Histoire d'une âme

Je m'intéresse depuis un moment au christianisme, pour comprendre ses implications dans la culture et l'histoire. Pour cela j'ai jugé qu'il pouvait être judicieux, en plus des textes plus ou moins fondamentaux, de voir comment pouvait être vécu de l'intérieur l'expérience religieuse ; comment et de quoi se construit la foi, qu'est-ce qui l'entretient ; comment se manifeste-elle chez le sujet dans son triple rapport à soi, aux autres, et à dieu ? En cela, ces "confessions" d'une âme sont un témoignage assez édifiant sur les ressorts psychologiques de l'endoctrinement religieux. Il est intéressant de voir comment la foi peut modifier la perception du vécu, toutes les expériences trouvant une signification au nom de dieu ou de jésus. La représentation que se fait la personne sur son histoire personnelle, la manière dont elles se co-construisent, est directement influencé par tout un système métaphysique sous-jacent : toute la vie n'est plus alors qu'une longue énumérations d'événements dont le seul sens est de confirmer, de justifier de renforcer la croyance. Je vais choquer sans doute en disant que j'ai ressenti beaucoup de pitié, et même de l'agacement, en assistant à la justification permanente d'une volonté et d'une individualité très sensible, intelligente qui abdique face à elle-même, qui se redoute, et choisit de se fuir. L'auteur fait preuve à plusieurs reprises d'une âme véritablement romantique, ce qui semble absurde quand on pense à la vocation qu'elle s'est choisie, et on sent bien que c'est une aspiration qu'elle ne peut pleinement réprimer. Que serait-elle devenue si elle n'avait pas abandonner sa liberté à la croyance ? Dieu seul peut le dire si j'ose dire, mais il ne serait pas inepte de supposer qu'avec de tels inclinaisons, une telle sensibilité, son amour de la nature avec laquelle elle s'identifie souvent, et ses tourments existentiels, elle aurait pu devenir une grande écrivaine ou poétesse de son temps.