AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Nadou38


J'avais trouvé passionnant la biographie de Marie Stuart qu'avait écrit Stefan Zweig. le plaisir est à nouveau au rendez-vous avec celle-ci de Marie-Antoinette.

Il faut dire que Zweig a une plume toujours aussi magnifique pour décrire et interpréter les situations vécues et nous faire vivre les émotions ressenties par le personnage présenté.

Pour écrire cette biographie, Zweig ne s'est appuyé que sur des documents dont il était certain de l'origine car il explique qu'il y a eu, après la mort de Marie-Antoinette, beaucoup de fausses lettres qui lui ont été attribuées à tort (notamment celles produites par le baron Feuillet de Conches).
Zweig s'appuie donc essentiellement sur les lettres conservées par Marie-Thérèse d'Autriche, puis archivées à Vienne, et celles conservées par Fersen, puis ses descendants, retrouvées bien plus tard, même si altérées volontairement à certains passages pour ne pas nuire à la réputation de la dame.
Concernant les nombreux témoignages de l'époque, il a fallu également répertorier, compulser, comparer et écarter aussi car bien souvent ceux-ci étaient réarrangés ou enjolivés sous forme de mémoires (cela m'a fait sourire quand j'ai lu que la couturière, les femmes de chambre, le coiffeur et même le bourreau de Marie-Antoinette avaient « écrit » des mémoires).

« C'est dans le malheur qu'on sent davantage ce qu'on est. »

J'ai trouvé passionnant et instructif de suivre l'histoire de Marie-Antoinette.
Je ne connaissais pas le personnage. Zweig nous présente une femme plutôt simple et frivole dans ses premières années, pleine d'insouciance - trop même - face aux responsabilités de son titre. C'est ce qui lui sera le plus reproché et lui donnera cette mauvaise réputation qui la précipitera dans le malheur quand la situation s'aggravera avec la Révolution. Elle en prendra conscience mais ce sera trop tard…

J'ai également appris pas mal de choses sur cette reine de France. Je pense à ses débuts avec Louis XVI : je ne sais pas si Zweig le charge un peu trop, mais j'en retiens un homme impuissant au début, apathique, un perpétuel indécis… finalement un homme pas fait pour être roi et qui le sera pourtant dans la pire période qu'on pouvait imaginer.
Il y a également l'incroyable histoire de l'affaire du collier, sa relation avec Fersen (Ah ! l'admirable Fersen !), les multiples tentatives d'évasion après l'épisode de Varennes et enfin ce simulacre de procès…
Mais je dois avouer que j'ai surtout été surprise de découvrir à quel point elle et le roi ont été si peu soutenus - je dirais même abandonnés - par les différentes cours européennes lors de la Révolution. Entre son neveu à la cour d'Autriche qui fait le sourd à tous ses appels et les frères du roi qui aggravent sa situation par leurs aboiements hypocrites, le sentiment d'abandon a dû être énorme pour Marie-Antoinette, vécu comme une forme de trahison.

Un drame émouvant en somme que la vie de Marie-Antoinette, une femme commune dans son caractère, mais qui aura à la fois brillé comme personne dans la plus belle cour d'Europe et plongé dans les ténèbres, broyée par le destin. Ce personnage ne m'attirait pas, mais je dois reconnaître que son destin fut incroyable, et Zweig l'a magnifiquement décrit.

Challenge Livre Historique 2020
Commenter  J’apprécie          378



Ont apprécié cette critique (36)voir plus




{* *}