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Henri Bloch (Traducteur)Alzir Hella (Traducteur)
EAN : 9782253136286
213 pages
Le Livre de Poche (01/01/1995)
3.72/5   136 notes
Résumé :
Du Joueur d'échecs à Combat avec le démon, l’œuvre entière de Stefan Zweig est fascinée par les grandes aventures de l'esprit humain, qu'elles le mènent vers la pensée, l'absolu, l'idéal ou la folie. C'est de la création romanesque que nous parle ici le grand écrivain autrichien, à travers trois "géants" du XIXeme siècle.
Tous trois ont forgé un univers autonome, portant l'empreinte d'une puissante personnalité, avec ses types humains, ses lois morales, sa mé... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Tout est chaos
A côté
Tous mes idéaux : des mots abîmés...
Je cherche l'âme, qui
Pourra m'aider
Je suis d'une
Génération désenchantée, désenchantée
.
Puissant !
C'est le chaos dans l'âme de Dostoïevski !
Stefan Zweig est un formidable analyste qui, à l'image du chercheur d'or, creuse et recreuse pour chercher LA pépite, et...
C'est surtout un excellent pédagogue, qui formule et reformule à l'envie ses pensées pour qu'au moins l'une d'entre elles fasse "tilt" dans notre cerveau embrumé !
Cette édition Ginkgo ne traite que de Dostoïevski, malheureusement ; mais c'est formidable !
.
Bien sûr, il y a une bio de Fiodor Dostoïevski ( 1821-1881 ), vulgarisateur de l'âme russe pour les européens, mais ce n'est pas cela le plus important, et ce qui me surprendra toujours chez S.Zweig, ce sont ses "angles d'attaque" ! Et en cela, il est Grand pour moi.
.
L'angle d'attaque de Zweig dans ce livre, ce sont les personnages de Dostoïevski, et c'est à partir d'eux qu'il développe son analyse sur le fonctionnement complexe du cerveau, de l'âme, du coeur, des tripes de son sujet.
.
En super raccourci, on peut dire que :
Kirilov exprime la relation de l'auteur avec Dieu ;
Svidrigaïlov et Karamazov, c'est tout son monde de l'enfer, du chaos, du mal, de la folie ;
Raskolnikov, c'est son interrogation sur le Bien ;
Dmitri et Katherine Ivanovna, c'est son analyse complexe des relations amoureuses ;
enfin, Aliocha et Zossima sont les idéaux auquel l'auteur n'est pas encore parvenu : le sourire, la paix de l'âme !
.
Car Dosto le martyrisé (prison, exil, pauvreté, doutes sur Dieu ), ne s'est jamais libéré.
L'admirable phrase de Nietzsche, avec lequel je trouve beaucoup de ressemblances d'âme, lui va comme un gant .
"Laissez-moi hurler et gémir et ramper comme une bête : pourvu que j'obtienne la foi en moi-même ! le doute me dévore."
.
Mais cette autre superbe phrase Nietzsche lui correspond tout à fait aussi :
.
"il faut encore porter en soi un chaos, pour pouvoir mettre au monde une étoile dansante."

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Cette lecture a été pour moi un immense plaisir, du fait de la finesse du propos, de la fluidité du style et de la justesse des mots. Plus que des biographies, Stefan Zweig propose ici l'analyse psychologique de trois romanciers du XIXe qui sont à ses yeux des modèles du genre, car ils ont réussi à créer leur propre univers : Balzac, Dickens et Dostoievski.

Si on n'apprend sur leur vie que des éléments parcellaires, on découvre une vision éclairée de leur oeuvre, de leurs personnages et de leurs motivations : ainsi, Zweig souligne à quel point la période napoléonienne a influencé les jeunes années De Balzac, lui donnant l'envie de régner sur son propre univers, la Comédie Humaine, dont chaque personnage est le condensé d'un vice ou d'une vertu à l'état quasi-pur. À l'inverse, la tiédeur et le manque d'ambition des personnages de Dickens s'expliquent selon lui par cette période un peu molle de l'histoire de l'Angleterre et par l'incroyable popularité de Dickens qui lui interdisait de trop innover.

C'est à Dostoievski qu'il consacre la plus grande partie du livre, évoluant tour à tour sa vie marquée par les épreuves (emprisonnement, épilepsie, exil, misère...), son exaltation et ses souffrances, son rapport à la foi et à l'âme russe, les tiraillements permanents de ses héros, la construction atypique de ses romans essentiellement constitués de dialogues passionnés et où ambiance et description sont réduits à la portion congrue. Il commente, il compare, il décortique, il complimente, il explique...

Du coup, je suis ressortie du livre pleine d'admiration, à la fois pour l'auteur et pour ses trois romanciers... Et surtout, avec une incroyable envie de lire ou de relire le Père Goriot, Eugénie Grandet, L'idiot, Crime et Châtiment, Les frères Karamazov et Oliver Twist !
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A l'instar de l'empereur s'adressant à Mozart dans Amadeus pour lui reprocher le "trop de notes", je reprocherais à Sweig le "trop de mots" qui donne une nette impression de redondance à ces trois biographies, surtout concernant la partie consacrée à Dostoïevski.
Si j'ose cette comparaison c'est que je reconnais volontiers ne pas avoir suffisamment de "lettres" pour avoir su apprécier à sa juste valeur cette lecture.
Et pourtant j'ai apprécié de découvrir Balzac et Dickens que j'avoue n'avoir pas lu, beaucoup de mots dans un style du siècle dernier, je me suis accroché, j'ai relu certains passages deux ou trois fois et j'ai été captivé par moment.
En abordant Dostoïevski (Dont j'ai lu et apprécié quelques livres), je me suis dit que cela allait être plus facile et paradoxalement non, ça a été assez pénible, trop de mots, trop de répétitions, pour le coup je me suis identifié à Dostoïevski que Zweig dépeint comme un être torturé :)
A l'arrivée j'ai quand même l'impression de m'être instruit, mais il m'aura manqué le plaisir que j'espérais en retirer en lisant un auteur que j'avais toujours apprécié jusque là...
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Je ne suis jamais déçue par les biographies de Stefan Zweig! 

Court essai ( 80 pages, environ parce que je lis sur liseuse électronique) paru en 1908. Vous n'y lirez pas d'anecdotes croustillantes, peu de détails sur la vie De Balzac. Zweig ne s'appesantit ni sur la cafetière, ni la canne, ni sur les déboires avec les créanciers. Pour la petite histoire, chercher une autre biographie! En revanche, pour la littérature, Zweig est un maître!

Zweig aurait pu choisir Victor Hugo, auteur considérable, il a préféré  Balzac. En compagnie de Dickens et Dostoïevski, il  distingue Balzac dans

Un projet unitaire vise à montrer les trois grands et, à mon sens, les seuls romanciers du XIXe siècle comme des" types" qui, précisément à cause des contrastes entre les personnages se complètent et élèvent le concept de romancier, de créateur épique d'un monde ....

Chacun de ces artistes façonne une « loi de la vie », une conception de la vie à travers la multitude de ses
personnages, dans une perspective si unitaire qu'il est en fait à l'origine d'une nouvelle forme de monde."

Balzac, démiurge en somme....

" simplifie le monde pour pouvoir ensuite le dominer ; il comprime l'univers qu'il a ainsi dompté dans le
grandiose carcan de la Comédie humaine."

Ce monde n'est pas imaginaire ni déconnecté de son époque, au contraire! Il s'inscrit dans les bouleversements de la Révolution et de l'Empire. Zweig souligne que :

"1799, l'année de la naissance De Balzac, est le commencement de l'Empire.....

Pour quelqu'un prenant une part si intense à tout ce qui se passe autour de lui, pour un Balzac, il ne peut être indifférent que les seize premières années de l'éveil à la vie coïncident précisément avec les seize années de l'Empire "

Napoléon inspire Balzac

qu'un homme sans appui, tout seul, un étranger, ait conquis de ses mains nues Paris, puis la France et puis l'univers, voilà un prodigieux caprice de l'histoire universelle que le jeune Balzac apprend à connaître......

"ce n'est pour rien que sous un portrait de Napoléon : « Ce qu'il n'a pu achever par l'épée, je l'accomplirai par la plume. »

"Ses héros sont comme lui. Tous ont l'ambition de conquérir le monde..."

D'après Zweig, pour Balzac qui a travaillé dans l'étude d'un notaire, l'argent est le moteur de la Comédie Humaine :

"Depuis que les privilèges de l'aristocratie sont abolis, depuis le nivellement des différences, l'argent est devenu
le sang, la force agissante de la vie sociale."




"Tous ces héros calculent, comme nous le faisons malgré nous dans l'existence quotidienne."

".... de bonne heure il assista à cet extraordinaire bouleversement des valeurs, aussi bien intellectuelles que matérielles.
Il vit les assignats, qui, revêtus du sceau de la République, portaient engagement pour cent ou mille francs,
s'égailler au vent, comme des bouts de papier sans aucune valeur. Sur la pièce d'or brillant dans sa main, il voyait tantôt l'obèse profil du roi décapité, tantôt le bonnet jacobin de la liberté, tantôt la figure romaine du Premier Consul ou encore Napoléon en habit d'empereur."

Sans donner tellement de détails Zweig décrit le processus de création comme de la chimie, il décrit un Balzac au travail :

"enfermé dans son hallucination comme dans une prison ; il était cloué comme un martyr à sa table de travail"

"On a rempli tout un livre d'anecdotes montrant combien, dans l'ivresse du travail, il croyait à l'existence de ses
personnages."

Quelle riche et fine analyse! Maintenant il me reste Dickens à finir et Dostoïevski à découvrir.
Lien : https://netsdevoyages.car.blog
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Trois étoiles uniquement parce que Zweig est un de mes auteurs préférés. Je me suis toujours délectée de son style plein de justesse et d'humanité, mais là, on entre quelque peu dans la démesure. Plutôt qu'une étude littéraire/biographie, nous avons ici une apologie un peu exagérée des super héros littéraires par un admirateur fervent, sans apprendre vraiment quelque chose de constructif sur ces auteurs. La comparaison des trois (que le lecteur fera seul) reste néanmoins intéressante, et l'écriture de Zweig est admirable comme toujours.
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Citations et extraits (116) Voir plus Ajouter une citation
Il était réservé à Dostoïevski, au destructeur de l'unité, au dualiste invétéré, de pénétrer ce mystère, d'analyser définitivement le sentiment ; il le déchire au point que ses personnages semblent avoir une âme toute différente de celle qui existe auparavant.
p.125.
Katherine Ivanovna [celle des frères Karamazov], par exemple, aperçoit Dmitri dans un bal ; on le lui présente, il l'offense, elle le hait. Il se venge, il l'humilie, et elle l'aime, ou plutôt, ce n'est pas lui qu'elle aime, mais la mortification qu'il lui a infligée. Elle se sacrifie à lui et s'imagine l'aimer, mais elle n'aime que son sacrifice à elle, son attitude : plus elle semble l'aimer, plus elle se reprend à le détester. Cette haine s'en prend à la vie de Dmitri, la détruit, et au moment où la destruction est accomplie, où son humiliation de femme est vengée, où son sacrifice apparaît comme un mensonge, elle l'aime derechef.
.
Voilà les complications amoureuses chez Dostoïevski.
p.131.
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{Dostoïevski]

Cette œuvre unique, puissante et immense, lointaine et effrayante, est de plus en plus mystérieuse au fur et à mesure que nous tentons de pénétrer dans sa profondeur infinie. Partout elle plonge dans le mystère, chacun de ses personnages nous fait descendre, comme dans un puits, vers les abîmes démoniaques de l'humanité, et le moindre coup d'aile de son esprit frôle la face de Dieu.

Comme Jacob, il lutte éternellement avec l'ange, éternellement il se révolte contre Dieu, comme Job, il s'humilie éternellement.

Pour lui, les tourments se changent en gain, les vices renforcent son génie, les obstacles sont des excitants. Par un renversement fantastique des valeurs, la Sibérie, la Katorga, l'épilepsie, la pauvreté, le jeu, la débauche, toutes ces crises de son existence fécondent son talent.
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[Balzac]

Rien ne doit être perdu de la variété de l’univers et, pour réduire cet infini à la mesure du fini et cette immensité à la mesure des possibilités, il n’y a qu’un procédé: la compression. Toute sa force travaille à comprimer les phénomènes, à les passer à travers un crible où tout ce qui est superflu reste et où ne passent que les formes pures et significatives. Ensuite élaborer et concentrer ces formes dispersées dans la flamme de ses mains, faire de leur monstrueuse multiplicité un système logique et facile à comprendre. (p. 16)

Tous les héros de Balzac deviennent des soldats dans la guerre de tous contre tous: chacun va à l’assaut de la fortune, c’est sur le cadavre de l’un que passent les chevaux de l’autre. (p. 24)
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Dostoïevski est un alchimiste de la réalité, un astrologue de l'âme.... Il y a en lui quelque chose du médium, du mage, de l'enchanteur déchirant l'écorce de la vie pour s'abreuver de sa sève réconfortante.
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L'anglicité n'est pas comme un vernis, comme une simple couleur revêtant l'organisme spirituel de l'être humain ; elle pénètre dans le sang, elle agit sur son rythme à la façon d'un régulateur, elle met ses pulsations dans ce qu'il y a de plus intime et de plus secret, de plus personnel en l'individu, je veux dire le sens artistique. Même comme artiste, l'Anglais est plus tributaire de sa race que l'Allemand ou le Français.
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Stefan Zweig, auteur à succès, se voulait citoyen d'un monde qu'unifiait une communauté de culture et de civilisation. Il n'a pas survécu à l'effondrement de ce «monde d'hier» qu'incarnait la Vienne impériale de sa jeunesse.
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