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Critique de frandj


"Le Joueur d'échecs" a été écrit pendant les derniers mois de vie de S. Zweig et son édition a été posthume. Plutôt qu'un roman, il s'agit d'une très longue nouvelle centrée sur deux personnages qui voyagent dans le même paquebot que le narrateur. Le premier, nommé Czentovic, est le champion mondial d'échecs; redoutable dans ce domaine, c'est néanmoins un rustre qui s'intéresse seulement à son art et à l'argent. L'autre, Monsieur B., fait la connaissance du narrateur et lui raconte sa vie. Arrêté par les nazis lors de l'invasion de son pays l'Autriche (1938), il a été aussitôt placé en isolement total dans une chambre d'hôtel, pendant des mois. Il a failli devenir fou. Mais une diversion lui a permis d'éviter le pire: il a volé puis étudié sans relâche un petit traité d'échecs: dans sa prison dorée, il a ainsi appris par coeur les parties jouées par les plus grands maîtres et il est même devenu obsédé par les échecs, au point d'être victime d'une grave crise de nerfs (celle-ci lui a valu d'être finalement libéré).
Sur l'insistance de plusieurs amateurs d'échecs, Monsieur B. et Czentovic se mesurent dans une partie et, surprise, le champion est battu ! Ce dernier demande une "revanche" et Monsieur B. accepte imprudemment. Czentovic fait exprès de jouer très lentement pour énerver son adversaire - ce qui ne manque pas de se produire: il "perd les pédales" comme il l'avait déjà fait en prison. Le narrateur l'entraîne au loin, avant qu'il ne "disjoncte" complètement. Le champion, resté seul, se contente de reconnaitre que, pour un dilettante, Monsieur B. est remarquablement doué. le texte s'arrête brusquement là.

Ce court roman est particulièrement intéressant pour plusieurs raisons. D'abord, l'auteur pousse à l'extrême sa tendance à la concision. Ensuite son style est plus épuré et plus direct que dans ses précédents chefs d'oeuvre, ce qui donne au texte une allure presque contemporaine. De plus, le contexte du récit, au lieu d'être intemporel, est précisément daté, puisqu'on y mentionne notamment Hitler (rappelons que, dans la vie réelle, S. Zweig avait fui l'Autriche avant l'invasion nazie). Enfin, l'essentiel, c'est que l'auteur a ciselé un récit à la fois très simple et très intense, qui apparait comme une parfaite réussite.
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