AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Gustave


Il s'agit du premier Zweig que j'ai lu: si depuis je n'en ai pas lu d'autres, ce n'est pas par désaffection, mais par simple arbitrage avec d'autres lectures...En attendant d'y revenir, certainement dans pas très longtemps.

Bien que cela fasse plus de deux ans que je l'aie lue, la vivacité, l'efficacité du récit et l'impression de réalité presque vécue que m'ont imprimé cette biographie demeurent à ce jour intactes.

Stefan Zweig fait preuve d'une efficacité redoutable dans le récit de la vie de celui qui fut successivement professeur chez les Oratoriens, Conventionnel girondin avant de passer chez les Montagnards les plus extrémistes parmi les extrémistes (Lyon, où je fais mes études, s'en souvient encore maintenant), puis, après une période de misère Ministre de la Police du Directoire, de Napoléon 1er et de Louis XVIII...Avant que son passé de Conventionnel régicide ne le rattrappe.

Zweig possède en effet l'art d'alterner savamment entre recul critique à l'égard du personnage Fouché, lorsqu'il en élucide les ressorts et une capacité à nous faire quasiment vivre la vie de Fouché lui même, en particulier dans ses instants les plus critiques: le chapitre consacré à sa confrontation à mort avec Robespierre est à cet égard d'une tension parfois à la limite du soutenable, quand on songe à la lame de la guillotine si près de la nuque de celui qui venait de commettre un bain de sang à Lyon: et l'on se surprend alors à éprouver de l'empathie pour cet individu sanguinaire, à plus forte raison lorsque l'on apprend qu'il vient de perdre sa fille encore au berceau.

Il est également passé maître dans la capacité à tirer des évènements historiques particuliers, des comportements individuels des lois générales qui valent de manière universelle. Il n'est qu'à songer à la manière dont il fait de la lâcheté le moteur de la plupart des désastres historiques ayant causé les bains de sang, que ce soit la Terreur, la Première guerre mondiale et la Révolution russe.

L'écriture est par ailleurs d'une grande élégance. Je me souviens encore de certaines citations, à la fois finement ciselées et terribles par ce qu'elles expriment de vérité sur Fouché ou tout autre personnage historique: "le manteau ducal ne suffira pas à effacer les traces de sang sur ses mains", à propos des mitraillades de Lyon, ou encore lorsqu'il relate la manière dont Bonaparte encore consul se défait (pour pas longtemps d'ailleurs) de son ministre, en lui octroyant une retraite particulièrement généreuse: "à défaut de les lier (ses mains), on les charge d'or"

Le talent de pédagogue dont fait preuve par ailleurs Zweig fait que le livre est facile d'accès pourvu qu'on dispose de connaissances élémentaires en histoire. C'est certainement lié au fait qu'écrivant à l'origine à un public de langue allemande, il devait leur faire comprendre les tenants et aboutissants de l'Histoire de France que celui-ci ne connaissait peut-être pas forcément.

A mon sens, il suffit de de connaître les fondamentaux absolus suivants: savoir que la Révolution commence en 1789 et qu'on y a coupé la tête à Louis XVI, que Napoléon a pris le pouvoir en 1799 avant de devenir empereur en 1804, qu'il a quasiment dominé l'Europe avant de perdre définitivement à Waterloo en 1815 et que la monarchie est rétablie par Louis XVIII.
Commenter  J’apprécie          50



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}