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Critique de manU17



1918. Sur le front, la guerre des tranchées fait rage. Les deux camps sont positionnés face à face, terrés dans des tranchées boueuses, parfois à quelques dizaines de mètres les uns des autres. le conflit dure depuis maintenant quatre longues années et semblent ne jamais devoir finir. Ajoutés à cela, la faim, la fatigue, et l'odeur pestilentielle, l'odeur de la charogne, l'odeur de la mort, les coeurs sont meurtris, les nerfs sont à vifs.

Au coeur de toutes cette folie meurtrière, la violence et l'antisémitisme ne sont pas toujours là où on les attend, trois soldats vont d'ailleurs en faire les frais, comme de misérables traitres, trois soldats ou presque. Quand chaque minute vous confronte à l'insoutenable, la terreur, la mort, c'est parfois un petit rien qui vous fait disjoncter et commettre l'irréparable. le regard de vos enfants qui vous manque, le contact de la peau d'une femme, son odeur, son amour…

Pour surmonter l'horreur du quotidien dans ce cloaque, les soldats se sont inventés une échappatoire. Ils s'imaginent aux Folies Bergère, nom duquel ils ont rebaptisé leur compagnie, dansent même parfois avec un mannequin de fortune mais surtout pensent à l'après-guerre, quand ils s'y retrouveront tous ensemble, à regarder virevolter les jupons froufroutants dévoilant des cuisses forcément légères. Quand tout ce carnage ne sera plus qu'un lointain souvenir... Un peu de la même manière, quand vient l'heure du repas, on imagine des repas de fêtes, histoire d'arriver à faire passer l'immonde magma nauséabond qui tient lieu de repas. Essayer de ne pas perdre pied en s'accrochant au passé, à sa vie d'avant et à sa vie d'après qu'on fantasme forcément. Fantasmes et réalité finissent parfois par se mêler, s'entremêler, jusqu'à se confondre, tout se mélange, tout s'assombrit, jusqu'à la folie…

Du gris, du brun, du noir, un peu de rouge, forcément, un album sombre, noir, aux couleurs de la boue, aux couleurs des ténèbres, aux couleurs du sang, aux couleurs de la mort, aux couleurs de la guerre… Paradoxalement, dans toute cette noirceur, les quelques respirations bienvenues sont apportées par Monet, peintre de la couleur mais surtout de la lumière…

Une plongée suffocante dans le quotidien infernal des soldats de la 17ème compagnie d'infanterie dont on ne peut assurément pas ressortir indemne. C'est violent, c'est cru, c'est réaliste, c'est la vie et c'est aussi et surtout la mort.

Folies Bergères, un album magistral aux couleurs de l'enfer !

Lien : http://bouquins-de-poches-en..
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