Printemps 1965.
Esmera est une jeune étudiante au collège Sacro Cuore de Gênes, une école catholique tenue et fréquentée essentiellement par un public féminin. L'ambiance y est stricte et
Esmera plutôt sage, mais c'est sans compter sur Rachele, sa voisine de chambre pas vraiment farouche.
Grâce à Rachele, elle fait tout d'abord la découverte du corps masculin, en tant qu'observatrice. Mais très vite, la volonté de ressentir ses propres sensations prend le dessus et lors d'une soirée, elle connaît sa première fois. Expéditive, sans intérêt. C'est alors que Rachele va lui faire découvrir ce que doit être le plaisir, celui qui chavire, renverse. Juste après l'orgasme,
Esmera deviendra Marcello. Et chaque prochain orgasme inversera la tendance, indéfiniment…
Etre une femme, être un homme. Etre de genre masculin ou féminin. Ou les deux. Comment se comporter ? Suivre les codes ?
Esmera prend le temps de s'habituer à ce changement et décide de vivre ce que la vie lui offre, une nouvelle palette de sensations à découvrir. J'ai du mal à qualifier cette bande dessinée de « pornographique ». La pornographie est un milieu que j'imagine plus trash, sans émotions alors que dans cet ouvrage, il y a du sens et du sentiment. Certes, les illustrations sont sans équivoque mais il y a parfois une douceur qui s'en dégage.
C'est une lecture qui peut se découvrir à plusieurs niveaux. On peut apprécier le côté original de l'histoire et être intrigué, car qui ne s'est jamais demandé ce que ressentait un corps de sexe opposé ? Il est aussi possible de voir un côté plus profond, sur le sexe et le genre, sur cette ligne que l'on suit parce qu'on est né et que l'on a appris à être comme ça. Une lecture assurément étonnante, qui peut réchauffer le corps, à défaut de réchauffer le coeur.