- Les gravures, c'est comme les photos: ça ne transmet pas les odeurs. L'odeur des cadavres, celle de la peur...et cette odeur que vous dégagez quand vous défoncez à coups de crosse le crâne d'un pauvre allemand qui ne vous a rien fait, "un gamin, pas même 20 ans", et que ça vous fait...que ça vous fait bander.
- Pleure mon gars ! Tant qu'on pleure, c'est qu'on reste humain.
La patrie a tout un assortiment de médailles à titre posthume. Laquelle préférez-vous? La croix de guerre? La médaille du cocu patriotique? Celle du grand mutilé reconnaissant? A moins que vous ne préfériez être élevé au rang de chevalier de la légion d'horreur?
Mon Dieu, Huguette, si tu voyais mon corps chaque jour plus crasseux. Je pue ma douce, mon absente ! Mais le pire est à l'intérieur.
(lettre d'un soldat)
- Le grand beau qui porte bien...lui avait tendance à couvrir d'un peu trop près les arrières des plus jeunes de ses camarades de bataillon...si tu vois ce que je veux dire !
- Peuchère ! Il y a des choses plus agréables à se prendre dans le cul qu'un obus !
- Reste à savoir ce que l'ami Jules Verne aurait pensé de cette guerre [14-18]... "La science comme levier du progrès" ! Tu fabules, Jules, tu balivernes, Verne ! Pauvre petit écrivain ! Les canons à longue distance ne servent pas à envoyer les hommes sur la lune comme tu l'as rêvé, mais ad patres.
(p. 16)
(dialogue entre un jeune garçon dont le grand frère est sur le front et le peintre Monet)
Vous peindez encore des nénuphars ? C’est une obsession ou quoi ?
On dit “peignez“ pas “peindez“.
Peignez. C’est pour les cheveux.
Comment que vous pouvez peindre des nénuphars à longueur de journée alors qu’on est en guerre ?
- Je dois vous avouer Verrat, que je m'attendais à autre chose. Je veux dire... c'est plutôt calme, difficile de croire que nous sommes sur le front.
- Ma femme aussi, avant de me balancer des casseroles à la tête, elle est "plutôt calme".
- Pleure, mon gars ! Tant qu'on pleure, c'est qu'on reste humain.
Un sou par taupe. C'est ce que nous donnait ton paternel. Un sou par taupe et le droit de tirer avec son revolver. Et bien, ma douce, mon absente, les taupes aujourd'hui c'est nous ! Sauf que je ne suis pas sûr que nous valions un sou par tête...