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Critique de HautVaure


Semi-déception que ce Destin français d'Éric Zemmour. “Semi” parce que je n'en attendais pas monts et merveilles, l'ayant acheté en grande partie pour Catherine qui avait manifesté sa curiosité envers lui. Ma moitié de déception vient de ce que, justement, c'est à peine un livre : plutôt un ensemble de courtes dissertations, chronologiquement empilées et rangées dans une chemise cartonnée afin d'être soumises à l'examinateur. On pourrait aussi considéré ces copies comme les simples énoncés de travaux ultérieurs, plus approfondis. En l'état, ce n'est pas bien passionnant ; d'abord parce que quiconque s'est un peu intéressé à l'histoire n'y trouvera pas grand-chose à glaner qu'il ne sache déjà. Ensuite pour la raison qu'un tel exercice aurait nécessité un écrivain, ce que Zemmour, tout brillant journaliste qu'il puisse être, n'est pas ; ou “pas assez” : ce déficit de plume, si je puis dire, accentue encore le côté scolaire de l'exercice. Néanmoins, ce livre, ou ce plan de livre, trouvera ses amateurs et ses thuriféraires (la prophétie est sans mérite, vu le nombre d'exemplaires qu'il doit déjà avoir vendus…) ; pas auprès des gens férus d'histoire, je l'ai dit, mais plutôt chez ceux qui cherchent dans le passé des réponses aux questions présentes, sans avoir le bagage historique suffisant pour les en dégager d'eux-mêmes. À ceux-là, Zemmour “mâche le boulot”, et ce qui les réjouira est ce qui m'agace : ces allers et retours incessants entre les époques, ces multiples analogies temporelles, cousues de fil fluo afin d'être sûr qu'il n'échappe jamais au lecteur ; sans même parler de la petite “fiche pratique” qui conclut presque chaque chapitre, et qui transforme le livre en une sorte de guide ou de manuel, très facile à utiliser lors des dîners en ville ou des blablateries sur les blogs. Il n'y manque pas non plus les trois ou quatre appeaux à journalistes, garantissant les articles polémiques et les invitations de plateaux de télévision (Pétain et De Gaulle, l'islam, le féminisme…). Enfin – c'est secondaire, mais pas tant qu'il n'y paraît –, ces presque six cents pages auraient gagnées à être mieux relues, par l'auteur comme par l'éditeur, afin d'en éliminer les petites bourdes qui font sourire. Comme, par exemple, le commissaire Javert qui, sautant à pieds joints des Misérables à la Comédie humaine, se métamorphose en commissaire Chabert, ou encore le comte de Mortcerf de Dumas qui devient Montcerf. On me dira que ce n'est rien, que ce sont là bénignes bévues. Certes ; il n'empêche qu'elles ont tendance à jeter un certain voile de discrédit sur tout le reste, le lecteur se mettant à soupçonner qu'erreurs et approximations peuvent tout aussi bien entacher les parties que sa pauvre culture pleine de trous ne lui permet pas de maîtriser. Toutes ces réserves étant faites, ce livre a probablement son utilité et même son intérêt, surtout dans ce temps où les historiens girouettes (id est : dans le vent) ont à coeur de nous vendre une France totalement diluée dans des courants de populations continuels depuis l'aube des temps, et qui n'aurait jamais pu exister sans l'indispensable apport de tous ses “migrants”, bienfaiteurs et bienfaisants. Disons que j'aurais pu, moi, me dispenser sans grande perte de le lire.

Didier G.
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