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Critique de cmpf


Titre consacré à Claude Lantier, fils de Gervaise, déjà rencontré enfant dans l'Assommoir et adulte dans le ventre de Paris. L'histoire commence l'année précédent la création du Salon des Refusés en 1863 et finit avec la mort du héros en 1876.
Il s'inscrit parfaitement dans la première partie de son projet : décrire une famille du point de vue de l'hérédité, tandis que la deuxième la société sous le Second Empire est assez négligée. Ici l'hérédité a toute sa place. Descendant de Macquart l'alcoolique et d'Adélaïde Fouquet la folle, Claude l'est tout à fait. Ses nerfs sont exacerbés, il va de l'enthousiasme au désespoir, ne sait maitriser ses pulsions, il reste des journées prisonnier de sa vision du tableau qu'il peint.
Comme souvent (toujours ?) chez Zola, il y a plusieurs livres dans un seul.
C'est bien évidemment un roman sur l'art, sur le processus de création, l'engagement total qu'il demande, sur le choix entre la vie et l'oeuvre à créer. (Sandoz l'écrivain qui a réussi se plaint que l'écriture de son oeuvre, l'histoire d'une famille sous le second empire, tiens ! lui ait tout pris). Mais aussi sur le marché de l'art. Avec les portraits de Malgras, vrai amateur d'art et celui de Naudet pour lequel il n'est qu'une marchandise comme une autre. Sur l'importance de la publicité par la presse. Et c'est un reportage sur les Salons.
Roman sur l'amitié aussi. Sandoz, Claude et Dubuche (qui se consacrera à l'architecture) sont amis depuis l'enfance. Ils ont quitté Plassans pour venir à la conquête de Paris. Là, ils ont rencontrés d'autres jeunes artistes ambitieux. Soudés au début, des cassures apparaissent entre eux au fil des réussites et des échecs. Les soirées de Sandoz sont les témoins de cette évolution. Jusqu'au retournement contre Claude, coupable aux yeux de plusieurs de leur échec à tous, parce qu'il est infréquentable. Sandoz est le double presque parfait de Zola. Parfait dans les deux sens, il ressemble beaucoup à Zola et il est l'ami, celui qui rassemble (les jeudis de Sandoz), celui qui soutient. Et puis parmi ceux partis de Plassans il est le seul à réussir sans compromissions.
Roman d'amour enfin. Claude s'est tenu éloigné des femmes qui lui font peur. La rencontre fortuite avec Christine, jeune orpheline placée comme liseuse chez une dame, réveille son désir de relation avec une femme. C'est d'ailleurs longtemps une amitié. Puis arrive une période de bonheur, mais le besoin de peindre, et la difficulté à transcrire sur la toile ce qu'il ressent taraude Claude. Christine tâche de s'habituer à cette exigence, passe des heures à poser. Mais la rivalité est non pas avec une autre femme de chair, mais une peinture de femme, contre laquelle elle ne peut lutter.
Ce livre est sensé avoir provoqué la rupture entre Zola Cézanne. Les avis semblent diverger à cet égard. Plusieurs peintres ont certainement prêté leurs traits à Claude.

Challenge pavés 2014-2015
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