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Critique de saigneurdeguerre


Amis phallocrates, bonjour ! Voici une histoire qui risque bien de vous (dé)plaire. Imaginez un univers où les femmes sont quantité négligeable et sacrifiables à merci pour la bonne cause. Pour la bonne cause, j'insiste ! Toute ressemblance avec notre présent ou notre passé ne serait que pure coïncidence, troublante pour les esprits trop crédules certes, mais il va de soi qu'aucun lien ne saurait être établi par des êtres conscients entre le monde de Wu Zetian et le nôtre où les femmes accèdent sans problème à des postes à responsabilité et où, à compétences égales, elles bénéficient des mêmes promotions, salaires, itou, itou… Comment ? J'exagère, moi ? Eh, voilà ! C'est bien ça le problème avec les nanas ! Jamais contentes de leur sort, toujours à se plaindre et à vouloir plus ! Et gnagnagni et gnagnagna ! Si vous n'êtes pas contentes, prenez la première navette spatiale et allez voir si c'est mieux aux frontières d'Huaxia ! Là, vous saurez à quel terrible sort vous échappez dans notre monde ! Mais vous ne vivrez pas assez longtemps pour le regretter. Comme je suis d'humeur condescendante, j'accepte d'éclairer vos lanternes ténébreuses.
Les chrysalides sont des engins conçus pour écraser les hordes de Hunduns, ces envahisseurs qui auraient dû faire disparaître l'espèce humaine depuis des lustres. Pilotées par le qi, sorte d'énergie vitale émanant de l'esprit de leurs pilotes, les chrysalides nécessitent une telle puissance qu'elles vident complètement le qi des copilotes-femmes, entraînant par là leur mort. Tututut ! J'entends déjà les vociférations des féministes : « Pourquoi uniquement des femmes ? Toujours des femmes ! »
Pff ! Ce qu'elles peuvent être pénibles ! Pas un mot de gratitude ! Des récriminations ! Toujours des récriminations ! Elles oublient que grâce au sacrifice de ces demoiselles, leurs familles sont richement récompensées ! Des ingrates, je vous dis ! Non, mais c'est vrai quoi ! On ne va tout de même pas sacrifier des héros ? le peuple a besoin de héros, alors que là, ce ne sont que des femmes qui accèdent à une gloire qui autrement leur aurait été inaccessible. Bref ! Dans cet univers, tout va bien, la situation est sous contrôle, jusqu'au jour où une paysanne, Zetian, décide de s'engager dans l'armée pour venger sa soeur, Ruyi, morte soi-disant par la faute d'un pilote. Non, mais jusqu'où ces enragées féministes sont-elles prêtes à aller au nom d'une pseudo-égalité ? « La vie d'une femme égale la vie d'un homme ! » N'importe quoi ! J'hallucine ! Si c'était vrai, cela se saurait depuis longtemps, non ? D'ailleurs, objectivement, tous les hommes sont d'accord avec moi ! N'est-ce pas messieurs ?
Mais revenons plutôt à nos moutons, ou plutôt à nos brebis ! Cette paysanne, même pas endimanchée, habillée d'étoffes rugueuses, va bénéficier de la complicité d'un jeune homme, Yizhi, enveloppé de soie, fils de l'homme le plus riche de tout Huaxia. Il va l'épiler suffisamment que pour faire disparaître son monosourcil qui la rendait moche et donc invendable. Car oui, même si elle est destinée à être sacrifiée, la jeune femme doit être belle et désirable pour le jeune pilote qui va combattre avec elle et qui va puiser en elle son énergie vitale, au point qu'elle en mourra. Il se peut aussi qu'avant la bataille, le héros ait quelques rapports avec elle…
Zetian n'a aucun respect pour les dieux sous prétexte que ceux-ci ne respecteraient pas la moitié de l'humanité constituée de femelles. Quel culot ! Quels outrages faits aux divinités ! Je ne sais ce qui me retient de m'arrêter ici dans la narration des événements auxquels fut mêlée cette chose ! Cette… Cette Zetian ! Ses parents vont enfin pouvoir la vendre à l'armée comme concubine-pilote. Ils pleurent la mort de sa soeur aînée… parce qu'ils n'ont pas reçu l'indemnité vu qu'elle n'est pas morte au combat.
Bref ! Voilà notre brebis égarée embauchée comme concubine-pilote… Que dis-je ? Vu ses brillants résultats aux tests, elle n'est pas concubine, mais consorte. Cela fait d'elle une consorte-pilote destinée à accompagner un pilote de très haut niveau, un prince. Remarquez que ça ne changera pas grand-chose pour elle puisqu'en bout de course, c'est tout de même la mort qui l'attend…

Critique :

Voici un ouvrage original dans l'univers de la science-fiction puisqu'inspiré de la culture chinoise et écrit par un.e jeune auteur.trice d'origine chinoise qui a dû être très marquée par les « Transformers » et Goldorak.
C'est un « page turner » grâce au style de Xiran Jay Zhao. Pas le temps de souffler tant les aventures se suivent en cascade. J'ai fini par me lasser des combats avec les descriptions des effets du « qi » qui me semblent correspondre à ces écrans de jeux vidéo aux multiples flashes de couleurs diverses et variées qui peuvent en rendre plus d'un épileptique. Heureusement, il n'y a pas que ça dans l'histoire. La colère qui émane de l'héroïne quant au sort fait aux femmes, notamment cette tradition absurde de bander les pieds des fillettes les transformant pratiquement en pieds de porc, et le manque de droits élémentaires pour la gent féminine, ressort très fort et donne envie de découvrir comment Wu Zetian va, peut-être, finir par s'imposer dans un empire qui n'a que mépris pour la moitié de sa population, une moitié qui n'est pas née avec un petit appendice entre les jambes, accompagné de deux petites bourses.
Machos, machistes et autres phallocrates, soyez rassurés, l'auteur.trice finit par trouver des hommes qui ont un comportement honorable et qui trouvent grâce à ses yeux (mais il faut bien avouer que c'est une minorité très minoritaire).
Ah, oui ! Encore une chose : l'auteur.trice est suffisamment préoccupée par les questions du type « est-ce que l'hétérosexualité est la seule voie possible ? » que pour l'évoquer, très légèrement, dans son livre. Oh, rien de scandaleux… Cela reste tout de même avant tout un roman destiné aux adolescents et très soft !
Cet ouvrage se termine en laissant entendre que les aventures de Wu Zetian ne sont pas terminées pour autant même si ce roman connaît la fin d'une histoire.
Les adolescents et les jeunes adultes seront sans doute plus sensibles que je ne l'ai été eux batailles nombreuses de cette histoire. Ce qui m'a le plus touché, c'est le combat pour que les femmes disposent des mêmes droits que les hommes. Et ce combat-là, dans notre univers, il risque de se poursuivre encore longtemps…

Merci aux éditions La Martinière et à Babelio pour m'avoir permis de bénéficier de cette Masse critique.
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