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EAN : 9782226320070
576 pages
Albin Michel (12/09/2018)
3.68/5   76 notes
Résumé :
« Je savais où je voulais vivre, avec qui je voulais vivre, et comment je voulais vivre. À mes yeux médusés d'enfant, le mot France brillait de tous les feux : histoire, littérature, politique, guerre, amour, tout était rassemblé et transfi guré par une même lumière sacrée, un même art de vivre mais aussi de mourir, une même grandeur, une même allure, même dans les pires turpitudes. La France coulait dans mes veines, emplissait l'air que je respirais ; Je n'imaginai... >Voir plus
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Voici donc Eric Zemmour, candidat obstiné mais malheureux à l'ENA, journaliste depuis 22 ans au Figaro le journal de la bourgeoisie bien pensante mais aussi à Valeurs actuelles, hôte régulier des télévisions - voici donc ce fidèle serviteur du système marchand voulant se présenter aujourd'hui à nous en rebelle.
Dès 1985, Guy Debord, dans ses Notes sur la "Question des immigrés", apporta une réponse préventive à tous ces petits récupérateurs de l'ordre réactionnaire, dissimulant fort mal leurs affinités avec la vieille France versaillaise, pétainiste et cléricale. A tous ces falsificateurs de la réalité historique qui feignent de se poser en ligne de défense d'une culture française déjà détruite par les logiques économico-politiques du système marchand. Qui en effet peut encore ignorer que la disparition de la culture suit, d'une manière exactement proportionnelle, le mouvement de marchandisation du monde; en gros et en détail.
Sans honte, ces menteurs maladifs prétendent rendre responsables de cette destruction les migrants qui sont les premières victimes de la domination marchande mondialisée. Dresser les pauvres contres les pauvres pour faire oublier qui sont les véritables profiteurs de ce système inique. Qui sont les véritables fossoyeurs de la culture, des cultures.
"Dans le spectacle, une société de classes a voulu, très systématiquement, éliminer l'histoire. Et maintenant on prétend regretter ce seul résultat particulier de la présence de tant d'immigrés, parce que la France "disparaît" ainsi ? Comique. Elle disparaît pour bien d'autres causes et, plus ou moins rapidement, sur presque tous les terrains.
Les immigrés ont le plus beau droit pour vivre en France. Ils sont les représentants de la dépossession; et la dépossession est chez elle en France, tant elle y est majoritaire, et presque universelle. Les immigrés ont perdu leur culture et leur pays, très notoirement, sans pouvoir en trouver d'autres. Et les Français sont dans le même cas , et à peine plus secrètement."
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Après le suicide français paru en 2014 puis Un quinquennat pour rien deux ans plus tard, Eric Zemmour revient en librairie. Cette fois, le polémiste (ou présenté comme tel) propose un essai-fleuve, autour de l'Histoire de France, son Histoire de France. Destin français, c'est le titre de ce nouvel ouvrage publié chez Albin Michel, un ouvrage qui a tôt fait de déclencher plusieurs polémiques, rarement autour du livre lui-même. Lettres it be vous livre sa critique sur ce retour d'Eric Zemmour aux affaires.

Quatrième de couverture :

« Je savais où je voulais vivre, avec qui je voulais vivre, et comment je voulais vivre. À mes yeux médusés d'enfant, le mot France brillait de tous les feux : histoire, littérature, politique, guerre, amour, tout était rassemblé et transfiguré par une même lumière sacrée, un même art de vivre mais aussi de mourir, une même grandeur, une même allure, même dans les pires turpitudes.
La France coulait dans mes veines, emplissait l'air que je respirais ; je n'imaginais pas être la dernière génération à grandir ainsi.
Il ne faut pas se leurrer. le travail de déconstruction opéré depuis quarante ans n'a laissé que des ruines. Il n'y a pas d'origine de la France, puisque la France n'existe pas, puisqu'il n'y a plus d'origine à rien.
On veut défaire par l'histoire ce qui a été fait par l'Histoire : la France. L'Histoire est désormais détournée, occultée, ignorée, néantisée. L'Histoire de France est interdite. On préfère nous raconter l'histoire des Français ou l'histoire du monde. Tout sauf l'Histoire de France.
Mais cette Histoire se poursuit malgré tout et malgré tous. Elle a des racines trop profondes pour être arrachées. Elle s'est répétée trop souvent pour ne pas se prolonger jusqu'à aujourd'hui. Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Les mêmes lois s'imposent au-delà des générations.
L'Histoire se venge. »

Après le phénoménal best-seller le Suicide français, Éric Zemmour se livre avec force et sans tabou à une analyse de l'identité française en réhabilitant ses fondations.

# L'avis de Lettres it be

C'était un retour attendu non seulement par les admirateurs d'Eric Zemmour mais aussi et surtout par ses plus fervents détracteurs. Au-delà de la valeur intellectuelle des livres du natif de Montreuil, l'intérêt de ses retours en librairie est surtout porté du côté des médias. Eric Zemmour dans les médias est ce que l'on appelle couramment un « bon client ». Quand bien même ses livres ne comprennent pas d'éléments acides et potentiellement à débattre, présentateurs et chroniqueurs trouveront toujours de quoi faire le buzz. Ce fut le cas autour de Destin français, le livre à peine sorti, avec la querelle entre Eric Zemmour et Hapsatou Sy autour des « prénoms ». de fil en aiguille, la promotion du livre était faite, et les audiences assurées. Finalement, tout le monde y trouvait son compte : Destin français truste le podium des meilleures ventes sur Amazon, Hapsatou Sy lance sa propre chaîne TV, et les audiences étaient au beau fixe sur tous les plateaux. Mais, finalement, qu'en est-il de ce livre ?

Un manuel d'Histoire. C'est finalement en ces quelques mots qu'il serait possible de résumer le nouvel ouvrage d'Eric Zemmour. Mise à part une introduction intimiste où l'on retrouve la pensée profonde et la vie de ce lui qui officie encore dans Zemmour & Naulleau le mercredi sur Paris Première, les nombreux chapitres qui composent ce livre sont autant de morceaux d'Histoire, de ces grands personnages à ces monuments qui ont fait et font (défont ?) encore notre pays. Eric Zemmour s'attèle à livrer sa vision, appuyé par les faits, les dates et les événements. Loin de toute polémique, ce livre nous offre donc la possibilité de percer les mystères et les fausses légendes tissées au fil des âges. Et même s'il faut conserver une certaine distance du fait de l'auteur de ce livre comme pour n'importe quel autre d'ailleurs (la subjectivité personnelle ne reste jamais trop loin), force est de constater que Destin français revêt un intérêt manifeste, certain. de Clovis au Général de Gaulle, de Charles VII à Notre-Dame-de-Paris, l'Histoire reprend forme, reprend vie. Par un passionné, c'est certain, désireux de remettre au goût du jour des questions pensées comme bien trop établies. Une gymnastique intellectuelle qui, même si incitée par Eric Zemmour, fait du bien.

Vous l'aurez compris à la lecture des lignes précédentes, ce nouveau livre d'Eric Zemmour est bien loin des positions fermes et engagées du Premier Sexe (paru en 2006) ou du Suicide français. le journaliste et écrivain ne s'est peut-être pas assagi, mais laisse désormais de la place dans ses travaux à exprimer ce qui a pu le forger, le faire comme nous pensons le connaître. Une Histoire de France, celle d'un homme parmi tant d'autres, à comprendre plutôt qu'à juger, à percer plutôt qu'à rejeter. Aimez Eric Zemmour, détestez-le : mais Destin français doit être lu, au moins pour savoir pourquoi.

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Que l'on aime ou que l'on déteste le polémiste et homme de télévision qu'est Eric Zemmour est une chose personnelle, mais l'on ne saurait cependant lui reprocher sa (grande) culture littéraire.
Seul hic, peu d'entre nous avons eu les mêmes lectures au cours de notre cursus scolaire. Pour autant, l'Histoire de France que l'auteur nous dépeint est riche d'enseignement(s) sur l'identité, l'assimilation, les références et personnages qui ont forgé notre histoire commune.
Dans ce livre confession ou essai, Eric Zemmour dresse une rétrospective de l'Histoire de France et réécrit un peu cette dernière à sa manière, avec ses souvenirs d'enfant émerveillé devant les faits majeurs et héros de notre pays ... mais l'ensemble reste assez conforme aux prises de position de l'auteur. Rien de neuf donc à attendre de cette lecture.
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Destin français

Dans son dernier ouvrage, le Suicide Français Eric Zemmour s'écriait « la France se meurt, la France est morte », il se propose ici de réaliser une rétrospective de l'histoire de France comme un mourant verrait sa vie défiler à quelques secondes de son trépas. Après l'élégie vient l'oraison, une oraison qui se fera dans un silence médiatique incroyable compte tenu des ventes de cet ouvrage. Il s'agit là des conséquences de l'affaire Hapsatou Sy qui auront valu à Eric Zemmour, une expulsion nette et sans bavure du service public après qu'elle se soit plaint de la « violence de ses propos ». Une chance qu'elle ait pu intervenir, rendez-vous compte, on a failli avoir un débat d'idées à la télévision …

De Clovis au comité de Salut Public !

Eric Zemmour nous plonge dans le « roman national » à travers une fresque historique complexe où tous les grands personnages de l'histoire de France se bousculent, de Clovis au comité de Salut Public pour reprendre la formule de Bonaparte si chère à l'auteur. Eric Zemmour assume tout et explique tout à travers le prisme de l'histoire. Selon lui la France revit, en un temps très court, les principales crises de son histoire.

Il prophétise le retour des guerres de religion, se désole de la soumission de la France à l'Allemagne et contemple, un brin mélancolique, l'épopée historique de « la Grande Nation » sombrer peu à peu dans l'oubli. Destin Français est un petit panthéon dressé par l'auteur à la gloire de l'histoire de France et de ses héros mais ceux-ci ne sont pas idéalisés et il ne se prive pas de souligner leurs défauts, leurs échecs ou leurs contradictions. Loin d'être dans la contemplation, Eric Zemmour prend parfois de véritables réquisitoires à l'encontre de certains personnages, c'est notamment le cas de Victor Hugo.

Victor Hugo le chantre de la culture de l'excuse ?

C'est l'une de mes principales divergence avec la pensée d'Eric Zemmour qui estime que Victor Hugo s'est servi d'une de ses oeuvres, le Dernier Jour d'un Condamné pour introduire la culture de la compassion et de l'excuse dans la justice et la société française : « On ne sait rien du crime qu'il a commis. On ne sait rien de sa victime non plus. On ne sait rien du procès, des témoignages, des plaidoiries […] Il n'est pas dans la justice, il n'est pas dans le bien et le mal, dans le juste et l'injuste, il est dans l'émotion et la compassion, la seule compassion pour le criminel ».

Il est vrai qu'on ne sait rien du criminel, de son crime, de sa victime. Peut être était-il politique, passionnel ou crapuleux, personne n'en saura jamais rien. En revanche on sait que Jean Valjean, dans Les Misérables a été condamné à cinq de bagne pour avoir volé une miche de pain qui se transformeront en quelques dix-neuf années après quelques tentatives d'évasion. Difficile de dire après cela que Victor Hugo a fait autre chose que plaider en faveur d'une justice plus adaptée à la criminalité qu'elle est censée juger.

Eric Zemmour explique ensuite que tous les « grands auteurs des Lumières défendent la peine de mort : Montesquieu, Voltaire, Diderot, Rousseau ». Ce n'est pourtant pas le cas du divin marquis qui s'y oppose, peut-être avec plus de hargne qu'Hugo, estimant, à tort ou à raison, que la mise à mort de l'assassin en plus de celle de la victime est préjudiciable à la nature en ce qu'elle lui occasionne deux pertes au lieu d'une. Quant à Rousseau il est favorable à la peine de mort uniquement lorsque l'ostracisme ne fonctionne pas, on ne peut pas franchement dire qu'il soit un fervent défenseur de la peine de mort.

Voltaire cet odieux personnage ?

On entend souvent ici et là, des gens, souvent héritier d'une certaine pensée, citer quelques phrases De Voltaire, le fameux : « Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu'à la mort pour que vous ayez le droit de le dire » qu'il n'a jamais prononcé ou brandir le Traité sur la Tolérance qu'ils n'ont jamais lu ! Lors des débats sur le voile à l'école, on a entendu le nom De Voltaire à tort et à travers et bien des personnes se sont réclamés de sa pensée pour le défendre.

Une simple lecture de l'Essai sur les Moeurs et l'esprit des Nations ou du Traité de Métaphysique, leur aurait appris qu'en plus d'être excessivement élististe, mysogine et antisémite, Voltaire était raciste, un mauvais point pour leur cause à mon humble avis. Quoi qu'il en soit Eric Zemmour dresse un portrait très fidèle du philosophe n'en déplaise à la cohorte de chroniqueurs qui se sont élevés pour dénoncer sa récupération.

Destin Français, d'Eric Zemmour

Paru le 12 septembre 2018 chez Albin Michel

568 pages

24,50 euros

Lien : http://soliloque-critique.ov..
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Semi-déception que ce Destin français d'Éric Zemmour. “Semi” parce que je n'en attendais pas monts et merveilles, l'ayant acheté en grande partie pour Catherine qui avait manifesté sa curiosité envers lui. Ma moitié de déception vient de ce que, justement, c'est à peine un livre : plutôt un ensemble de courtes dissertations, chronologiquement empilées et rangées dans une chemise cartonnée afin d'être soumises à l'examinateur. On pourrait aussi considéré ces copies comme les simples énoncés de travaux ultérieurs, plus approfondis. En l'état, ce n'est pas bien passionnant ; d'abord parce que quiconque s'est un peu intéressé à l'histoire n'y trouvera pas grand-chose à glaner qu'il ne sache déjà. Ensuite pour la raison qu'un tel exercice aurait nécessité un écrivain, ce que Zemmour, tout brillant journaliste qu'il puisse être, n'est pas ; ou “pas assez” : ce déficit de plume, si je puis dire, accentue encore le côté scolaire de l'exercice. Néanmoins, ce livre, ou ce plan de livre, trouvera ses amateurs et ses thuriféraires (la prophétie est sans mérite, vu le nombre d'exemplaires qu'il doit déjà avoir vendus…) ; pas auprès des gens férus d'histoire, je l'ai dit, mais plutôt chez ceux qui cherchent dans le passé des réponses aux questions présentes, sans avoir le bagage historique suffisant pour les en dégager d'eux-mêmes. À ceux-là, Zemmour “mâche le boulot”, et ce qui les réjouira est ce qui m'agace : ces allers et retours incessants entre les époques, ces multiples analogies temporelles, cousues de fil fluo afin d'être sûr qu'il n'échappe jamais au lecteur ; sans même parler de la petite “fiche pratique” qui conclut presque chaque chapitre, et qui transforme le livre en une sorte de guide ou de manuel, très facile à utiliser lors des dîners en ville ou des blablateries sur les blogs. Il n'y manque pas non plus les trois ou quatre appeaux à journalistes, garantissant les articles polémiques et les invitations de plateaux de télévision (Pétain et De Gaulle, l'islam, le féminisme…). Enfin – c'est secondaire, mais pas tant qu'il n'y paraît –, ces presque six cents pages auraient gagnées à être mieux relues, par l'auteur comme par l'éditeur, afin d'en éliminer les petites bourdes qui font sourire. Comme, par exemple, le commissaire Javert qui, sautant à pieds joints des Misérables à la Comédie humaine, se métamorphose en commissaire Chabert, ou encore le comte de Mortcerf de Dumas qui devient Montcerf. On me dira que ce n'est rien, que ce sont là bénignes bévues. Certes ; il n'empêche qu'elles ont tendance à jeter un certain voile de discrédit sur tout le reste, le lecteur se mettant à soupçonner qu'erreurs et approximations peuvent tout aussi bien entacher les parties que sa pauvre culture pleine de trous ne lui permet pas de maîtriser. Toutes ces réserves étant faites, ce livre a probablement son utilité et même son intérêt, surtout dans ce temps où les historiens girouettes (id est : dans le vent) ont à coeur de nous vendre une France totalement diluée dans des courants de populations continuels depuis l'aube des temps, et qui n'aurait jamais pu exister sans l'indispensable apport de tous ses “migrants”, bienfaiteurs et bienfaisants. Disons que j'aurais pu, moi, me dispenser sans grande perte de le lire.

Didier G.
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critiques presse (3)
Lexpress
23 novembre 2018
Non, ce livre n'est pas nul. Non, il ne fourmille pas d'erreurs historiques. Il témoigne de la part de l'auteur d'un vrai travail et d'une indiscutable culture. Il contient même quelques passages heureux ponctués de vues originales.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Lexpress
14 septembre 2018
Qu'en conclure? Aux quatre coins du Vieux Continent se lève le vent mauvais du nationalisme, et le zemmourisme s'avère incapable d'offrir une position de résistance crédible.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Lexpress
11 septembre 2018
Sur le bandeau de couverture, un homme costumé de bleu, au regard sombre. Et ce slogan : "Quand l'Histoire se venge". Voici le nouveau - et passionnant - Zemmour. Son titre : Destin français.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (49) Voir plus Ajouter une citation
Un jour, mon grand-père paternel me montra un des timbres qu'il collectionnait. Un combattant à la mine farouche, la tête surmontée d'un turban, brandissait un fusil. Un seul nom barrait l'image : Zemmour. C'était une tribu berbère célèbre, m'expliqua le vieil homme. Une des dernières à se soumettre à la France, bien après la prise de la smala d'Abd el-Kader, que j'avais étudiée à l'école. Mon sort se compliquait : j'avais été colonisé par la France, et j'avais même farouchement résisté à l'envahisseur. Comme Astérix face à Rome. Les Gaulois étaient devenus des Gallo-Romains, après avoir pris goût à la paix et à la civilisation romaine. Mes ancêtres à moi étaient devenus des Berbéro-Français, après avoir pris goût à la paix et à la civilisation française. Les Gallo-Romains avaient adopté les prénoms latins et endossé les toges romaines, appris à parler et à lire le latin ; ils disaient : « À Rome, on fait comme les Romains. » Mes aïeux avaient donné des prénoms français à leurs enfants, lu Victor Hugo et endossé les costumes et les robes de Paris, jusqu'à cette minijupe si « indécente » que ma mère arborait dans les rues de la capitale, à la place des djellabas et burnous arabes que leurs grands-mères avaient pourtant portés. L'histoire se répétait. Je la croyais immuable alors que j'étais là encore la dernière génération à la répéter. Dès la fin des années 1980, je compris que quelque chose ne tournait plus rond en ce beau pays de France : ceux qui nous avaient succédé dans les HLM de Montreuil ou de Drancy s'appelaient Mohamed ou Aïcha et non Marc et Françoise ; des voiles islamiques couvraient la tête de quelques jeunes filles ; leur langue était un sabir qui dédaignait la syntaxe française ; et il commençait à se murmurer que, dans nombre de lycées de banlieue, des adolescents refusaient d'étudier « votre » holocoste, « votre » croisade, mais aussi « votre » Voltaire, « votre » Flaubert, « votre » Révolution française...
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Dès l’enfance, j’avais compris que la France était ce pays singulier fait de héros et d’écrivains, de héros qui se prétendaient écrivains, et d’écrivains qui se rêvaient en héros. Plus tard, avec Braudel, j’ai appris qu’il y avait aussi des Français qui travaillaient, produisaient, créaient, vendaient, achetaient, participaient à l’« économie-monde ». Le Roy Ladurie et tant d’autres m’ont enseigné qu’il y avait aussi, et surtout, des paysans qui labouraient, nourrissaient, souffraient. Avec Philippe Ariès, j’ai appris qu’il y avait aussi des enfants, choyés ou délaissés. Mais la France était ce pays unique où « l’intendance suivait », du moins dans son imaginaire. La France était ce pays fait à coups d’épée mais aussi de mots, par des cardinaux qui avaient l’épée au côté, et des littérateurs qui avaient la langue effilée comme une rapière.
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Je crois plus que jamais que la France n’est pas en Europe, mais est l’Europe. Elle est espagnole par les Pyrénées, italienne par Nice et la Provence, allemande par Strasbourg et le Rhin, anglaise par la Bretagne : « L’originalité de la civilisation française fut de fondre et d’amalgamer des éléments méditerranéens et des éléments barbares… La France fut, par sa côte méditerranéenne, en contact intime avec les mondes grec, romain, byzantin ; par sa côte atlantique, avec les Vikings scandinaves ; par sa frontière pyrénéenne, avec l’islam ; par le Rhin, avec les Barbares. Ce mélange la sauva de l’éternel provincialisme de l’Europe centrale. »

En 1810, la France incorporait en son sein les provinces belges, rhénanes, italiennes. J’amuse beaucoup mes amis, surtout ceux venant de ces contrées-là, en leur disant qu’à mes yeux, ils sont toujours français. Ils ne se doutent pas à quel point je suis sérieux. Il n’y a aucune différence, selon moi, entre Nice et Turin, Strasbourg et Cologne, Lille et Bruxelles ou Anvers. La France n’est pas une race ; elle est l’héritière de l’Empire romain ; le destin historique de cette nation, comme le disaient Jacques Bainville ou Maurice Barrès, est de poursuivre la tâche de « civilisation » commencée sous les auspices du légionnaire romain au-delà du Rhin.

Écrire l’Histoire de la France, c’est pour moi monter et descendre inlassablement le même escalier : comment l’Église a fait un roi ; comment le roi a fait la nation ; comment la nation a fait la République ; comment la République a fait la grande nation ; comment la grande nation est devenue puissance moyenne ; comment la puissance moyenne est en danger de mort. L’historien Pierre Nora résume cet escalier par une formule cruelle et magnifique : « Je pense que le passé de la France est plus intéressant que son avenir. La France sait qu’elle a un futur, mais elle ne se voit pas d’avenir. »
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L’Algérie ne sera ni l’Amérique du Nord, expurgée de ses premiers habitants, ni le Mexique et l’Amérique du Sud, où les Espagnols se mélangèrent aux Indiens après qu’ils les eurent convertis au catholicisme. L’Islam est à la fois une identité, une religion, et un système juridico-politique. L’Islam est le nœud gordien de cette affaire algérienne que la France n’a jamais osé trancher.

La France humaniste et révolutionnaire est restée au milieu du gué. Jacques Soustelle veut croire encore à la « fraternisation » des deux peuples, le pied-noir et le musulman. Il y a de la naïveté sentimentale chez Soustelle, celle du savant saisi par la politique, quand il intitule son livre sur l’Algérie L’Espérance trahie : comme si le propre d’une espérance politique n’était pas d’être trahie ! Mais il y a aussi une grande lucidité quand il explique que les assassins du FLN s’en prennent avant tout à leurs coreligionnaires musulmans – et de la manière la plus sauvage – pour leur imposer la « domination d’un groupe d’aventuriers racistes, totalitaires et d’inspiration communiste ».

Soustelle est un ethnologue trop subtil pour croire aux mirages de l’assimilation pure et simple – et en cela il n’est pas l’héritier direct de Jules Ferry –, mais il demeure un républicain de gauche qui croit en l’Homme. Dans la querelle portée avec maestria par Joseph de Maistre dans Considérations sur la France (« Il n’y a point d’homme dans le monde. J’ai vu dans ma vie des Français, des Italiens, des Russes ; je sais même, grâce à Montesquieu, qu’on peut être Persan ; mais quant à l’homme je déclare ne l’avoir rencontré de ma vie ; s’il existe c’est bien à mon insu. »), de Gaulle est du côté du réactionnaire de Maistre, Soustelle est avec les révolutionnaires universalistes pour qui, comme il le dira lui-même, « il n’y a aucune différence entre un paysan cévenol et un paysan kabyle ». On notera cependant qu’il parle des Kabyles – berbères convertis de force à l’islam, des siècles plus tôt – et non des Arabes. Tout à son mirage romantique mexicain, il oublie seulement qu’en cent trente années de colonisation il n’y a pratiquement pas eu de mariages mixtes entre pieds-noirs et Arabes.
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C’est l’histoire d’un messie revenu sur terre pour se venger. Une histoire sainte renversée, retournée, profanée. Où la colère de Dieu se fait loi du talion ; où les méchants sont punis de leur méchanceté, où les traîtres paient leur trahison ; où si les puissants ne gagnent pas, les faibles et les pauvres ne perdent pas. Un conte moral à force d’immoralité. Une machine à mensonges qui débite la vérité. Une épopée de la vindicte, une Odyssée moderne, qui passionne les foules dès sa publication dans le Journal des débats, d’août 1844 à janvier 1846, sous forme d’un roman-feuilleton de cent cinquante épisodes. Le livre de mille cinq cents pages prend alors sa forme définitive ; le comte de Monte-Cristo devient un de ces héros de fiction que le monde entier, par-delà les différences de races et de civilisations, s’approprie comme un frère, à la fois romanesque et réel, charnel et éternel, étranger et proche : un archétype universel. Un mythe.

Notre héros détruit la méchanceté par la méchanceté, la félonie par la félonie, le crime par le crime. Et l’argent par l’argent. Le comte de Monte-Cristo est la version française et romanesque des thèses de Karl Marx : « Les humiliés et les offensés n’ont jusqu’ici eu de l’indulgence pour les salauds de ce monde que sous différents prétextes. Il s’agit de se venger d’eux. »
[...]
Edmond Dantès est revenu à Paris en 1838, sous la monarchie de Juillet. C’est le règne de tous les possibles et de toutes les injustices ; de toutes les fortunes et de toutes les misères. La bourgeoisie a supplanté la noblesse ; elle a asservi le prolétariat. Le comte de Monte-Cristo use d’anciens attributs aristocratiques, la force, l’audace, l’intrépidité, pour venger ceux qui n’ont rien. Il est le grand consolateur. Le révolutionnaire communiste italien, Antonio Gramsci, expliquera un siècle plus tard qu’à ses yeux la figure philosophique du « surhomme » forgée par Nietzsche sort toute casquée du roman d’Alexandre Dumas. « Quoi qu’il en soit, on peut affirmer que beaucoup de la prétendue surhumanité nietzschéenne a comme origine et modèle doctrinal non pas Zarathoustra, mais Le Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas. »
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