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Critique de Woland


ISBN : 978-2226254757


Sur "Le Suicide Français", il y a moult et moult choses à dire et, me connaissant comme je me connais, je serai encore là à quatre heures du matin, demain, si je ne fais pas un effort pour retenir mon clavier. Je vais donc essayer d'être brève et je dirai :

1) que, tout d'abord, son auteur appartient à la race des polémistes. Or, qui dit polémique inclut toujours plus ou moins dans le terme un zeste de provocation. Zemmour, comme tous les bons polémistes, est comme un vaccin qu'on vous injecte afin de susciter en vous une réaction destinée à vous immuniser. Certains réactions sont plus âpres que d'autres et, avec Zemmour, vaccin puissant s'il en est, c'est toujours très fort . Donc, si vous êtes une petite nature ou si vous vous sentez trop bobogôôôôôôchïsé, passez votre chemin : c'est plus sage ;

2) qu'aimer un polémiste pour son style, sa culture et son sens imparable de la formule qui tue (ne vous couvrez pas de ridicule en déniant ces trois qualités à Zemmour parce que, même dans la détestation, il faut tout de même rester cohérent. Merci. ) ne signifie pas obligatoirement qu'on lui donne raison sur tout. Ainsi, le point de vue de de Zemmour sur la contraception me fait toujours sourire, voire m'agace un tantinet et si j'accepte ses réserves sur l'avortement, je maintiens qu'une femme doit avoir le droit de choisir à condition, toutefois, qu'elle se soit montrée responsable en prenant régulièrement sa pilule (par exemple) et en ne transformant pas en facilité, surtout quand elle est particulièrement jeune et ignorante, une procédure qui doit, tant en raison du stress physique que des dommages psychiques et moraux qu'elle peut provoquer, tout de suite ou à retardement, rester une exception et ne pas être utilisée avec la désinvolture d'un kleenex ;

3) que oui, on peut soupçonner à bon droit Zemmour de misogynie. Cela dit, question misandrie en particulier et misanthropie en général, il n'est pas mal non plus. En fait, chez Eric Zemmour, il y a quelque chose de ces prophètes bibliques qui aiment à tonner et à prédire le noir le plus absolu, qu'ils le fassent dans les déserts de l'Antique Israël ou dans les rues communautarisées et sur les plateaux télévisés honteusement aux ordres de notre pays. Zemmour a beaucoup de la rudesse, de la volonté de secouer l'opinion et d'élever le peuple à un niveau supérieur de foi qu'avaient ces prophètes-là. Mais attention : sa foi est une foi laïque. Il a beau clamer - et avec quel talent ! avec quel désespoir aussi et quelle sincérité ! - qu'elle se meurt ou qu'elle est morte, Eric Zemmour a toujours foi en la France. Et c'est une foi que je respecte et respecterai toujours, non seulement parce que je la partage mais parce qu'il ne s'agit pas là d'une foi meurtrière et haineuse, martelée par de pseudo-illuminés, mais d'une foi généreuse et constructive, l'étendard flamboyant arboré par ce cortège millénaire de monarques, de serfs, de vilains, de sujets, de révolutionnaires, de citoyens, de résistants, de combattants, d'écrivains, de philosophes (des vrais), d'intellectuels (des vrais, pas des intellos ) qui ont fait la France et qui, aujourd'hui plus que jamais, viennent nous rappeler qu'ils ont existé, qu'ils sont - n'en déplaise à certains traîtres - encore et toujours là, qu'ils sont notre Histoire et qu'ils le sont pour l'éternité ;

4) que non, en dépit de tout ce qu'ont pu prétendre, affirmer, cracher, éructer, vomir et déféquer les médias aux ordres de nos gouvernants, Eric Zemmour ne surgit pas, le couteau entre les dents et l'écume à la bouche, des pages où il traite de l'homosexualité ou encore du féminisme. (Je l'aurais remarqué, tout de même. ) Sur ces deux questions, il s'exprime avec pudeur mais fermeté et, signalons-le car c'est important, sans aucune vulgarité. Avec une galanterie qu'on ne peut lui nier, il donne néanmoins la préférence aux dames, pointant d'un doigt implacable la déliquescence de ce "féminisme" qu'il n'aime pas - c'est son droit - et les délires de cette pseudo-caste, élevée sur les ruines de mai 1968, qui se préoccupe plus aujourd'hui de supprimer la case "Mademoiselle" sur les imprimés administratifs que de voir sans broncher, quand ce n'est pas en leur tressant des couronnes de fleurs , les enikabées enfreindre tous les jours la loi française dans les espaces publics de notre pays ;

5) que Zemmour évoquant la volonté de Pétain et de Laval de préserver du mieux possible les juifs français par rapport aux juifs étrangers, ne décrit rien de bien neuf sous le soleil noir de l'Occupation nazie. Des historiens en ont déjà parlé - il est vrai que c'était bien avant SOS-Racisme et tutti quanti, dans un climat plus serein - et en parleront encore. Personnellement et même si elle a permis de sauver des vies, je continue à trouver la chose amorale mais enfin, elle a eu lieu. Transformer le chapitre où Zemmour en parle en une "tentative de réhabilitation", voire de "sauvetage" du régime de Vichy, ainsi que l'ont bramé je ne sais trop combien d"'experts" et de pseudo-penseurs sur nos chaînes télévisées ou dans la majeure partie de la presse écrite, relève par conséquent du procès d'intention et de cette mauvaise foi si caractéristique de la gôôôôôôôôche française, surtout actuelle. Vous pouvez croire qu'ils ont raison, bien sûr, tout comme vous pouvez croire que François Hollande est "le meilleur président depuis François Mitterrand" (Attali dixit). C'est votre droit.

Mais c'est aussi le droit de Zemmour, le mien et celui de millions de Français de ne pas vous suivre sur ces questions ;o) ;

6) que, à ce propos, on constate un fait vraiment typique de notre époque bien-pensante et bobo-gôôôôôôôôôchiste : depuis maintenant des lustres, ces gens-là nous rebattent les oreilles avec les Lumières, la liberté d'expression, les Droits de l'homme, etc, etc ... Mais dès que sort un livre qui ose s'élever contre ce qu'ils affirment être la Vérité - pour eux, il n'y en a qu'une et elle est à gôôôôôôôôche - dès que le polémiste français reprend justement le drapeau des Lumières - qui osera nier que Voltaire, Rousseau, Diderot, pour ne citer qu'eux, étaient, avant tout, des polémistes ? - pour proclamer que non, la Vérité n'est pas une et qu'il faut se méfier de ceux qui prétendent la détenir, surtout lorsque ces gens occupent des positions-clefs (et financièrement des plus lucratives) au gouvernement et dans les pseudo-élites bancaires et "intellos", alors là, tout ce petit monde n'est plus d'accord. le pamphlétaire, le polémiste, l'écrivain le plus timide devient une menteur et un réactionnaire : pire, un ennemi de caste. La Liberté des Lumières ? Oui, certes, mais seulement pour quelques uns et réinterprétée selon les normes consumo-socialo-dégénérées de ce qui ose encore se dénommer "parti socialiste." Un peu comme les déclarations d'impôts actuelles de nos gouvernants et autres : eux, ils ont la liberté de frauder, voire de ne rien payer du tout mais vous, les petits contribuables, les sans-grades, alors, là, vous, si vous omettez un seul centime, gare ! C'est que les Lumières, vous n'avez pas le droit d'y toucher, comprenez-vous ? Vous êtes trop c ..., trop "illettré", pour en comprendre les beautés ... Quoi ? Que dites-vous ? L'UMP ne pense pas mieux ? Entièrement d'accord ! L'UMPS, bonnet blanc, blanc bonnet : vous ne dites pas autre chose que ce que pense Eric Zemmour - et tant d'autres, dont votre servante ;

7) que tout, ou presque, dans "Le Suicide Français", serait à citer mais que, la chose étant impossible, je vous recommande de le lire. Si la polémique est là, si le pamphlet pointe son nez, l'Histoire de France aussi est là. Bien présente. Avec la nostalgie de la stabilité gaullienne, de cette époque où les petites Maghrébines allaient sans foulard et en blouse à l'école primaire, comme les petites Françaises, où le patronat n'imposait pas intégralement sa loi, où l'Union européenne n'était encore qu'un vague, très vague projet et non un monstre hanté par l'idée d'imposer aux peuples une servitude qu'on n'avait plus connue depuis l'Antiquité, où la réunification de l'Allemagne - qui a tant pesé sur l'Europe d'aujourd'hui - n'était envisagée par personne, où l'on rêvait d'une "fraternité européenne", où l'on pouvait mécréer en paix sans songer à préserver l'église qui se trouvait à côté de chez soi de l'arrogance d'une mosquée, salafiste ou pas, où l'industrie française palpitait encore, où Georges Marchais tonnait sur l'immigration de masse sans se faire traiter de raciste, où l'euro et les trusts banquiers n'étaient pas encore les maîtres de notre politique, où la France avait encore des frontières et osait s'avouer souverainiste, non comme Marine le Pen aujourd'hui mais comme le Général de Gaulle, l'homme qui, au lendemain de la Seconde guerre mondiale, avait bel et bien sauvé la France d'une annexion par les USA ou l'URSS ;

8) et que, enfin, et ici, c'est à Eric Zemmour que je m'adresse , la fin de votre livre, que j'ai dévoré en trois jours, est triste et sombre. Vous êtes dans votre rôle d'imprécateur biblique, c'est bien, c'est logique et mieux vaut voir tout en noir car, souvent, l'avenir nous réserve ainsi de belles surprises. Mais non, la France n'est pas morte, M. Zemmour. La preuve : vous êtes là et vous prenez des risques pour dire, avec talent, culture et mordant, nombre de choses qui, plaisantes ou pas, sont à dire. Et vous n'êtes pas seul. Voyez la gigantesque campagne politico-médiatique montée de toutes pièces contre "Le Suicide Français". Qui l'a écoutée, qui a obéi aux ordres ? Votre "Suicide Français", on se l'arrache - et on le lit. On va même le relire. Et le relire encore.

Parce que, si la France, certes, est moribonde, elle l'est à la manière du Phoenix qui doit retourner à l'état de cendres pour renaître, plus beau, plus fort qu'il ne l'était. Ainsi en sera-t-il de la France, tant qu'il y aura des Eric Zemmour pour défendre son honneur et son Histoire - et aussi pour vitupérer ses faiblesses.

Bref, M. Zemmour, merci. ;o)
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