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Citations sur De l'or dans les collines (25)

Est-ce donc cela, les grands espaces que cherchait Ba ? Cette impression qu'elles pourraient disparaître dans le paysage - une revendication de leurs corps comme l'invisibilité, ou le pardon ? Le vide à l'intérieur de Lucy rétrécit à mesure qu'elle rétrécit, insignifiante face aux montagnes, et la lumière dorée, filtrée par les chênes droits, devient verte. Même Sam se calme sous un vent qui a un goût de vie autant que de poussière.
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Le monde est tellement beau qu'on en mangerait. Les cheveux du professeur Leigh sont de la soie de maïs quand il salue depuis le porche. Les lèvres de Ma sont aussi sombres que de la moelle.
"Je suis heureuse. Mais, Ma ? Pourquoi tu ne lui as pas dit où tu as appris à lire ?"
La maison disparaît de leur champ de vision. Pour toute réponse, Ma ôte son gant. Ses doigts farfouillent dans sa poche et ressortent maculés de terre. "Essaie ça", dit-elle en tendant la main vers la bouche de Lucy.
Celle-ci sent un soupçon d'odeur sucrée. Prudemment, elle lèche.
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Lucy veut demander : Pourquoi pas maintenant ? Qu'est-ce que ça veut dire, plus grande ? Mais Ma sourit de nouveau, un sourire que le professeur Leigh n'a pas vu, car il n'a pas sa place dans ce salon baigné de lumière. Cela rappelle à Lucy que ce qui rend Ma belle, ce sont ses contradictions. La voix rêche contre la peau lisse. Le sourire qui enveloppe la tristesse- cette étrange douleur qui fait penser que les yeux de Ma sont à des kilomètres et des kilomètres. Débordants d'un océan de larmes.
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« C’est quoi la vraie richesse ? »
Ce très beau roman, à l’écriture aérienne et poétique se décline en quatre parties. La première nous parle d’un présent où Lucy et Sam, filles d’immigrants chinois, fuient avec le corps de leur père décédé. Leur mère n’est plus là pour les aider, l’argent manque, le choix de partir s’impose. Dans la deuxième partie, ce sont les souvenirs avec la mère qui resurgissent. En troisième, le paternel s’exprime. Il raconte comment il a connu son épouse, les liens qui se créent entre immigrés. Et dans la quatrième partie, on revient au présent, un peu plus tard, cinq ans après. On découvre ainsi l’évolution de Lucy et Sam, comment leur passé a conditionné leurs choix de vie et la relation à la fois trouble, troublante, mystérieuse, envoutante qui les unit.
Au début de ce récit, les deux fillettes avancent vers l’avenir avec un mort. C’est bizarre d’agir ainsi mais c’est parce qu’elles souhaitent offrir un bel enterrement à leur père, Ba. Il faut trouver le lieu, le moment, ce qui ira le mieux. Tout le vécu avec lui les assaillent, le travail dans la mine, la faim, le froid…. Le désir d’apprendre de Lucy, avec un professeur, monsieur Leigh, qui l’observe car il écrit une monographie…. Elles sont là, dans ce pays de grands espaces et de cow-boys, de chercheurs d’or, de villes qui apparaissent au bout de routes poussiéreuses. Les rencontres qu’elles font sont source de questions et leur permettent de continuer le chemin. Elles espèrent, elles aimeraient, elles voudraient… mais elles ne sont à leur place nulle part, elles ne sont pas d’ici, pas de là-bas non plus. Elles s’appartiennent et n’ont pas de racines. Pour autant, ce n’est pas une errance, chacune a soif de vivre sa vie, de pouvoir décider.
Est-ce que ce sera possible ? Parfois, il est plus facile de se faire enterrer (« elle a laissé une part d’elle-même toujours plus grande se faire enterrer. ») C’est plus confortable que de lutter sans arrêt, sans obtenir de résultat, mais sans être vraiment libre, quitte à s’oublier soi-même …..
« Qu’est-ce qui fait un chez soi ? » Lucy et Sam sont en recherche perpétuelle, avec un besoin constant d’exister, de trouver leur place, de prouver qu’elles ont le droit « d’être » tout simplement.
Elles pensent à leurs parents, à ce qu’ils ressentaient :
« Lui, c’était un monde perdu, voué à rendre le présent et l’avenir bien ternes en comparaison. Elle, c’était un monde si étroit qu’il ne pouvait accueillir qu’une seule personne. »
Il m’a fallu trois ou quatre pages pour rentrer dans ce récit. Au début, j’ai été un peu désarçonnée par le rythme, certaines phrases très courtes, d’autres plus longues, un style parfois épuré puis des détails, des descriptions de la nature qui campent un paysage, le rendant plus réel, plus visuel. Mais très rapidement, je me suis laissée porter par l’écriture (merci au traducteur) et par l’histoire singulière, belle et douloureuse comme une longue complainte, formée de couplets sombres et tragiques mais emplie d’un désir farouche de liberté, de vivre. C’est une lecture bouleversante, qui laisse une trace une fois la dernière page refermée. Quelle belle découverte !
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Lui, c’était un monde perdu, voué à rendre le présent et l’avenir bien ternes en comparaison. Elle, c’était un monde si étroit qu’il ne pouvait accueillir qu’une seule personne.
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