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Critique de colimasson



Oeuvre de moindre importance dans la série des Rougon-Macquart, La Joie de vivre qui fait l'objet de ce roman constitue également le contrepoint discret mais puissant adressé à la théorie schopenhauerienne. Celle-ci est représentée par Lazare, jeune homme de son époque influencé par le pessimisme jusque dans la faillite de ses rêves de grandeur : la musique, puis la médecine, puis les sciences techniques subissent un lent désenchantement à mesure que la foi inconsciente de Lazare pour le pessimisme augmente. La théorie est-elle si puissante qu'elle parvient à enrôler un jeune homme intelligent et ambitieux dans la tentation du dégoût ? Pas à une contradiction près, Lazare se range aux côtés de Schopenhauer pour dénigrer le sentiment amoureux jusqu'à ce qu'il le connaisse lui-même jusqu'au déchaînement passionnel. Mais même de cela, Lazare finit par se lasser.


De son côté, Pauline semble complètement immunisée par le pessimisme. On ne peut pas croire que ce soit un quelconque manque d'érudition qui l'en préserve car elle se montre au contraire extrêmement cultivée, égale de Lazare dans la plupart de ses recherches scientifiques. La différence semble plutôt se distinguer dans des aptitudes à l'amour et au don de soi qui se situent sur des échelles de valeur opposées : alors que Lazare ne pense rien qu'à son bonheur, Pauline passe sa vie à se dévouer pour les autres.


Lazare et Pauline grandissent ensemble et bien qu'ils nourrissent des conceptions de la vie contradictoires, ils se complètent longtemps, s'éloignent parfois, et s'avouent finalement indispensables l'un à l'autre, après les longs détours de deux existences à moitié gâchées, à moitié achevées. Emile Zola propose discrètement sa propre interprétation du pessimisme et s'avance au-delà de la conclusion du Monde comme volonté… de Schopenhauer.


Comme dans La Curée ou La Faute de l'Abbé Mouret, lorsque Zola se détourne du parasitage mondain et des grands projets urbains et politiques, il éblouit par les habiletés de ses constructions biographiques et parvient à dessiner des identités ambivalentes qui traduisent une grande perspicacité psychologique. Emile Zola confirme avec ce roman qu'il excelle mieux dans les drames intimistes que dans les tragédies politiques.
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