AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Conscience contre violence (116)

Même la plus pure vérité, quand on l'impose par la violence, devient un péché contre l'esprit.
Mais l'esprit est un élément mystérieux. Insaisissable et invisible comme l'air, il semble s'adapter docilement à toutes les formes et à toutes les formules. Et cela pousse sans cesse les natures despotiques à croire qu'on peut le comprimer, l'enfermer, le mettre en flacon. Pourtant toute pression provoque une contre-pression, et c'est précisément quand l'esprit est comprimé qu'il devient explosif : toute oppression mène tôt ou tard à la révolte.
Commenter  J’apprécie          400
Mais l'histoire n'est qu'un perpétuel recommencement, une suite de victoires et de défaites ; un droit n'est jamais conquis définitivement ni aucune liberté à l'abri de la violence, qui prend chaque fois une forme différente. L'humanité se verra contester chacun de ses progrès, et l'évidence sera de nouveau mise en doute.
C'est justement au moment où la liberté nous fait l'effet d'une habitude et non plus d'un bien sacré qu'une volonté mystérieuse surgit des ténèbres de l'instinct pour la violenter ; c'est toujours lorsque les hommes jouissent trop longtemps et avec trop d'insouciance de la paix qu'ils sont pris de la funeste envie de connaître la griserie de la force et du désir criminel de se battre.
Car, dans sa marche vers son but invisible, l'histoire nous oblige de temps en temps à d'incompréhensibles reculs, et les forteresses héréditaires du droit s'écroulent comme les jetées et les digues les plus solides pendant une tempête ; en ces sinistres heures, l'humanité semble retourner à la fureur sanglante de la horde et à la passivité servile du troupeau. Mais après la marée, les flots se retirent ; les despotismes vieillissent vite et meurent non moins vite ; les idéologies et leurs victoires passagères prennent fin avec leur époque : seule l'idée de liberté spirituelle, idée suprême que rien ne peut détruire, remonte toujours à la surface parce que éternelle comme l'esprit. Si on la traque momentanément elle se réfugie au plus profond de la conscience, à l'abri de l'oppression. C'est en vain que l'autorité pense avoir vaincu la pensée libre parce qu'elle l'a enchaînée.
Avec chaque individu nouveau naît une conscience nouvelle, et il y en aura toujours une pour se souvenir de son devoir moral et reprendre la lutte en faveur des droits inaliénables de l'homme et de l'humanité ; il se trouvera toujours un Castellion pour s'insurger contre un Calvin et pour défendre l'indépendance souveraine des opinions contre les formes de la violence.
Avril 1936
Commenter  J’apprécie          324
Ce sont toujours les contemporains d'une époque donnée qui connaissent le moins cette époque. Les événements les plus importants se déroulent sous leurs yeux sans éveiller leur attention.

(p.36)
Commenter  J’apprécie          280
Aucun doute, Calvin croit à son utopie avec un sérieux terrible, une sincérité complète, et pas un seul instant, pendant les vingt-cinq années que durera sa dictature spirituelle, il ne cessera de penser qu'on ne travaille au bien des hommes qu'en leur enlevant impitoyablement toute liberté individuelle.
Commenter  J’apprécie          280
Michel Servet... Ce n'est pas qu'extérieurement que cet Aragonais fluet, pâle, avec sa barbe en pointe, ressemble au long et maigre hidalgo de la Manche; intérieurement aussi il est brûlé de la même passion grandiose et grotesque qui le pousse à combattre pour l'absurde et à se jeter, dans son idéalisme aveugle, contre tous les obstacles de la réalité. Complètement dénué d'esprit critique, découvrant ou affirmant toujours quelque chose de nouveau, ce chevalier errant de la théologie se lance à l'assaut de tous les remparts et moulins à vent de l'époque. Seuls l'attirent la folle aventure, l'absurde, l'extraordinaire, le danger...

(p.112)
Commenter  J’apprécie          243
Les natures douces sont facilement résignées, ce qui facilite le jeu des violents.
Commenter  J’apprécie          222
Sa haine ( Calvin) est un ressentiment dur, aigu et coupant comme le métal, elle ne vient pas, comme les violences de Luther, du sang, du tempérament, de l’ardeur ou de la bile, mais du cerveau , et elle a une mémoire terrible.
Eternel antagonisme de l’homme paisible, qui ne veut rien d’autre que de pouvoir dire son opinion, et du sectaire qui ne peut tolérer que le monde entier ne boive pas, ne répète pas ses paroles.
Commenter  J’apprécie          228
C'est une chose dangereuse que d'avoir contredit, ne fût-ce qu'une fois et sur un point de détail insignifiant, un lutteur aussi fanatique que Calvin. Car la haine spirituelle de celui-ci, comme tout dans son caractère, est inflexible et méthodique; elle n'a rien des explosions de colères d'un Luther. Sa haine est un ressentiment dur, aigu et coupant comme le métal, elle ne vient pas, comme les violences de Luther, du sang, du tempérament, de l'ardeur ou de la bile, mais du cerveau, et elle a une mémoire terrible. Il ne pardonne jamais ni à personne.


NDL : " Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés".... Hein ? Mémoire, vous dites, Stefan, qu'il a de la "Mémoire" ???
Commenter  J’apprécie          212
«  L’amour n’est pas un devoir ,c’est une grâce.
Il faut en avoir beaucoup à l’intérieur de soi pour pouvoir en donner aux autres » .....
Commenter  J’apprécie          201
Une des choses qui font la force de Calvin, c'est de ne jamais avoir adouci la rigidité de ses premières formules... A l'âge de vingt-six ans, il a, comme Marx ou Schopenhauer, élaboré avant toute expérience sa conception du monde.

(p.34)

Grâce à son énergie indomptable, Calvin arrachera tout à lui, il réalisera impitoyablement sa revendication du pouvoir absolu et transformera par là une république démocratique en une dictature théocratique.

(p.38)

Jamais il ne concluera de compromis, car avoir raison est pour lui une nécessité vitale, au point qu'il ne peut comprendre ni concevoir qu'un adversaire puisse n'avoir pas tort.

(p.45)

C'est cette croyance absolue en soi, cette conviction de l'importance de sa mission, qui fait d'un homme un chef.Ce n'est jamais aux justes que les hommes...se soumettent, mais aux grands monomanes, qui n'ont pas peur de proclamer leur vérité comme la seule possible...

(p.46)
Commenter  J’apprécie          190






    Lecteurs (491) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Le joueur d'échec de Zweig

    Quel est le nom du champion du monde d'échecs ?

    Santovik
    Czentovick
    Czentovic
    Zenovic

    9 questions
    1881 lecteurs ont répondu
    Thème : Le Joueur d'échecs de Stefan ZweigCréer un quiz sur ce livre

    {* *}