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Critique de Denis_76


C'est très fort, dans tous les sens du terme !
Je vais prendre cette critique d'un toujours merveilleux Zweig avec ma façon particulière de voir les choses, façon que certains connaissent maintenant.
Nous sommes dans les années 1540, en Suisse.
--La violence, c'est le Ventre, l'intolérance, le dogmatisme, c'est, à mon grand étonnement, le Français réformé Jean Calvin, celui qui a achevé la Réforme initiée par Luther. Il est bien connu.
--La conscience, c'est le Coeur, la tolérance, le respect, c'est l'autre Français réformé Sébastien Castellion, érudit et théologien peu connu, mais plus cultivé et plus fin que Calvin, selon Voltaire.
--« Contre », c'est une guerre à mort entre eux deux, en utilisant « le Cerveau », un outil utile pour faire évoluer l'humanité en avant comme en arrière ; un accélérateur des positions du « Coeur », mais aussi du « Ventre ».

A mort ? Oui. Bien que ce soit une controverse théologique, et que cela, Stefan Zweig nous démontre, avec tout son talent, ses archives, ses émotions, et sa façon captivante de raconter, que cette « guerre intellectuelle » devient progressivement une chasse à mort !
Chasse à mort ? Hélas oui.
Mais attends, Jean Calvin, n'y a t-il pas écrit dans ta Bible : « Tu ne tueras point » ?
Calvin, qui n'admet que SA vérité, ne tolère aucune contestation de ses idées à Genève, théocratie qu'il a bâtie, et dans toute la religion réformée qu'il a structurée. Avec une hypocrisie sans pareil, il va utiliser les mêmes armes que le grand adversaire, l'inquisition catholique que les réformés ont critiquée au départ.
L'allumette qui fait exploser la controverse, c'est le calvaire que Michel Servet subit de la part de Calvin.
Castellion accuse Calvin d'avoir fait brûler vif le théologien réformé Michel Servet pour avoir contesté ses écrits. Passant outre les instances religieuses, et trouvant un motif laïque pour le faire juger civilement, Maître Calvin a réussi à faire brûler Servet pour "écrits hérétiques". Castellion lui adresse un mémoire très respectueux, mais très érudit sur la tolérance : ce n'est pas un crime physique ; il ne s'agit que de controverses théologiques !
Que n'a t-il pas fait là ! Il devient la bête noire de Calvin ( ils sont pourtant de la même religion ), qui n'a de cesse de le harceler jusqu'à sa mort.
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Certes, Jean Calvin a élevé le protestantisme au rang de religion européenne, mais il est l'instigateur de 58 morts déclarés hérétiques, selon Zweig, … et pire, l'essor de cette Réforme a été à l'origine d'une guerre de religions européenne, une sorte de guerre de Sécession Nord/Sud qui a duré une centaine d'années.

Lisez-le !
le comportement de Jean Calvin, décrit avec précision par Stefan Zweig, rappelle celui des plus célèbres dictateurs.
Mais :
« Il se trouvera toujours un Castellion pour s'insurger contre un Calvin et pour défendre l'indépendance souveraine des opinions contre toutes les formes de la violence. »
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