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Critique de tiptop92


Stefan Zweig - le Joueur d'échecs -1943 : Alors que ce formidable petit livre (à peine cent pages) semblait s'attacher au personnage fantaisiste d'un champion d'échecs vulgaire et dénué de toute finesse en dehors de son talent pour cet art, l'apparition d'un inconnu qui le battait à plusieurs reprises lors d'une croisière remettait en cause la trame supposée de l'histoire. Cet homme providentiel qui ravalait l'orgueil et l'impolitesse du maître envers les autres passagers en lui faisant subir quelques défaites humiliantes n'avaient pourtant rien des passionnés habituels de ce jeu. Au contraire même, celui-ci semblait considérer les échecs comme un passe-temps dérisoire, comme une occupation somme toute inintéressante. C'était là où le talent de Stefan Zweig surpassait celui de bien des conteurs de son époque. Alors que le sujet du roman semblait bien en place une deuxième histoire bouleversait à nouveau la conduite du livre. En se confiant au narrateur le héros sorti de nul part faisait entrer le lecteur de plein pied dans l'appareil de répression mis en place par le système nazi pour écraser ses opposants. En effet cet homme qu'on imaginait volontiers en guerre contre le mal restait enfermé de longs mois seul dans une pièce sans aucun contact ni aucune distraction autre qu'un petit livre traitant des plus grandes parties d'échecs de l'histoire qu'il réussissait à subtiliser à un de ses geôliers. Jour après jours pour éloigner la folie qui le menaçait l'homme rejouait dans sa tête les coups gagnants de prêt de deux cents parties célèbres. Alors que le temps s'égrainait lentement, ce petit livre était pour l'homme comme un rempart contre la folie et le désespoir que les bourreaux voulaient lui faire subir en le plongeant dans la pire des solitudes. N'ayant jamais trahit ses compagnons de résistance, il était relâché la tête pleine de combinaisons qui transformaient chaque partie de son cerveau en une case d'un vaste échiquier. Cette nouvelle fut publiée alors que Stefan Zweig et sa femme s'étaient déjà donné la mort au Brésil pour protester contre la nazification de l'Autriche leur pays natal.

Sans parler de justification pour un geste presque aussi fou que le régime hitlérien lui même, il flottait dans ce livre l'odeur nauséabonde de l'oppression et du malheur qui poussa l'écrivain à commettre le sacrifice ultime... un incontestable chef d'oeuvre
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