-t-il quitté sa petite amie Elodie comme sa mère en rêve, ou bien est-ce le contraire ?
Et si elle revient, pleine de remords, comment la mère l'accueillera-t-elle ? Va-t-elle transmettre la lettre qu'elle a écrite à Nicolas ou la déchirera-t-elle en mille morceaux ?
« Calmez-vous », lui dit la fille. « Tout va bien se passer maintenant. Vous allez vieillir seule. Triste et seule. Chut … Plus personne ne s'intéresse à vous. Vous allez beaucoup souffrir, et tout va rentrer dans l'ordre. Calmez-vous … »

Enfin « le fils », peut-être la pièce la plus cruelle des trois, met en scène un homme, Pierre, père d'un fils adolescent, Nicolas, qu'il a eu avec Anne, qu'il a quitté pour vivre avec une autre femme, Sofia, avec qui il vient d'avoir un petit Sacha. Mais Nicolas ne va pas bien. Il est resté vivre avec sa mère, mais ne cesse de la harceler parce qu'il va mal. Il fuit son lycée. Il demande alors à son père de venir vivre avec lui et Sofia, avec leur petit Sacha.
Mais entre jalousies d'un côté, rancoeur de l'autre, rien ne va se passer comme on l'espère, et ce jusqu'au drame final.

Florian Zeller excelle à mettre en scène nos failles, nos lâchetés, nos faiblesses ou nos culpabilités. Certes il caricature les propos, mais ceux-ci sont vraiment très proches des réalités que nous vivons …
En refaisant vivre les mêmes scènes, comme pour une névrose, mais avec des points de vue différents, ou en changeant juste quelques mots qui vont faire basculer l'intrigue, il met en valeur les enchaînements psychologiques dans lesquels nous sommes très souvent imbriqués. J'ai été marquée par cette écriture en apparence banale, mais certainement très retravaillée, qui fait mouche avec des dialogues "taillés au cordeau" .

En dirigeant Anthony Hopkins Florian Zeller a réalisé le rêve de sa vie et repart avec l'oscar du meilleur scénario. "Ça un sens d'autant plus fort que j'ai écrit ce scénario pour Anthony Hopkins, j'ai pensé ce film pour lui et donc de pouvoir partager avec lui cette émotion et cette joie, c'est quelque chose de très fort", a expliqué Florian Zeller à France Télévisions.

Nul doute que le film, s'il est tiré d'un texte aussi fort que celui de cette pièce, connaîtra un grand succès – en tout cas de mon côté j'ai vraiment hâte de le voir. Rendez-vous est pris pour le 09 juin.
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