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Critique de Dombrow01


Stefan Zweig a dû passer un temps fou à se documenter sur Magellan pour pouvoir relater son périple avec autant de détails. L'intérêt de ce livre est de nous narrer toute la préparation et tous les évènements du voyage, mais aussi de nous faire vivre tous les dilemmes qui ont animé l'explorateur au cours de son tour du monde.
Car ce ne fût pas simple. Malgré de bons états de service, le roi du Portugal refuse à Magellan de financer son tour du monde, et c'est au roi d'Espagne, Charles Quint, que Magellan s'adresse. Les coups bas s'accumulent tout autour de l'explorateur, mais sa détermination inébranlable vient à bout de tout et il part à la conquête du monde avec ses 5 navires et 265 hommes d'équipage en septembre 1519.

Il dirige l'expédition d'une main de fer, mais doit faire face à la rébellion des capitaines espagnols mécontents d'être dirigés par un Portugais. Lorsque la carte qu'il utilise se révèle fausse, il se retrouve au large de la Patagonie sans même savoir s'il existe un passage vers le Pacifique, et passe l'hiver austral dans une baie entourée d'une terre inhospitalière où il ne peut refaire ses réserves de nourriture.

Plus tard il finira par découvrir le fameux passage, connu sous le nom de détroit de Magellan maintenant, perdra un navire dont le capitaine a préféré faire demi-tour, puis se lancera à l'assaut du Pacifique avec une flotte réduite à trois bateaux, menés par des équipages décimés par la faim, le scorbut et le froid. La traversée fera encore de nombreuses victimes avant que les survivants ne découvrent le paradis sur terre dans l'archipel des Philippines.

Grâce aux qualités humaines de Magellan, qui n'est pas une brute avide de richesses comme les autres conquistadors, l'entente avec les locaux est parfaite, tout se passe pour le mieux, jusqu'au jour où Magellan décide d'impressionner son monde et perd la vie dans ce jeu stupide. La fin du récit raconte comment Juan del Cano ramène les rares survivants en Espagne sur un bateau en mauvais état. Comment ils affronteront de nouveau la fin tout en essayant d'éviter tout contact avec les Portugais rancuniers qui dominaient les mers à l'époque. Seuls 18 d'entre eux reverront l'Espagne.

Le récit est superbement documenté, par contre j'ai été perturbé par ce que dit Stefan Zweig sur Christophe Colomb.
"Le voyage de Christophe Colomb, entrepris avec trois navires entièrement neufs et bien approvisionnés, ne dura que trente-trois jours en tout"
"Ses hommes sont frais et dispos, ses navires si abondamment pourvus de vivres que, dans le pire des cas, il pourrait rebrousser chemin sans avoir rien fait"
Colomb est parti le 3 août et a touché terre le 12 octobre, ce qui fait 70 jours. Et on sait que ses hommes ont menacé de se mutiner et demandé à faire demi-tour. Même s'il reste des vivres, les marins ne peuvent rester en mer trop longtemps à cause du scorbut, ils peuvent aussi mourir de soif lorsque les réserves d'eau douce sont épuisées.
D'une part l'admiration sans borne que semble porter Zweig à Magellan ne justifie pas qu'il dénigre les autres navigateurs. D'autre part comment peut-il parler de 33 jours quand Colomb en a mis 70 pour traverser l'Atlantique ? Comment peut-on laisser passer une erreur aussi grossière dans un livre par ailleurs extrêmement bien documenté ? Quelque chose m'a échappé ???

Il parle également du Moyen Age en terme peu sympathiques :
"on a désappris à voyager, la joie de découvrir est morte, la science de la navigation est retombée en enfance"
Le Moyen Age a vu les croisades qui sont quand même des aventures hors du commun, et il a vu Marco Polo rejoindre la Chine, au moins une personne chez qui la joie de découvrir était bien vivante !

Ces deux interprétations très personnelles m'ont choqué et c'est pourquoi je ne mets pas l'excellente note que mérite le livre par ailleurs.
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