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Critique de Cathy74


« L'Oeuvre », publié en 1886, est le quatorzième volume des Rougon-Macquart de Zola.
On y retrouve Claude Lantier, brièvement croisé dans "L'Assommoir" où, enfant, il est le bénéficiaire des largesses d'un généreux ami de la famille qui le met au collège et l'encourage à dessiner. Plus tard, dans "Le ventre de Paris", il est ce jeune homme qui cherche l'inspiration au milieu des Halles de Paris, rêve d'immenses tableaux de natures mortes, professe sa modernité et sa quête picturale expérimentale.
Au moment où commence l'histoire, Claude vit à Paris en artiste sauvage. Sa coterie est constituée d'anciens collégiens de Plassans, leur ville natale. Tous rêvent de révolutionner l'art, la peinture ou la littérature. Son meilleur ami est l'écrivain Pierre Sandoz, qui tente d'échapper au romantisme pour écrire une genèse de l'univers, avant d'adopter un cadre plus restreint, celui d'une famille. Claude cherche de son côté un modèle inspirant et va le trouver en la personne de Christine, une jeune femme équilibrée, candide et sincère. Mais le tableau qu'elle lui inspire, moderne, montrant une jeune femme nue près d'un monsieur habillée de noir, provoque toutes les railleries d'un public choqué, pas encore mûr pour concevoir la nouveauté de ce mouvement, qui rompt avec l'académisme de l'époque. Malgré l'amour, la tendresse et le soutien de Christine, le peintre se perd peu à peu dans sa folie. Précurseur de génie, il gâche son talent, sa vie et celle de Christine. Par manque de reconnaissance du public, certes, mais aussi par sa propre nature et son hérédité malheureuse. Il est l'archétype de l'artiste maudit, pillé par ses pairs, tombé dans l'oubli avant que d'être reconnu et sabotant sa dernière oeuvre.
L'Oeuvre est un roman perturbant. Avant Freud, Zola y décrypte la symbolique d'Éros et Thanatos, pulsions de vie et de mort. D'abord baigné de joie et de lumière, le récit s'assombrit à mesure que Claude s'enfonce dans sa névrose obsessionnelle et suicidaire.
On admet communément que Cézanne, ami de Zola, fut ulcéré par l'L'Oeuvre, où il pensait se reconnaître, et que ce roman mit brusquement fin à leur amitié. Pourtant, une lettre datant de 1887 laisse à penser qu'il n'en fut rien. Zola, en mettant en scène son double Pierre Sandoz, s'y peint aussi lui-même, et c'est aussi ce qui nous touche.
Lien : http://www.societe-cezanne.f..
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