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Critique de Gwen21


Le 16ème tome des Rougon-Macquart ne trônera pas parmi mes favoris de la série, même si sa lecture aura été bien moins douloureuse que celle de son grand frère "La faute de l'abbé Mouret".

Avec son nombre de personnages remarquablement réduit, sa prose exaltée et emphatique plutôt oppressante et son thème éthéré, "Le rêve" a certes de quoi faire couler beaucoup d'encre dans une classe de littérature, permettant bien des interprétations et ouvrant sur de nombreuses analyses, mais n'a pas eu le pouvoir de totalement me charmer. Cela tient sans doute en grande partie au fait que le goût de décortiquer la littérature m'a passé avec les années ; je ne suis plus aujourd'hui qu'en quête du plaisir, celui que procure un style poétique et une trame dynamique ; poésie et action, j'en conviens, n'étant pas toujours facile à concilier.

Pour ce qui est du style, rien à dire. Ou plutôt rien à ajouter à tout ce qui a déjà été dit. C'est du Zola, c'est vivant, palpitant et enivrant. Pour la trame, aïe. Notre cher auteur devait être en pleine crise de mysticisme et aura peut-être voulu créer son propre mythe, le situant grosso modo entre le "Roméo et Juliette" de Shakespeare et l'hagiographie de Sainte Agnès. Partant de là, le récit trouve difficilement son équilibre entre tragédie (un peu trop théâtrale) et texte sacré (un peu trop mythologique).

"Le rêve", c'est la dissection du désir, la poussée de la passion, nés dans une âme innocente, celle d'Angélique, une orpheline au nom prédestiné puisque Zola en fait un ange, la parabole de la pureté, le symbole de l'innocence et l'allégorie du martyre. L'enfant naturelle de Sidonie Saccard, abandonnée à sa naissance, témoigne dès son plus jeune âge d'une belle propension à l'imagination. Fantasque, exaltée, mystique, elle a conçu le rêve qu'un Prince Charmant viendrait l'épouser et ferait d'elle, la pauvresse, une nouvelle reine de Saba. A 16 ans, sa rencontre déterminante avec un ouvrier verrier va la faire basculer du rêve à la réalité. Se succèdent alors dans le récit, de façon très académique, trois phases bien identifiables : le souhait du songe, la réalité du rêve et le réveil... brutal.

N'allez pas croire en me lisant que ce roman ne vaut pas le détour, loin de là. Simplement, pour moi, c'est typiquement le genre de texte dont la puissance poétique ne conviendra pas à tous les lecteurs, surtout aux plus terre-à-terre. Je pense que pour l'apprécier, il faut déjà avoir une sensibilité spirituelle bien éveillée et être prêt à entrer dans une bulle d'irréalité où chaque parole et chaque action sont dictées non pas par le pragmatisme du quotidien mais bien par la ferveur de l'idéal, celui qui habite les poètes et les saints. Sans cela, gare à l'ennui !

Un beau texte, mais pas le meilleur de l'auteur.


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