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Critique de pat823


« Le Joueur d'échecs » est une nouvelle publiée en 1943. C'est la dernière oeuvre de Stefan Zweig, qui s'est suicidé en 1942.
L'histoire commence dans les années 40, sur un paquebot qui se prépare à quitter New-York pour Buenos Aires. Rapidement, à travers le narrateur, l'éclairage va se concentrer sur Mirko Czentovic, le champion mondial des échecs. Le lecteur est entraîné sans le savoir dans une espèce de trompe-l'oeil. Czentovic n'est pas le héros de ce récit, mais l'antihéros, cynique, antipathique, primitif. A la mort de ses parents, il fut recueilli par le curé du village. C'est tout à fait par hasard qu'on lui découvre un don inné pour les échecs, lui dont l'« inculture dans tous les domaines était universelle. » On ne découvre jamais ce personnage qu'à la troisième personne. Il est froid et méprisant, et ne se livre pas. Ce surdoué décrochera le titre de champion du monde. Pourtant, son génie a ses limites, puisqu'il ne parvint jamais à jouer une seule partie dans l'abstrait, à l'aveugle. Il est absolument incapable « de se représenter l'échiquier dans l'espace infini de l'imagination. Il fallait toujours qu'il ait devant lui, à portée de main », les soixante-quatre cases noires et blanches, et les trente-deux figures du jeu.
Le narrateur, qui personnifie Zweig, est intéressé par les cas psychologiques. Il va chercher à approcher cette énigmatique personne.
Avec la complicité d'un autre voyageur, une partie d'échecs entre le champion et quelques amateurs est mise en place. Les amateurs perdent, et vont proposer une revanche. Un inconnu, M.B., formidable tacticien de l'imaginaire, va leur sauver la mise.
Et c'est le moment où le récit va basculer. le lecteur comprend que Mirko Czentovic n'est pas le rôle-titre. Non, c'est M.B, le Joueur d'échecs, lui qui prétend ne pas avoir vu un échiquier depuis plus de vingt ans. Il va expliquer avec émotion au narrateur les événements qui l'ont amené à pratiquer les échecs. Et on va découvrir chez ces deux personnages, Czentovic et M.B, un rapport aux échecs diamétralement différent.
Cette nouvelle d'à peine une petite centaine de pages est absolument remarquable. Certes pessimiste (et son suicide nous le démontre), Zweig construit un récit allégorique puissant, humaniste et plein d'émotion. Il réussit aussi à nous tenir en haleine jusqu'au bout avec un suspense habilement mené.
Un livre à lire et même relire !

 
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