Citations sur Mort contre la montre (12)
Quant à moi, je bénéficiais d'une anomalie physique qui en d'autres circonstances aurait fait de moi un phénomène de cirque: l'ADN de mon père, originaire des Alpes françaises et les gènes colombiens de ma mère et de ses ancêtres andins avaient dû bien s'entendre, car ils avaient fini par me doter d'un troisième poumon. Pas comme si j'en avais réellement trois, mais le taux d'oxygénation de mon sang était tel qu'on aurait pu croire que je courais dopé.
Personne - et surtout pas les médias- ne souhaite qu'à la moitié de la compétition on connaisse déjà le vainqueur.
J'avais décidé d'être franc avec le journaliste. Ray était une sorte d'alter ego du cyclisme, défenseur de la pureté et de l'éthique sportive ; le bruit courait qu'en 1998, c'était grâce à son intervention que la police avait saisi un chargement de drogues destiné à l'équipe Festina, le premier grand scandale de dopage massif. Sa responsabilité n'avait jamais été prouvée mais beaucoup crurent que le vieux journaliste avait préféré le scandale, espérant ainsi déclencher une purge qui nettoie les poubelles qui avaient prostitué son sport. (p. 182)
Selon la légende, le classement des cols correspond à la vitesse de l’emblématique 2 CV Citroën pour gravir ces cols : ceux de quatrième catégorie, les plus simples, se seraient appelés ainsi parce que cette vieille voiture pouvait les monter en quatrième, et ainsi de suite jusqu’aux plus difficiles, de première catégorie, qu’elle ne pouvait gravir qu’en restant en première. Inutile de dire que les cols hors catégorie étaient ceux où il fallait couper le moteur et coller un attelage à la vieille guimbarde.
- Tout joueur de foot, de basket ou de ce que vous voulez, se bat pour de distinguer ; cependant je n'ai pas souvenir d'asssassinats dans les vestiaires, répondit-il, à son tour sur la défensive.
- Justement, c'est ce que vous ne comprenez pas. Le cyclisme n'est pas un jour. On dit : "Allons jouer au foot, au basket ou au tennis", mais personne ne dit : "Allons jouer au cyclisme" , parce qu'on ne joue pas au cyclisme. Au cyclisme, on se bagarre, au cyclisme on se bat. - J'avais entendu cette phrase dans la bouche d'un journaliste, elle n'était pas de moi, mais Favre n'était pas obligé de le savoir. - Qu'on nous décrive comme un peloton n'est pas un hasard, car nous sommes une troupe qui part à la guerre, sauf que cette guerre se passe entre nous. (p. 53-54)
La souffrance est l’essence du cyclisme, et pas seulement à cause de ce qu’on exige d’un professionnel ; c’est aussi ce qui nourrit la passion du supporter. Un mélange pimenté d’épique et de sacrifice. Ce n’est pas un hasard si les spectateurs s’agglutinent dans les côtés des grands sommets: c’est là qu’ils assistent à l’autoflagellation qu’ils sont prêts à s’infliger pour le rester.
Ces longs entraînements solitaires forgèrent le coureur que je suis devenu. L'apprentissage des techniques et des stratégies viendrait plus tard, mais c'est là que je construisis la véritable substance qui est à la base du cyclisme professionnel : la capacité d'accueillir la douleur, d'en atteindre les limites et de continuer. (p.18)
Le cyclisme n’est pas un jeu. On dit : “Allons jouer au foot, au basket ou au tennis”, mais personne ne dit : “Allons jouer au cyclisme”, parce qu’on ne joue pas au cyclisme. Au cyclisme, on se bagarre, au cyclisme on se bat. – J’avais entendu cette phrase dans la bouche d’un journaliste, elle n’était pas de moi, mais Favre n’était pas obligé de le savoir. – Qu’on nous décrive comme un peloton n’est pas un hasard, car nous sommes une troupe qui part à la guerre, sauf que cette guerre se passe entre nous.
- Merci, Annibal. Le cyclisme vous doit beaucoup : la rébellion du gregario est une leçon pour l'avenir. Vous vous êtes mesuré à une machine froide et à un réseau d'intérêts, et vous avez réussi à vous imposer, armé de votre seul talent et de votre force. C'est un honneur de vous avoir connu. (p. 319)
Pour beaucoup de gregarios, la perspective d'une victoire de l'un d'entre eux est une rébellion contre le monopole des leaders. (p. 117)