AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Crossroads


Isaïe bosse à Barcelone.
Comblé aux côtés d'une femme aimante dont il attend un enfant, il doit composer avec ses innombrables démons abandonnés en Ouganda.
Aussi, lorsqu'une vieille connaissance franchit le pas de son échoppe puis l'invite pressamment à retourner au pays dans le but oh combien louable d'assister à une conférence censée taffer sur la réconciliation nationale, Isaïe aurait dû écouter sa petite voix intérieure et refuser tout de go ce billet retour pour l'enfer.

J'aurais adoré adorer, ce ne fut pas le cas.
Si le sujet abordé et développé fait preuve d'une maîtrise et d'un sens de la pédagogie certain, difficile d'en dire autant de l'écriture qui m'aura laissé sur le bord du chemin du début à la fin.

Isaïe est un personnage complexe, torturé par un passé qui lui explose de nouveau à la gueule sans préavis, et qui semble avoir pour film fétiche Un jour sans fin (saloperie de marmotte, tiens).
Véritable pierre angulaire de ce roman, sorte de Kurtz emblématique d'Apocalypse Now, dont il est régulièrement fait référence, et appelé à plonger encore et encore dans un chaos perpétuel, il semble voué à revivre éternellement ce qu'il s'évertue à oublier pour le salut de son âme.
Pour la résilience, c'est en face. En vous remerciant.

Les thématiques sont d'une richesse et d'une multiplicité incroyable.
Ce roman, très dur, lève le voile sur un pays meurtri, balafré par des conflits d'une violence inouïe à l'encontre d'une populace expiatoire.
Joseph Kony et sa LRA, en seigneur de guerre rebelle, homme brutal, sans conscience, avide de pouvoir, fût-il obtenu hors de tout cadre législatif et aux détriments d'innombrables atrocités commises par des enfants soldats qu'il s'évertuait à enrôler dès leur plus jeune âge.

Ouganda, terre de légende, de magie mais également de rituels ancestraux d'une bestialité peu commune. Naître albinos, c'était (c'est encore aujourd'hui dans certains pays) s'aliéner des années de persécution, voire de sacrifices rituels à base guillerette de décapitation, d'éventration et de démembrement.

Avant les années terribles aurait, de source peu sûre, été banni de tout office de tourisme ougandais.
Formidablement instructif et, paradoxalement, terriblement humain, il ne lui aura manqué qu'une adhésion pleine et entière au style pour cocher toutes les cases du très très grand roman.

Merci à Babelio et aux éditions Actes Sud pour ces années de plomb.
Commenter  J’apprécie          3910



Ont apprécié cette critique (34)voir plus




{* *}