AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de miriam


Je ne suis jamais déçue par les biographies de Stefan Zweig! 

Court essai ( 80 pages, environ parce que je lis sur liseuse électronique) paru en 1908. Vous n'y lirez pas d'anecdotes croustillantes, peu de détails sur la vie De Balzac. Zweig ne s'appesantit ni sur la cafetière, ni la canne, ni sur les déboires avec les créanciers. Pour la petite histoire, chercher une autre biographie! En revanche, pour la littérature, Zweig est un maître!

Zweig aurait pu choisir Victor Hugo, auteur considérable, il a préféré  Balzac. En compagnie de Dickens et Dostoïevski, il  distingue Balzac dans

Un projet unitaire vise à montrer les trois grands et, à mon sens, les seuls romanciers du XIXe siècle comme des" types" qui, précisément à cause des contrastes entre les personnages se complètent et élèvent le concept de romancier, de créateur épique d'un monde ....

Chacun de ces artistes façonne une « loi de la vie », une conception de la vie à travers la multitude de ses
personnages, dans une perspective si unitaire qu'il est en fait à l'origine d'une nouvelle forme de monde."

Balzac, démiurge en somme....

" simplifie le monde pour pouvoir ensuite le dominer ; il comprime l'univers qu'il a ainsi dompté dans le
grandiose carcan de la Comédie humaine."

Ce monde n'est pas imaginaire ni déconnecté de son époque, au contraire! Il s'inscrit dans les bouleversements de la Révolution et de l'Empire. Zweig souligne que :

"1799, l'année de la naissance De Balzac, est le commencement de l'Empire.....

Pour quelqu'un prenant une part si intense à tout ce qui se passe autour de lui, pour un Balzac, il ne peut être indifférent que les seize premières années de l'éveil à la vie coïncident précisément avec les seize années de l'Empire "

Napoléon inspire Balzac

qu'un homme sans appui, tout seul, un étranger, ait conquis de ses mains nues Paris, puis la France et puis l'univers, voilà un prodigieux caprice de l'histoire universelle que le jeune Balzac apprend à connaître......

"ce n'est pour rien que sous un portrait de Napoléon : « Ce qu'il n'a pu achever par l'épée, je l'accomplirai par la plume. »

"Ses héros sont comme lui. Tous ont l'ambition de conquérir le monde..."

D'après Zweig, pour Balzac qui a travaillé dans l'étude d'un notaire, l'argent est le moteur de la Comédie Humaine :

"Depuis que les privilèges de l'aristocratie sont abolis, depuis le nivellement des différences, l'argent est devenu
le sang, la force agissante de la vie sociale."




"Tous ces héros calculent, comme nous le faisons malgré nous dans l'existence quotidienne."

".... de bonne heure il assista à cet extraordinaire bouleversement des valeurs, aussi bien intellectuelles que matérielles.
Il vit les assignats, qui, revêtus du sceau de la République, portaient engagement pour cent ou mille francs,
s'égailler au vent, comme des bouts de papier sans aucune valeur. Sur la pièce d'or brillant dans sa main, il voyait tantôt l'obèse profil du roi décapité, tantôt le bonnet jacobin de la liberté, tantôt la figure romaine du Premier Consul ou encore Napoléon en habit d'empereur."

Sans donner tellement de détails Zweig décrit le processus de création comme de la chimie, il décrit un Balzac au travail :

"enfermé dans son hallucination comme dans une prison ; il était cloué comme un martyr à sa table de travail"

"On a rempli tout un livre d'anecdotes montrant combien, dans l'ivresse du travail, il croyait à l'existence de ses
personnages."

Quelle riche et fine analyse! Maintenant il me reste Dickens à finir et Dostoïevski à découvrir.
Lien : https://netsdevoyages.car.blog
Commenter  J’apprécie          130



Ont apprécié cette critique (13)voir plus




{* *}