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Critique de larmordbm


Zweig aura consacré les dix dernières années de sa vie à la biographie De Balzac , avant de se donner la mort au Brésil où il a trouvé refuge pendant la seconde guerre mondiale. Il ne parviendra d'ailleurs pas à achever ce fascinant jeu de miroirs qu'il peaufine inlassablement et que son éditeur devra reconstituer à partir de documents épars. le travail et l'énergie qu'il met dans ce livre sont dignes de l'admiration qu'il voue à l'un des plus grands écrivains français, voire le plus grand à ses yeux.

Le livre est construit autour de l'antinomie entre la vie chaotique et infructueuse De Balzac sur tous les plans et la cohérence du monde imaginaire de la Comédie humaine qu'il a su bâtir.
Comme dans ses biographies précédentes, Zweig parvient, avec un talent rare, à saisir la personnalité du sujet de l'intérieur et à en comprendre les ressorts et le fonctionnement, ou tout du moins à en proposer des interprétations paraissant étayées.
L'existence de Balzac commence mal. Placé en nourrice dès son plus jeune âge, délaissé par ses parents, et notamment par une mère froide et peu aimante, cancre "surdoué" dans un pensionnat où il subit de mauvais traitements, il se réfugie à l'excès dans les livres et doit très rapidement entrer dans la vie active et multiplier les activités professionnelles, chez un notaire puis dans l'imprimerie.
Balzac, issu d'un milieu modeste ayant accédé à la bourgeoisie, n'aura de cesse de vouloir s'élever socialement, ajoutera une particule à son nom, montera, pour s'enrichir, des affaires systématiquement vouées à l'échec, et mènera grand train, alors qu'il est criblé de dettes.
Sa vie sentimentale est tout aussi tumultueuse ; les femmes, amies ou amantes, sont présentes et lui apportent leur appui, mais l'amour est souvent intéressé et triste, jusqu'à sa femme qui accepte de l'épouser quand elle apprend qu'il va mourir.
En contrepoint de cette débâcle matérielle et sentimentale dans une vie quotidienne où Balzac ne trouve pas de points d'équilibre, il y a, grâce à un travail de titan qui lui prend jusqu'à vingt heures par jour, la conception d'une oeuvre phénoménale, dans tous les sens du terme, par son ampleur, ses réalités sociologiques, son acuité psychologique.
Zweig souligne le génie, et ce terme est employé à maintes reprises dans le livre, du créateur hyper mnésique qui s'appuie sur ses expériences pour reconstituer, dans son oeuvre protéiforme, sociologue avant l'heure, l'ensemble des classes sociales.
Balzac qui ne se réalise que dans l'écriture est un monstre, d'avidité, d'ambition, de labeur, d'imagination et Zweig sait se montrer, dans cette biographie dense, à la hauteur du modèle.



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