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Critique de ErnestineRadioconducteur


Autant je suis lassée et blasée par la médiocrité du monde qui m'entoure autant je suis époustouflée par ce que je lis.

"Un essai biographique", donc je découvre l'existence de cette catégorie, de Nietzsche par Zweig. C'était déjà très alléchant mais je suis encore plus surprise par la qualité du contenu. Alors peut-être que certains d'entre vous me diront qu'il n'y a rien de nouveau sous le soleil et me citeront quatre-cent vingt huits références similaires mais pour ma part, je suis émerveillée comme un enfant qui voit le Père-Noël. C'est un chef d'oeuvre à part entière.

Je croyais q'une biographie était un récit dans un ordre chronologique contenant ça et là par des explications qui viennent étayer une thèse sur l'existence de certains événements, influence, traits psychologiques...

Ce sont les mots de Stefan Zweig: il "essaie de représenter la vie de Nietzche"

Ici, l'ordre est thématique et non chronologique (L'isolement, la maladie, le fanatisme, la musique, la folie )même si des repères chronologiques reviennent bien sûr, dans chaque thème.

C'est court. le style est éblouissant, onirique, limpide. Se représenter la vie de Nietzche par tous les sens, les émotions, la description d'une ambiance, des images, des sons, des métaphores filées, c'est le vivre. Certains pourraient lui reprocher une certaine redondance. Stefan Zweig semble avoir une obsession pour les nerfs, le sang (peut-être est-ce le langage médical de l'époque comme à d'autres celui des "humeurs" ou des "méridiens" de l'acupuncture) et "le démoniaque" mais à mes yeux, ça ne lui enlève rien.

Zweig nous dépeint le destin tragique de l'homme à l'oeuvre au destin sublime, l'accompagnant de fines réflexions. C'est bouleversant de voir que la fin de Zarathoustra est accueillie dans la plus grande indifférence, sans éditeur, sans amis à qui l'envoyer... "Tellement la distance entre son génie et l'infériorité de son temps est infranchissable"

Nietzsche, cet être en quête d'absolu, s'affranchissant de tout, surtout de tout compromis à la vérité. Cet heroïsme qui le consume et entraine sa chute. L'évolution incessante de sa pensée qui le déchire comme la peau du serpent qui mue. Sa douleur, sa cécité, sa rémission, sa folie qui épargne sa lucidité et la rend plus aigue encore, comme surnaturelle, "démoniaque" A mesure, que son oeuvre se fait plus puissante, il s'affaiblit comme dévoré par elle

"L'anéantissement de Nietzsche est une sorte de mort par la lumière, une carbonisation de l'esprit par sa propre flamme"

Je ne suis que le deux-centième lecteur sur babelio à le lire et j'ai eu du mal à le trouver en bibliothèque. Seuls trois exemplaires étaient disponibles à la bibliothèque du patrimoine sur demande et recherche d'un bon quart d'heure de la bibliothécaire en réserve alors que quasi tous les livres se trouvent facilement dans chaque bibliothèque de quartier et la grande médiathèque. Quel dommage! Si vous avez l'occasion, n'hésitez pas.

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